Réviser les prévisions exploratoires élaborées au mois de novembre de l’année précédente n’a pas été une mince affaire pour le CMC qui chaque année à cette même période se livre à cet exercice.
Contrairement aux années précédentes, : « Cette fois-ci pour 2020, année foncièrement singulière, l’exercice d’approcher le taux de croissance avec une marge d’erreur acceptable a été particulièrement rude », tiennent à rappeler les analystes du CMC. Il faut dire que depuis la propagation de la pandémie au reste du monde, elle est associée à un manque de visibilité quant à la tournure que va prendre cette crise sanitaire. « La théorie et les modèles de prévisions économiques usuels ont eu, dans cette situation peu commune, les pires difficultés pour rendre les verdicts fiables », enchaînent-ils dans une récente lettre.
Si au mois de novembre 2019, les analystes considèrent qu’en 2020, l’économie marocaine va connaître un nouveau tournant avec des scénarios optimistes, malheureusement, la pandémie a tout chamboulé et les prévisions optimistes du scénario sont fondues comme neige au soleil. « L’ampleur du choc économique engendré par la pandémie est tel que non seulement les pronostics formulés dans le scénario ont été sérieusement contrariés mais que l’orientation même de la croissance a été inversée faisant basculer l’économie dans une profonde récession à l’image de l’économie mondiale dans son ensemble », révèle le CMC.
Une baisse de 11% du commerce mondial
L’arrêt d’activité se traduisant par des chutes brutales de pans entiers de l’économie est viral et concerne quasiment toutes les économies. En deux mois, la récession est là et elle est bien installée. Sous l’effet de la crise sanitaire et la fermeture des frontières, le commerce mondial devrait enregistrer au terme de l’année 2020 une chute de l’ordre de 11%. Elle affecte profondément la demande extérieure adressée au Maroc et réduit drastiquement les transferts des MRE. Les chiffres publiés par l’Office des changes à fin mars dévoilent des baisses vertigineuses des principaux secteurs pourvoyeurs de devises. A fin mars, le déficit commercial augmente de 3,8% et le taux de couverture enregistre une perte de 3,6 points.
Hypothèses plausibles
Dans leurs prévisions, les conjoncturistes se sont basés sur plusieurs hypothèses considérées comme étant plausibles. La configuration des prévisions sectorielles retenues a permis de dégager un taux de croissance négatif de -3,2% du PIB en 2020.
Dans lesdites prévisions, l’hypothèse centrale considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise ne redémarrera que plus tard et d’une façon progressive; (ii) La campagne agricole 2019-2020 assez sèche provoquerait un affaissement notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux; (iii) La baisse du taux directeur de Bank Al Maghrib d’un quart de point ne produirait aucun effet immédiat sur l’économie réelle; (iv) Par contre la politique budgétaire largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des marocains pourrait bien faire éviter la faillite à un bon nombre d’entreprises et sauver des emplois; (v) Les autres hypothèses conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario tablent sur un redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars après la chute qu’il a accusée atteignant presque les 20 dollars.
Elles supposent que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas. Elles présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du dirham pencherait plutôt vers une dépréciation par rapport aux deux monnaies principales le dollar et l’euro.
Lire également : La croissance économique nationale serait amputée de 8,9 points au T2-2020