Chaque année le biais entre le taux d’investissement et celui de l’épargne se creuse. En 2020, la situation serait plus délicate. Sur le plan fiscal, le PLF 2021 reste muet.
La célébration de la journée mondiale de l’épargne est passée inaperçue cette année à cause de la pandémie qui a mis à mal plusieurs pans de l’économie à telle enseigne que l’épargne paraît comme un luxe inadapté au contexte. Et pourtant de par son importance dans le circuit économique et social, elle joue un rôle indéniable dans le développement et la croissance inclusive. Si le Maroc disposait d’une épargne suffisante, on aurait pu lever le pied sur l’endettement.
L’épargne se veut même une réponse aux principaux axes autour desquels s’articule le PLF 2021 en l’occurrence l’élargissement de la couverture sociale ou la relance économique. Drainer davantage de l’épargne va permettre de financer l’investissement des couches les plus fragiles de la société. Comme il est souvent dit : la pauvreté s’arrête là où commence l’épargne.
A l’instar des lois de finances précédentes, le PLF 2021 brille par l’absence de mesures incitatives en faveur de l’épargne sachant que le taux d’épargne, depuis quelques années, oscille autour de 22%. Un taux jugé insuffisant pour financer l’investissement qui se situe à 32%.
Les derniers chiffres du HCP dans le budget exploratoire font montre que la baisse risquerait de s’accentuer davantage vers la fin de l’année en cours. Et pour cause la baisse des revenus nets en provenance du reste du monde conjuguée à une baisse de l’épargne nationale.
Si le niveau desdits revenus baisse davantage dans les prochains mois, l’épargne nationale pourrait s’amoindrir encore à des seuils inquiétants.
Compte tenu d’un niveau d’investissement de l’ordre de 30,6% du PIB attendu en 2020 en baisse par rapport à 32,2% enregistré en 2019, les besoins de financement de l’économie nationale se seraient accentués à 6,9% du PIB au lieu de 4,4% une année auparavant.
Les répercussions de la pandémie Covid-19 se sont fait brutalement sentir en déstabilisant la structure des comptes de l’Etat particulièrement les recettes fiscales ayant connu une baisse drastique comparativement aux niveaux d’avant la pandémie.
En effet, face à une poursuite de la hausse tendancielle des dépenses aussi bien ordinaires que d’investissements, les recettes fiscales ont baissé, générant ainsi un déséquilibre entre les ressources et les dépenses ordinaires et la création d’un besoin de financement pour couvrir les investissements. L’endettement paraît la solution idoine.
Aussi bien les données précédentes relatives à l’épargne que celles prévisibles pour l’année 2020 montrent ainsi que le Maroc a du pain sur la planche. Il suffit de soustraire les transferts des Marocains résidents à l’étranger pour se rendre compte que l’épargne des ménages oscille autour de 14% voire moins de leur revenu disponible brut. Un niveau qui est beaucoup plus faible en comparaison internationale. En effet, hormis même le pouvoir d’achat qui reste faible et ne permet pas l’épargne, la fiscalité ne suit pas.
Une chose est sûre : dans un contexte international aussi contraignant, il paraît judicieux, voire opportun, de booster l’épargne nationale pour financer l’investissement. Les revenus issus du reste du monde restent très aléatoires et évoluent au gré de la conjoncture internationale qui chaque jour a son lot d’incertitudes comme le confirme aujourd’hui la crise sanitaire induite par la Covid19. Or, en regardant de près les politiques publiques, on se retrouve avec des mesurettes en faveur de l’épargne nationale. La Loi de Finances 2021 ne déroge pas à la règle. A leur tour, les opérateurs financiers sont appelés à innover et concevoir des produits adaptés aux besoins de la population. C’est pour dire que l’épargne exige la mobilisation de plusieurs acteurs.
L’émergence tant aspirée par le Maroc reste étroitement liée à un taux d’investissement de 35%. Or, vu l’état actuel de l’épargne, il serait difficile de financer l’investissement ou la relance tant souhaitée à moins de recourir à l’endettement. Ce qui se traduit par la vulnérabilité des équilibres macroéconomiques. Les années 80 sont fraîches dans nos mémoires pour nous rappeler que l’épargne constitue la variable déterminante dans la répartition intergénérationnelle de la richesse.
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