Le secteur du luxe ne connaît pas la crise. Ses ventes continuent de progresser au premier trimestre de l’année et les perspectives sont bonnes pour l’année, malgré la guerre en Ukraine et le retour du Covid en Chine.
Guerre en Ukraine, inflation, confinements en Chine… Rien ne perturbe le secteur du luxe dont les ventes continuent de progresser au premier trimestre 2022, après une excellente année 2021.
LVMH, numéro un mondial du luxe, a réalisé au premier trimestre 18 milliards d’euros de ventes, soit 29% de plus qu’à la même période de l’année précédente. Hermès a réalisé 2,76 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+33%), Kering 4,96 milliards d’euros (+27%) et L’Oréal, tiré par sa division Luxe, franchit les 9 milliards (+19%). Patrizio Bertelli, PDG de Prada, dont l’exercice est décalé, a également déclaré début mars que « les premiers mois de 2022 ont été très prometteurs ».
« Le premier trimestre est bon, début avril est dans la même veine… après, ce que cela va donner dépend de beaucoup de choses, au niveau de la conjoncture sanitaire en Chine et au niveau de la conjoncture géopolitique en Europe. On peut dire « so far, so good » (jusqu’ici tout va bien) », a déclaré le PDG de LVMH Bernard Arnault à la presse en marge de son assemblée générale.
En mars, les grands groupes mondiaux de luxe ont annoncé fermer temporairement leurs magasins en Russie mais tous s’accordent pour dire que cela a peu d’incidence sur leur chiffre d’affaires.
« L’impact n’est pas significatif pour le groupe », selon Éric du Halgouët, directeur général finances chez Hermès, « les ventes en Russie représentent moins de 1% des ventes du groupe » qui possède trois magasins à Moscou.
Chez Kering, même ligne: « On a une exposition extrêmement limitée, inférieure à 1% », indique le directeur financier Jean-Marc Duplaix.
Et si 1% du chiffre d’affaires de groupes gagnant plusieurs milliards d’euros n’est pas négligeable, le manque à gagner est compensé par les marchés européens et américains en forte progression.
« L’élan sur des marchés clés tels que l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon se poursuit, tandis que la Chine a été assez favorable jusqu’à fin février », confirme RBC dans une note début avril.
UBS a mené une enquête en Chine, aux Etats-Unis et en Europe de novembre à février qui montre que « malgré l’incertitude persistante suscitée par les tensions géopolitiques, les pressions inflationnistes et pics récurrents de Covid, la consommation mondiale de luxe est restée résiliente ».
« Néanmoins, depuis que l’enquête a été menée, le contexte géopolitique de plus en plus complexe et les verrouillages sélectifs en Chine » augmentent les risques, nuance UBS.
« La Chine, ce n’est pas une question de demande, la demande est là. Mais c’est une question d’évolution des restrictions sanitaires actuelles », selon Bernard Arnault.
« Nous pouvons être touchés à court terme mais nous ne sommes pas inquiets sur le long terme », avait expliqué Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH, lors d’une visioconférence. De l’expérience de 2020, le groupe a retenu qu’une fois que les restrictions sanitaires sont levées, la clientèle est de retour exactement comme avant le confinement.
Quant à l’inflation, si les groupes estiment « trop tôt » pour en évaluer les conséquences, Arnaud Cadart rappelle que le secteur « peut passer 3 à 5% de hausse de prix, ça ne fait pas peur à la clientèle ».
En outre, la guerre en Ukraine a débouché sur une baisse de l’euro qui « n’est pas défavorable au secteur, largement exportateur ». « Trois quarts de la planète a gagné du pouvoir d’achat en euros depuis deux mois. 80% de ce que vendent les groupes de luxe est en dehors de la zone euro, alors que le coût de production est en euros », souligne-t-il. (Avec AFP)