Durant trois jours, du 25 au 27 février dernier, c’était une véritable fête pour les amoureux et les défenseurs de la Nature, fête organisée par l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques à Rabat. La fête était d’autant plus joyeuse et intéressante qu’elle a vu la participation de personnalités de hauts rangs, comme le chef du Gouvernement, des experts confirmés venus de plusieurs pays, des chercheurs et enseignants nationaux, sans oublier des opérateurs économiques et même la société Civile. La salle était constamment pleine et le débat bien animé.
Ça ne pouvait pas être autrement vu la richesse et la qualité du programme qui a porté sur des thèmes vitaux pour le développement durable du Maroc, comme la gestion de l’eau, de la forêt et du patrimoine minier et du patrimoine géologique.
Tous ces thèmes ont fait l’objet d’analyse des actions entreprises par le passé, de diagnostics approfondis de la situation actuelle ainsi que de propositions pour l’avenir.
L’objet du présent article n’est pas de relater ce qui a été dit durant les trois jours, mais de souligner les recommandations les plus importantes et les plus pertinentes, qui s’inscrivent dans le prolongement de ce qui est déjà prévu et que les pouvoirs publics devraient prendre en charge le plus rapidement possible :
- Vu l’ampleur de la menace climatique qui pèse sur notre pays, il devient urgent, en plus la mise en œuvre des dispositions déjà prises dans le nouveau « Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation 2020-2027 », et dans la nouvelle stratégie agricole « Génération Green 2020-2030 », de développer des programmes de recherche/développement visant la mobilisation de toutes les formes et techniques relatives aux eaux dites « non conventionnelles » depuis leur captage jusqu’à leur utilisation. Il s’agit notamment de § minimiser l’envasement et l’évaporation des eaux des barrages; § maximiser le recyclage des eaux usées ainsi que le captage des eaux de crue, de pluie et de brouillard ; § Assurer la protection des Zones Humides.
- Vu l’ampleur élevée de la perte de la valeur de nos forêts au cours des dernières décennies et des risques prévisibles dans les années à venir, il est également urgent, en plus de la mise en œuvre des dispositions prises dans le nouveau plan « Forêts du Maroc 2020-2030 », de mettre l’accent sur l’approche écosystémique, de renforcer de façon particulière le rôle de protection de nos forêt et d’apprendre à tous les intervenants comment s’adapter aux changements climatiques.
- Indépendamment des phosphates, le Maroc, considéré le « pays minier par excellence », a enregistré une bonne avancée dans l’exploitation de cette richesse sans manquer au respect des règles environnementales. Cependant une large marge de progrès existe encore pour arriver à la pleine exploitation de toutes les potentialités, créant ainsi des revenus et des emplois pour les populations locales.
- Contrairement au secteur minier, notre pays, bien que considéré le « paradis des géologues » a délaissé notre patrimoine géologique, perdant ainsi les bénéfices des investissements faits en matière de recherche durant tout un siècle. Il est urgent de se rattraper pour éviter la dégradation qu’il subit et pour mobiliser ses potentialités, ne serait-ce qu’en termes de géo tourisme.
Je ne peux clore cet article sans souligner la nécessité d’améliorer le système de Gouvernance de nos ressources naturelle et de notre développement durable et sans rappeler la conclusion de l’étude faite par le Conseil Economique, Social et Environnemental sur la Richesse Globale de notre pays : Le Maroc perd progressivement son statut relatif à la durabilité. Agissons donc avant qu’il ne soit trop tard et qu’on ne tombe dans la courbe de la dégradation irréversible de nos ressources naturelles. L’Académie Hassan II a fait son devoir, au Gouvernement de faire le sien. L’espoir est permis car, lors de la séance d’ouverture, le chef du Gouvernement a souligné qu’il les attend les résultats de la rencontre et qu’il s’engage à les mettre en application.
Abdelhadi Bennis, Président du Club de l’Environnement de l’Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable