Partisan d’une réforme du modèle de fonctionnement de l’Union africaine, le Maroc a pris part à la 6ème retraite du Conseil Exécutif sur la réforme de la Commission de l’union Africaine à Addis Abeba. L’analyse avec le politologue Mohamed Bouden.
Ces 12 et 13 septembre se tient la 6ème retraite du Conseil Exécutif sur la réforme de la Commission de l’union Africaine à Addis Abeba. Cette rencontre qui a pour objectif l’amélioration du fonctionnement de l’Union africaine par le biais de propositions et de recommandations pour une réforme institutionnelle, a connu une participation dynamique du Maroc.
Conduisant une importante délégation marocaine à cette rencontre, Mohcine Jazouli, ministre Délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale chargé de la Coopération africaine « a insisté sur la nécessité de se doter de structures organisationnelles innovantes et pertinentes pour donner de la force à l’Union africaine à la fois sur le continent et sur la scène internationale ».
Il a d’ailleurs rappelé la Vision du Roi Mohammed VI qui souligne que l’Afrique « qui s’affirme à toutes les ressources et les qualités requises pour réinventer un modèle propre qui s’affranchisse de tout mimétisme et qui place le citoyen africain au cœur des intérêts de l’UA. Le temps n’est plus à la réflexion ou aux audits, mais plutôt à l’action ».
Faut-il dans ce sens rappeler l’extrait du discours royal de janvier 2017, lors du retour du Maroc au sein de l’institution africaine où le Roi Mohammed VI déclarait « L’Afrique est aujourd’hui dirigée par une nouvelle génération de Leaders décomplexés. Ils œuvrent en faveur de la stabilité, de l’ouverture politique, du développement économique et du progrès social de leurs populations. Ils agissent avec détermination, fermeté et conviction, sans se soucier d’être « notés » ou évalués par l’occident ».
« Cette rencontre donne suite au projet de réforme mené par le président rwandais Paul Kagamé et qui était au menu du jour du Sommet de Nouakchott », rappelle le politologue Mohamed Bouden. En effet c’est lors de cette 31e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) tenue entre fin juin et début juillet que Paul Kagamé, a insisté sur la nécessité de réformer l’organisation en la dépouillant de toutes les pesanteurs qui alourdissent son fonctionnement. Un rapport a d’ailleurs été été remis aux différentes délégations pour examen.
« Il est clair qu’on va vers une réduction des instances et des commissions, bien que prévues dans le Règlement général, au sein de l’UA pour plus d’efficience mais également de certains organes parallèles. Aussi, nous allons vers l’organisation d’un seul sommet au lieu de deux par an, à tenir au mois de janvier et il est fort probable qu’il se tiendra à Addis Abeba qui accueille le siège de l’UA au lieu que les pays membres se relayent pour l’organiser », informe Mohamed Bouden.
Pour lui cette réforme est un prélude à l’activation l’accord sur la Zone de libre-échange continentale (Zlec) signé par 47 pays africains. « Il y a également une forte tendance vers l’activation d’une politique Open Sky africaine de nature à aider à la création d’un marché commun africain de transport aérien », soutient-il.
L’un des points sur lesquels insiste le politologue Mohamed Bouden est un recentrage sur les priorités et répondre aux attentes des citoyens africains. Parmi ces priorités figure la question migratoire, d’ailleurs en sa qualité de Leader de l’UA sur la question de la migration, le Roi Mohammed VI a proposé la mise en place de l’Observatoire Africain des Migrations au Maroc. Un chantier en cours et 2019 sera sacrée l’année de la migration en Afrique. « Le Roi a également proposé la création du poste d’envoyée spécial à la migration, de même que le pays accueillera en décembre 2018 une conférence internationale sur cette thématique, lui qui dispose déjà d’une expérience en la matière avec la mise en place de stratégie liée à cette problématique », rappelle Bouden.
L’une des révolutions majeures de cette réforme est que le critère d’ancienneté pour l’accès à certains organes devra céder la place à la méritocratie et l’expérience selon le domaine dont il est question.
L’impératif de la réforme découle également de l’ouverture de l’Afrique sur de nombreux partenaires, comme la Chine ou l’Inde entre autres. De ce fait, la réforme veut unifier la voix de l’Afrique.
Aussi cette réforme veut rompre avec l’esprit de tutelle que certains pays africains croient avoir et sortir de ces calculs politiciens qui prennent en otage le travail en concert de tous les pays pour instaurer la paix et le développement du continent.
Sur ses rapports avec les instances internationales, un travail se poursuit au niveau du Comité de dix pays (C10) chargés de réfléchir sur la réforme du conseil de sécurité de l’ONU, dans la visée d’obtenir un siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
La réforme suit son cours et devra s’intensifier sous le mandat de l’Egypte qui prend la présidence de l’UA en 2019. Le Maroc avec son rôle actif au sein de l’Union devra se préparer à prendre la présidence de l’Union en 2024 ou 2025.