Le monde de l’économie est orphelin de l’un des plus éminents économistes et théoriciens de l’économie marxiste et maoïste du 20e siècle. Il s’est éteint ce dimanche à Paris où il sera inhumé.
C’est un triste dimanche pour le monde de la recherche économiste. Le franco-égyptien, Samir Amin, l’un des plus grands penseurs qui a marqué la discipline des sciences économiques s’est éteint à Paris à l’âge de 87 ans. Né le 3 septembre 1931 d’une mère française et d’un père égyptien, tous deux médecins il a passé son enfance et son adolescence à Port-Saïd où il obtint son baccalauréat en 1947. De 1947 à 1957, il étudie à Paris, et décroche un diplôme de sciences politiques en 1952 avant de décrocher un autre en statistiques en 1956 et un troisième en économie en 1957.
À son arrivée à Paris, Samir Amin rejoint le Parti communiste français (PCF), mais il prend plus tard ses distances du marxisme soviétique et s’associe pendant un certain temps à des cercles maoïstes.
Il doit sa notoriété à sa théorie relative au développement inégal différenciant les centres du capitalisme où l’appareil de production s’est développé et où le prolétariat peut accéder au statut de classe moyenne consommatrice et leurs périphéries, où sont produits ou extraites les matières premières transformées et valorisées dans les centres et où le prolétariat ne peut accéder à l’autonomie matérielle. Il est l’un des farouches critiques du capitalisme sauvage et grand défenseur du droit au développement.
En effet, théoricien principal de l’alter mondialisme, il préconisait une manière de “développementisme marxiste” comme prolongement au tiers-mondisme de ses années maoïstes. L’auteur de L’impérialisme et le développement inégal, ouvrage devenu une référence de la pensée marxiste renouvelée, a été conseillé économique de plusieurs pays africains.
Vivant dans les années 70 à Dakar au Sénégal, sa grille de lecture économiste faisait de lui un excellent historien des “formes précapitalistes” des pays colonisés, notamment africains, mais aussi de la Chine Il était considéré comme un analyste des plus lucides et intransigeants de la géopolitique postérieure à la dissolution de l’Union soviétique et des manipulations ethniques, nationales et religieuses consécutives à 1989.
Samir Amin était partisan de l’accomplissement des indépendances par leur affranchissement de l’impérialisme. Pour lui, les indépendances ont peut-être mis fin à la colonisation en tant que telle mais certainement pas à l’impérialisme économique. Il soutenait dans ces dernières conférences que le colonialisme, est l’abolition formelle de toute souveraineté nationale.
Il laisse derrière lui un courant enseigné dans les plus prestigieuses universités dans le mode et une bibliographie d’une richesse incommensurable. Dont son récent ouvrage « La souveraineté au service des peuples ».