Rappelons que la guerre d’Ukraine a commencé en 2014, suite à la « Révolution de la dignité » du 18 au 23 Février, au cours de laquelle le Président de l’Ukraine Victoir Ianoukouytch pro-russe a été destitué et remplacé par un gouvernement pro-européen. Cette révolution a donné lieu à l’annexion de la Crimée par la Russie la même année 2014, et une guerre au Donbass « Est de l’Ukraine » entre l’Ukraine et les séparatistes soutenus par la Russie. Les relations entre la Russie et l’Ukraine se sont aggravées à partir de fin 2021, qui ont abouti le 24 Février 2022 à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Les raisons invoquées par la partie russe sont l’élargissement de l’OTAN aux anciennes républiques sous contrôle de l’URSS, la demande d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, et la menace de « génocide » des séparatistes pro-russes du Donbass.
Le premier plan du président Vladimir Poutine était d’occuper militairement toute l’Ukraine, de déposer le président ukrainien pro-européen Volodymir Zelenski, et de le remplacer par un président pro-russe. Cependant, ce plan a échoué suite à l’échec de la conquête de la capitale Kiev, et à la résistance héroïque des militaires et des civils ukrainiens contre l’occupant. Le président Poutine a alors ordonné le retrait de l’armée russe au Donbass, où encore aujourd’hui des combats acharnés continuent entre les deux belligérants.
Les pertes humaines et matérielles sont considérables avec des millions d’ukrainiens déplacés, des milliers de morts et de blessés de chaque côté, et des villes ukrainiennes quasiment détruites, telles que Kherson, Marioupol, Kharkiv, Irpin, et Severodonestsk. La réaction de la communauté internationale à la guerre d’Ukraine a été différente d’un pays à l’autre. L’Occident (Etats-Unis et Europe) a condamné vigoureusement l’agression russe, pris des sanctions très sévères contre la Russie, et a fourni des armes en grande quantité à l’Ukraine.
L’OTAN n’a pas pris part directement à la guerre d’Ukraine, car cette dernière ne fait pas partie de l’Organisation militaire, et parce que le président Poutine a menacé à plusieurs reprises d’utiliser l’arme nucléaire en cas d’intervention militaire directe occidentale. La Chine tout en soutenant la Russie dans la guerre d’Ukraine n’a pas concrétisé son soutien. Les autres pays : Brésil, Inde, une partie de l’Afrique, ont préféré choisir la neutralité dans ce conflit.
Deux événements récents montrent que la guerre d’Ukraine est dans l’impasse, et qu’elle risque de se prolonger. En effet, le 16 Juin 2022 une délégation composée du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Sholz, du président du Conseil italien Mario Draghi et du président romain Klaus Lohan, s’est rendue à Kiev pour rencontrer le président Zelenski.
Cette délégation a affirmé son soutien à la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne, confirmée le lendemain par la Commission européenne, et qui sera certainement approuvée par le Conseil européen des 23 et 24 Juin 2022. Ce soutien a été complété par la promesse d’augmentation des armes à l’Ukraine.
Cette délégation a également demandé à la Russie de débloquer les ports ukrainiens pour l’export de céréales, dont ont besoin plusieurs pays dont l’Afrique.
L’autre événement récent a été le Forum économique de Saint-Pétersbourg qui s’est tenu du 15 au 18 Juin 2022. Ce Forum, qui regroupait avant la guerre d’Ukraine plus de 10.000 participants provenant de 120 pays a été boycotté par les Occidentaux. Le président Poutine a profité de ce Forum pour préciser sa position sur la guerre d’Ukraine. Il s’est ainsi attaqué aux Etats-Unis qui d’après lui traitent les autres pays comme des colonies.
Il a ajouté que « l’Opération spéciale russe » en Ukraine n’a aucune influence sur les difficultés économiques mondiales. Il a taclé les sanctions occidentales contre la Russie en indiquant que cette arme est à double tranchant, et qui est notamment responsable de la montée de l’inflation mondiale. Il a exigé de tenir compte de l’antériorité historique de l’Ukraine qui faisait partie de l’URSS, et conclut que la Russie avait atteint ses objectifs au Donbass.
En conclusion, les quatre négociations qui ont eu lieu : deux entre des délégations russes et ukrainiennes, et deux en Turquie entre les ministres des affaires étrangères russe et turc n’ont pas abouti à des résultats positifs. Les positions actuelles des deux belligérants sont opposées : l’Ukraine insiste fortement sur son intégrité territoriale, et il est difficile d’imaginer que la Russie va se retirer du Donbass.
La position de la France s’est radicalisée : alors que le président Emmanuel Macron répétait à plusieurs reprises qu’il ne fallait pas « humilier la Russie », il a souhaité lors de son dernier voyage à Kiev la victoire de l’Ukraine.
A moins d’événements inattendus, la guerre d’Ukraine risque de se prolonger encore de nombreux mois. L’Occident est en partie responsable de cette crise ukrainienne, dans la mesure où le président Georges Bush avait promis verbalement à Gorbatchev de ne pas prolonger l’OTAN au delà de l’Allemagne après sa réunification en 1990. La responsabilité est plus grave de la Russie qui a envahi, contrairement au droit international un pays reconnu par l’ONU, et qui a commis des crimes de guerre impardonnables sur le sol ukrainien, en s’attaquant aux civils et aux immeubles d’habitation.
Malheureusement l’ONU, dont le besoin d’une réforme profonde est nécessaire, n’a pas eu la capacité de prévenir et d’imposer la paix entre la Russie et l’Ukraine. Il faut au moins espérer qu’elle puisse jouer un rôle humanitaire en parvenant à faire débloquer les ports ukrainiens de la Mer noire pour l’export de céréales vers les pays en voie de développement.
Jawad Kerdoudi, président de l‘IMRI