C’est une récession sans précédent que va connaître l’Europe en 2020. Et il lui faudra au moins deux ans pour s’en remettre. Entre-temps, le chômage se sera envolé, l’inflation aura plongé, les comptes publics se seront dégradés… et les divergences entre l’Europe du Nord et du Sud se seront encore accrues, mettant en danger la cohérence même de la construction européenne. Tel est le tableau apocalyptique que dresse la Commission dans ses prévisions de printemps, publiées mercredi 6 mai.
A en croire ses économistes, le produit intérieur brut (PIB) de l’Union européenne devrait chuter de 7,4 % en 2020, avant de remonter de 6,1 % en 2021. Et pour cause : tous les moteurs de la croissance (consommation, production, investissements, exportations) sont à l’arrêt. Un certain temps sera nécessaire avant qu’ils retrouvent leur niveau d’avant-crise.
Pour les dix-neuf pays de la zone euro, l’économie devrait se contracter encore davantage (– 7,7 % en 2020 et + 6,3 % en 2021), compte tenu du poids relativement élevé des pays du Sud en son sein. C’est la Grèce qui, bien qu’elle ait été jusqu’ici peu atteinte par la pandémie, souffre le plus : après des années de réduction de la sphère publique, et en proie à une dette qui reste très élevée, Athènes n’a pas les moyens de soutenir son économie.
Quant à la France, elle arrive juste derrière, dans ce triste palmarès. En 2020, son activité devrait se contracter de 8,2 % et le taux de chômage repasser la barre des 10 %. Dans la foulée, le déficit et la dette publics y grimperaient, respectivement, à 9,9 % et 116,5 % du PIB (contre 8,5 % et 102,7 % en moyenne dans la zone euro).
L’Allemagne, qui présentait des surplus budgétaires avant que le Covid-19 s’abatte sur le monde et qui a moins été atteinte par le virus que l’Italie, l’Espagne ou la France, s’en sort mieux, avec un recul de son PIB de 6,5 % en 2020. (Avec le Monde)