La représentation collective et le dialogue social figurent parmi les innombrables possibilités pour améliorer la qualité de la vie professionnelle. Autant dire que le blocage du dialogue social au Maroc sanctionne le pays.
La Commission mondiale sur l’avenir du travail préconise dans son rapport datant du 22 janvier des politiques publiques qui encouragent la représentation collective et le dialogue social.
Les gouvernements et les organisations d’employeurs et de travailleurs sont parties au contrat social, responsables de sa conception et de sa mise en œuvre par le dialogue social, rappelle le rapport. La représentation collective des travailleurs et des employeurs par le dialogue social est un bien public qui est au cœur de la démocratie. Elle devrait être encouragée et promue par des politiques publiques. En élargissant et en localisant la prise de décisions, la représentation collective améliore la qualité et la légitimité des décisions et renforce l’engagement à les mettre en œuvre. Elle renforce également la capacité d’adaptation, l’agilité et la résilience des entreprises, des marchés du travail et des économies.
La représentation collective et le dialogue social fournissent les capacités institutionnelles nécessaires pour gérer les transitions de l’avenir du travail. Autant dire que le blocage du dialogue social au Maroc sanctionne le pays.
La concentration du pouvoir économique et le déclin du poids des organisations de travailleurs et de la négociation collective ont contribué à accroître les inégalités au sein des pays. L’évolution des cadres juridiques, celle de l’organisation du travail et la persistance de l’emploi informel font qu’il est plus difficile pour les travailleurs de s’organiser et de représenter leurs intérêts collectifs. Les micros et petites entreprises de l’économie informelle ont parfois du mal à ce que leurs intérêts soient dûment représentés par les organisations d’employeurs.
Les grandes sociétés capables de peser sur les politiques publiques peuvent n’accorder que peu d’importance à la représentation collective des intérêts des entreprises. Si la légitimité représentative des partenaires sociaux est remise en question, il en va de même de leur rôle dans la gouvernance du travail.
Des organisations d’employeurs fortes peuvent prévenir la corruption et faire contrepoids pour empêcher un petit nombre d’acteurs dominants du marché de déterminer la politique économique. Elles doivent adapter leurs services à l’évolution des besoins et renforcer leur capacité à servir un ensemble de plus en plus diversifié d’intérêts économiques.
Elles doivent utiliser leur pouvoir de mobilisation pour faire entendre des intérêts très divers, y compris ceux de grandes multinationales qu’elles ne comptent peut-être pas parmi leurs membres. Rien ne remplace le pouvoir fédérateur des organisations d’employeurs et des organisations patronales, au niveau national et sectoriel.
Les organisations de travailleurs doivent adopter des techniques d’organisation novatrices – y compris la technologie numérique pour organiser les travailleurs. Les travailleurs de divers lieux de travail et pays peuvent être organisés par des moyens numériques et s’engager dans de nouvelles formes d’action en réseau. La technologie numérique offre aux organisations de travailleurs la possibilité d’entrer en contact avec des travailleurs en dehors des lieux de travail traditionnels et d’offrir de nouveaux services, tels que l’exploration de données pour concevoir des stratégies efficaces et le partage d’informations au sujet des plateformes d’intermédiation du travail ou des avantages transférables.
« S’il est vrai qu’il y a beaucoup à gagner à forger des alliances avec d’autres collectifs de la société civile, cela ne saurait se substituer à l’organisation des travailleurs, que cela concerne les travailleuses indépendantes de l’économie informelle, les travailleurs ruraux ou les travailleurs des plateformes numériques. Les travailleurs de l’économie informelle », rappelle-t-on.
Aussi, les organisations de travailleurs doivent-elles adopter des stratégies inclusives, en ouvrant l’adhésion aux travailleurs de l’économie informelle. Cela constitue à la fois une passerelle vers la formalisation et un outil d’inclusion.
De nombreuses options s’offrent aux décideurs politiques et aux partenaires sociaux eux-mêmes pour renforcer les mécanismes de dialogue et de partenariat qui donnent effet au contrat social. Elles peuvent être utilisées en fonction des circonstances et des préférences des intéressés. Au niveau de l’entreprise, les comités d’entreprise, les dispositifs de consultation et d’information et les représentants des travailleurs au sein des conseils d’administration sont autant de mécanismes éprouvés pour gérer les défis du changement et permettre aux individus d’exercer une influence sur leur vie professionnelle. La négociation collective est un droit fondamental et un outil puissant pour la réussite économique et l’équité sociale, surtout en période de mutation.
Le dialogue social tripartite donne aux partenaires du contrat social l’occasion d’examiner les questions sociétales plus larges induites par le changement et d’orienter les réponses politiques.
« Nous recommandons aux pays d’étudier activement ces options. Et, parce que les questions en jeu débordent souvent les frontières nationales, nous adressons les mêmes recommandations aux organismes régionaux, aux entreprises multinationales et aux organisations syndicales internationales », insiste la Commission mondiale sur l’avenir du travail.
La faible productivité, la stagnation de la croissance des salaires et la hausse des inégalités exigent un investissement dans des institutions de fixation des salaires là où les politiques actuelles ont échoué. Les politiques salariales doivent être revitalisées par le biais d’une application adéquate des salaires minima légaux et des salaires négociés collectivement. Des institutions inclusives de fixation des salaires qui englobent l’économie informelle peuvent transformer les processus de développement et améliorer les moyens de subsistance.
Cela suppose toutefois que les conditions soient réunies pour un dialogue et une négociation entre acteurs indépendants, avec l’État comme garant. D’où l’importance que revêtent la ratification et l’application universelles de toutes les conventions fondamentales de l’OIT. Tous les travailleurs – y compris les indépendants et ceux de l’économie informelle – et toutes les entreprises devraient jouir de la liberté syndicale et de la reconnaissance effective du droit à la négociation collective.