La pandémie du coronavirus Covid-19 est un phénomène grave qui a fait confiner, durant plusieurs jours, la grande partie de la population mondiale. Je pense qu’il est du devoir de chacun d’exprimer, à sa manière, son point de vue sur ce phénomène dont il faut tenir compte dans notre mode de vie futur. Tel est l’objet de cette modeste contribution qui proposera quelques pistes de réflexion pour la phase du post-confinement. Ces pistes convergent vers un objectif qui consiste à instaurer dans le monde et au Maroc, une nouvelle « relation positive entre l’Homme et la Nature ». Dans un souci de rester succinct, l’accent sera mis sur le volet technique, laissant de côté les volets de l’économie, du socioculturel et de Gouvernance sur lesquels on peut revenir une autre fois. On essayera de répondre à trois questions.
Quelle est la genèse de la pandémie ?
Deux constats fondamentaux sont admis par tout le monde. D’une part, le Coronavirus Covi 19 a démarré de la Province de Wuhan en Chine où se trouve un laboratoire de recherche sur la virologie à côté d’un marché de vente d’animaux sauvages. Partant de là, des divergences ont émergé sur plusieurs points en relation avec la genèse de la pandémie. On n’y revient pas et on soulignera que les investigations faites jusqu’à présent semblent affirmer que le virus est porté par un animal qui est à l’origine de la pandémie. Au début des soupçons ont été portés sur les chauves-souris et le pangolin, mais finalement c’est ce dernier qui a été retenu. C’est un animal très prisé pour sa chaire bien consommée, ainsi que pour sa peau et ses écailles qui sont exportés. Il fait d’ailleurs l’objet d’un fort mouvement de braconnage, d’élevage de domestication et de consommation.
Les zoonoses sont-elles importantes ?
Un rappel est nécessaire pour tracer le cadre général de la pandémie. Le monde n’est pas à sa première épidémie ou pandémie provenant des animaux. Les zoonoses sont nombreuses, et on signale qu’elles représentent 65% des maladies infectieuses émergentes depuis 1980 et que 72% d’entre elles proviennent des animaux sauvages. COVI 19 rentre donc dans ce cadre général.
La thèse des zoonoses provoquées par les animaux sauvages étant bien établie, il s’agit maintenant de se poser la question sur les causes de la propagation du virus qu’ils portent. On en distingue trois qui sont bien connues. Leur capture directe, leur élevage et la déforestation. Cette dernière semble être la plus importante car elle oblige les animaux à quitter leurs habitats naturels et à se réfugier dans les agglomérations de population les plus proches avant de de se propager dans des espaces plus lointains. On cite souvent le cas de la Moustique Tigre qui a qui a voyagé dans un bateau de son habitat naturel au sud de l’Asie jusqu’aux USA. Malheureusement, ce phénomène de la déforestation augmente un peu partout. Dans les zones tropicales, elle a augmenté de 30% en moins de 10 ans entre 2010 et 2018.
Quelles dispositions prendre dans l’avenir ?
Maintenant, allons un peu plus loin dans la recherche des causes profondes et posons la question suivante. Pourquoi l’Homme procède à ces déforestations par défrichement et même en provoquant intentionnellement des incendies ? La réponse est bien connue : C’est parfois pour les utiliser à des fins agricoles et vendre les produits. C’est aussi pour les utiliser à des fins d’élevage soit en y élevant directement du bétail, soit en cultivant des espèces végétales servant à produire les aliments pour le bétail. Dans les deux cas, l’objectif final est la consommation de la viande. On voit donc bien que la consommation alimentaire est derrière ces opérations de déforestation et de dégradation de la biodiversité animale.
Face à cette problématique de déforestation, d’exploitation des animaux sauvages et de consommation alimentaire, que faut-il faire ? Les spécialistes font plusieurs propositions qu’il y a lieu d’analyser en profondeur quant à leur portée, leurs impacts et surtout leurs faisabilités. La première consiste à dépasser la politique timide suivie actuellement en matière d’Aires Protégées, et qui ne porte que sur 17% du territoire, pour sanctuariser 30% de de l’espace naturel et de la forêt, afin de les mettre hors de toute activité humaine et de leur permettre de retrouver leur nature sauvage (Rewilding). La deuxième consiste à interdire toute sorte de captage et d’élevage d’animaux sauvages. La troisième consiste à reposer la question du modèle de consommation alimentaire dans le monde ; il s’agit essentiellement de réduire la consommation de la viande, Les personnes véganes et les végétariennes sont-elles alors les meilleurs écologistes ?
Finalement, on a l’impression que l’Homme est devenu insupportable pour la Terre qui l’héberge à cause de la déforestation et de l’agriculture. Celle-ci peut régir par un minuscule virus, un petit moustique, un animal ou par un changement du climat pour mettre en péril des milliards de personnes. L’action de ce coronavirus Covi 19 est une nouvelle alerte pour l’Homme qui est interpelé pour prendre conscience de l’impact de son comportement vis-à-vis de la Nature et procéder immédiatement et fortement à une vraie transition écologique et pas de Green Washing. Le SG de l’ONU l’a rappelé à plusieurs reprises, l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) a démontré que la Nature, si elle est protégée, peut satisfaire tous les besoins de l’Homme. Il est donc urgent de développer « une nouvelle relation positive en l’Homme et la Nature » et surtout ne pas saisir la crise économique post corona pour revenir sur les acquis précédent en matière d’environnement.
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Bravo !