Ecrit par S. Es-Siari |
La structure des IDE du Maroc est relativement diversifiée et est dominée par des multinationales, qui assurent une forte présence, spécialement, dans le domaine manufacturier, à l’exemple de l’automobile, de l’aéronautique ou du textile… C’est cette représentation qui a permis de modérer le repli provoqué par la propagation de la crise pandémique.
Les crises qui se sont succédé au cours des dernières années n’ont pas terriblement affecté l’élan des Investissements Directs Etrangers. Comme en attestent les derniers chiffres publiés par l’Office des changes, à fin juillet 2022, les recettes des Investissements Directs Étrangers (IDE) ont enregistré une hausse de 40,3% ou 6.831MDH (23.785MDH à fin juillet 2022 contre 16.954MDH à fin juillet 2021). Aussi, le flux net des IDE a-t-il augmenté de 80,3% ou +7.850MDH passant de 9.774MDH à fin juillet 2021 à 17.624MDH à fin juillet 2022.
A ce titre, il s’avère utile de rappeler le rôle indéniable que jouent les Investissements directs étrangers en matière d’essor économique. Ce rôle a pris de l’ampleur au fil de l’eau, particulièrement, par le biais des délocalisations en direction des pays en développement ou émergents. Pour ces pays, les IDE se veulent un moteur pour la création de l’emploi, la stimulation des exportations et pour le transfert technologique.
Les mécanismes porteurs de la résilience
Pour le Maroc, la politique d’ouverture adoptée s’inscrit dans ce sens et n’a de cesse de déployer des mesures d’encouragement, pour mettre à profit cette forme de participation.
Dans le rapport 2021 de la CNUCED, la structure des IDE du Maroc est relativement diversifiée et est dominée par des multinationales, qui assurent une forte présence, spécialement, dans le domaine manufacturier, à l’exemple de l’automobile, de l’aéronautique ou du textile… C’est cette représentation qui a permis de modérer le repli, qui n’a pas manqué de malmener les entrées d’investissements transfrontaliers, sous l’effet de la propagation de la crise pandémique du Covid–19.
Les données, de l’Office des changes, font ressortir que 54% des investissements étrangers accueillis par le Maroc, en 2021, ont été l’apanage de trois pays : France (30%), Émirats Arabes Unis (14%) et la Grande-Bretagne (11%), suivis, à plusieurs longueurs et dans cet ordre, par les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne et la Suisse…
Au niveau des stocks IDE, cet ordre est modifié pour faire remonter l’Espagne au deuxième rang. La distribution par secteur montre une prédominance de l’intérêt porté traditionnellement au secteur des services (en déclin depuis 2019), avec une préférence marquée aux assurances, surtout à l’issue de la session, en 2018, du pôle assurance Saham au sud-africain Sanlam, pour devenir un fonds d’investissement panafricain. L’hébergement et la restauration suivis du commerce, de l’information et de la communication complètent cette part dominante en IDE du secteur tertiaire. Le secteur dit productif arrive en seconde position avec une forte prééminence de l’industrie manufacturière, alors que le secteur primaire peine à se hisser aux niveaux des deux autres secteurs.
Pour ce faire, des réformes tout aussi substantielles que variées ont été mises en place pour exprimer la volonté du Royaume à réussir le pari des IDE. Dans ce chapelet, on trouve, sous certaines conditions, des réductions de frais d’enregistrement, des facilitations d’enregistrement des entreprises, des taux d’imposition réduit dans les Zones d’accélération industrielle,
des exonérations qui peuvent couvrir à la fois les activités locales et à l’export…
Ces réformes ont permis un tant soit peu de faire face à la sévérité des crisses pandémique et ukrainienne, mais le Maroc a encore du pain sur la planche.
La refonte de la charte de l’investissement reflète d’ailleurs sa volonté à assainir davantage, aller de l’avant et à encourager les investissements étrangers.
la nouvelle Charte de l’Investissement a été adoptée lors du Conseil des ministres présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le13 juillet 2022. Elle présente un cadre unifié et cohérent et oriente l’investissement vers les priorités stratégiques de l’État, propose des mesures incitatives fortes en vue de la libération du plein potentiel de l’investissement privé au niveau national, dans un contexte international marqué par une forte concurrence afin d’attirer les investissements.
Le but ultime étant pour le Maroc d’accroître sa quote-part dans la concurrence effrénée de captage d’IDE.
Les efforts restant à déployer…
Ceci étant, les perspectives de l’évolution des IDE restent tributaires de la capacité du pays à préserver sa stabilité socio-politique mais aussi de la crédibilité dont il peut bénéficier dans ses efforts à engager des réformes profondes pour améliorer son climat des affaires. Cela passe par un assouplissement conséquent des procédures administratives en luttant efficacement contre la corruption, en instaurant une justice indépendante et en aménageant un climat social apaisé. Une visibilité des opportunités d’investissement est également recherchée à travers les différentes stratégies sectorielles.
C’est de cette manière que le Maroc pourrait améliorer sa position extérieure globale (PEG) qui reste en dépit des différents ALE conclus avec des pays partenaires déficitaire. Sans oublier la liberté économique où le Maroc occupe des rangs reculés et qu’il est appelé à améliorer. Les experts de l’Institut canadien Fraser estiment que la liberté économique permet la consolidation de la base de la prospérité, de la création de l’emploi et de la réduction de la pauvreté d’une part et d’autre part favorise l’affranchissement des opérateurs de la dépendance du gouvernement tout en encourageant la démocratie et la promotion des libertés.