Les investissements réalisés par le Maroc dans le domaine des infrastructures ont connu tout un élan durant les deux décennies de règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Or, les différents placements et financements en infrastructures n’ont eu de répercussions suffisantes sur l’ensemble de la société marocaine, encore moins en matière de réduction des inégalités sociales et satisfaction des besoins singuliers des citoyennes et citoyens.
Le bond qualitatif en matière d’infrastructures (ponts, autoroutes, ports, constructions, réhabilitations urbaines…) n’a permis d’améliorer la perception des citoyens en termes de conditions d’amélioration de leur niveau de vie, que ça soit pour la classe moyenne ou la population précaire.
Le système économique actuel n’a surement pas parvenu à la réduction des disparités spatiales entre les différentes régions du Royaume. Pour cela, l’édification d’un nouveau modèle de développement s’impose comme étant un impératif au développement socio-économique du Maroc, en mettant le citoyen au cœur de l’équation.
La défense des intérêts supérieurs de la Nation, notamment l’accès aux soins médicaux, la scolarisation des enfants, l’habitat social, l’accès à l’emploi, demeurent, entre autres, les principaux objectifs sociaux dudit nouveau modèle de développement. Néanmoins, il va falloir revoir les modèles de gouvernance des programmes de développement humain, en vue de satisfaire les attentes pressantes des marocains, et ce à travers une nouvelle approche, globale et unifiée, axée sur la réalisation des objectifs sociaux projetés et tenant compte des moyens alloués (adéquation entre efficacité de gestion des programmes et pertinence des ressources).
Dans le même ordre d’idées, la réponse aux questions sociales et aux différentes problématiques de développement économique (faible croissance, déficit commercial, taux de chômage élevé, endettement public alarmant…) ne pourra s’opérer sans une véritable refonte du système de gouvernance publique, fondée sur une logique de rupture avec le passé, et non des solutions de dépannage ou de rallongement pour un système quasiment saturé.
Le nouveau mode de pilotage socio-économique devra permettre au Royaume de mener une gouvernance transverse, engendrant le déploiement, la mise en œuvre et l’évaluation de toutes les politiques publiques de développement, et à travers des jalons de mi-parcours et des actions correctives concomitantes facilitant le redressement de la barre vers le progrès, en l’occurrence la trajectoire cible de l’émergence.
Ainsi, le nouveau modèle de développement supposé être scindé en piliers fondamentaux, représentant de grands plans sectoriels de progrès, s’opérationnalisera dans un cadre harmonieux et cohérent, permettant une meilleure articulation entre les différents ses axes stratégiques.
Par conséquent, le développement de conditions favorables d’impulsion renforcera la confiance des citoyennes et citoyens dans les institutions nationales. La création d’une ambition nationale collective est la condition sine qua non à l’ouverture des esprits et à l’internationalisation des activités économiques et mêmes administratives. Ce qui permettra de hausser la compétitivité des différents opérateurs publics ou privés.
La promotion des investissements étrangers vers le Maroc, à travers cette nouvelle approche, engendrera la création de nouvelles opportunités d’emploi nécessaires pour rebâtir une économie forte et compétitive. Cependant, l’évolution des mentalités des responsables, l’efficacité des institutions publiques, la qualité des services destinés aux usagers et le fonctionnement avec des outils de gestion modernes restent parmi les grands défis à relever dans le cadre du nouveau projet de modèle de développement.
L’innovation dans la gestion des affaires publiques, basée sur la simplicité et l’efficacement de traitement des dossiers, est incontournable afin de donner un nouvel élan à la dynamique de développement recherchée, notamment l’amélioration papable du climat des affaires et le soutien et l’accompagnement aux petites et moyennes entreprises.
En outre, l’implication citoyenne demeure essentielle pour l’édification dudit nouveau modèle. Connaissant au mieux leurs besoins quotidiens, les citoyennes et citoyens devront participer, de loin ou de près, à apporter leur pierre à l’édifice. La concertation avec la nouvelle commission qui sera chargée de la préparation du projet de modèle de développement reste cruciale pour la consolidation des requêtes citoyennes en vue de leurs prises en compte dans la nouvelle feuille de route du Royaume.
Youssef Guerraoui Filali
Président du Centre marocain de la gouvernance et du management