Depuis son intronisation en 1999, le Roi Mohamed VI a entamé une série de grands chantiers. Son règne a permis à la vie politique d’évoluer vers la modernité et la démocratie. Un Roi populaire, fédérateur, garant des équilibres politiques et arbitre des jeux d’influences.
Durant les vingt ans de son règne, le Roi a bien su gérer les crises pendant les plus durs moments et a su réagir à temps : attentats terroristes à Casablanca le 16 mai 2003, le tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004, Mouvement du 20 février en 2011, les événements d’El Hoceima en 2017, etc.
Le Maroc a connu, pendant les vingt dernières années, une série de réformes politiques, administratives et juridiques en matière des droits humains : l’enlèvement de plusieurs réserves émises à propos de conventions internationales que le Maroc avait déjà ratifiées, la création d’un nombre d’institutions œuvrant dans le domaine de la promotion et la protection des droits humains, et une nouvelle Constitution a été mise en place grâce à une décision courageuse et généreuse du Roi Mohamed VI. A travers cette constitution, le Maroc a connu des réformes très approfondies, telles l’élargissement du champ des droits des citoyens et leurs libertés, l’indépendance du pouvoir judiciaire des autres pouvoirs exécutif et législatif, le renforcement des attributions du gouvernement et du parlement. La langue amazighe a été reconnue langue officielle au même titre que l’arabe, après avoir été valorisée dès les premières années du règne de Mohammed VI avec la création, en 2001, de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM).
Pour la question féminine, le Roi Mohammed VI a placé la cause de la femme parmi les priorités des réformes législatives et institutionnelles. Dans ce cadre, le Roi mène un processus remarquable de modernisme du statut de la femme marocaine ; comme il a souligné dans plusieurs discours la nécessité de promouvoir le rôle des femmes. La réforme du code de la famille a été l’un des plus grands chantiers initiés par le Roi. Cette réforme voit le jour en octobre 2004, après un débat de société qui aura duré plus de quatre ans, entre conservateurs et modernistes.
A la lumière de cette évolution marquée par les avancées réalisées en matière des droits humains, durant les vingt ans derniers, le Maroc a connu un événement remarquable en 2004 : la création de l’Instance équité et réconciliation (IER), pour enquêter sur des violations graves des droits de l’homme passées entre les années 1956 et 1999, période appelée « années de plomb », réaliser la réconciliation, en indemnisant les victimes et tourner la page du passé douloureux.
Considéré comme Roi des pauvres, Mohammed VI a fait de la pauvreté l’une des préoccupations majeures de son règne, en lançant l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) le 18 mai 2005, qui vise la lutte contre les inégalités, la pauvreté et la précarité sociale. Cette initiative humaine permet indéniablement de prévenir la radicalisation latente parmi les populations défavorisées ou marginalisées.
En matière de lutte contre la radicalisation et le terrorisme, et sous les directives du Roi Mohammed VI, le Maroc a adopté, depuis les agressions terroristes perpétrées à Casablanca le 16 mai 2003, une politique sécuritaire anticipative et un combat féroce contre les cellules terroristes. C’est alors que l’une des priorités essentielles pour le Maroc est de s’attaquer aux causes de la radicalisation, car le terrorisme trouve son origine dans plusieurs causes, entre autres l’instrumentalisation du religieux, les mouvements extrémistes ayant pris la religion en otage à des fins politiques.
A cette fin, le Maroc a adopté une stratégie visant à lutter contre la radicalisation en luttant contre le discours extrémiste et en promouvant les principes de l’Islam juste. Cela a nécessité la restructuration du champ religieux par la mise en œuvre d’initiatives en matière de formation des Imams, de promotion du rôle de la mosquée dans la société et de maitrise du processus des fatwas. Cette action a été conduite sous l’autorité du Roi Mohammed VI, Commandeur des croyants.
Sur le plan international, grâce au souverain, le Maroc a réintégré en 2017 l’Union Africaine(UA), après avoir quitté l’organisation africaine (OA) en 1984. La diplomatie marocaine a été particulièrement active et présente dans les pays du Sahel et d’Afrique de l’ouest. Le Royaume s’est d’ailleurs hissé au rang de deuxième plus grand investisseur du continent après l’Afrique du sud. Ce retour à l’Union africaine démontre la volonté du Maroc de défendre sa cause nationale et contribuer au développement du continent africain.
Annoncée par le Roi Mohamed VI dès les premières années de son règne, la régionalisation avancée doit consolider l’édifice démocratique en constituant l’épine dorsale de l’État moderne dont le Maroc est en train d’asseoir solidement les fondements. Dans son Discours Royal du 3 janvier 2010 prononcé à l’occasion de l’installation de la Commission consultative de la régionalisation, le Roi a souligné que la régionalisation élargie escomptée n’est pas un simple aménagement technique ou administratif, elle traduit, plutôt, une option résolue pour la rénovation et la modernisation des structures de l’Etat, et pour la consolidation du développement intégré.
A la lumière des hautes orientations royales, la constitution de 2011 a fait de la régionalisation avancée une composante essentielle de l’administration territoriale et un levier pour la décentralisation et le développement local, avec un rôle important réservé aux collectivités locales en tant que locomotives du développement.
Concernant le plan d’autonomie du Sahara, le Maroc a annoncé en 2007 » l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara ». Cette initiative, impulsée par le Roi Mohammed VI et inspirée par un esprit d’ouverture, tend à créer les conditions d’un processus de dialogue et de négociation débouchant sur une solution politique mutuellement acceptable. Elle a été saluée et acceptée par la majorité de la société internationale.
S’agissant des grands projets de travaux et d’aménagement, les années de règne de Mohammed VI ont vu le déploiement d’un important réseau d’infrastructures : ports, autoroutes, ponts, chemins de fer, zones industrielles… Le Maroc s’est pleinement impliqué à mettre en œuvre la volonté du souverain d’établir une infrastructure apte à faire du Maroc un hub économique régional.
En conclusion, ces exemples de réalisations que nous avons cités, dont beaucoup ont eu lieu sous le règne du Roi Mohammed VI, indiquent que le Maroc est sur la bonne voie du progrès et de la prospérité, et que le Roi a besoin d’un gouvernement proactif et des partis politiques forts pour renforcer ses réalisations à l’avenir.
Nouveau modèle de développement
Le 13 octobre 2017, lors du discours d’ouverture de la session parlementaire d’automne, le Roi Mohammed VI avait appelé à l’adoption d’un nouveau modèle de développement. Dans ce sens, Il avait appelé à une réévaluation du modèle de développement national, et à l’élaboration d’une nouvelle approche, centrée sur la satisfaction des besoins des citoyens, capable de trouver des solutions pratiques aux vrais problèmes, et apte à réduire les disparités et les inégalités existantes, et instaurer la justice sociale et territoriale.
Le 29 juillet 2018, lors du discours adressé à la nation à l’occasion de la fête du Trône, le Roi a clairement souligné que l’ampleur du déficit social et les modalités de réalisation de la justice sociale et territoriale sont parmi les principales raisons qui incitent à appeler au renouvellement du modèle de développement national.
De même, dans son discours à l’occasion de la rentrée parlementaire, le 12 octobre 2018, le Roi est revenu sur le sujet, il avait insisté sur ce point précis, vu son importance et sa priorité dans les grands chantiers de réformes économiques et sociales. A l’occasion de ce discours, Il a confié à une commission ad-hoc la responsabilité de collecter, d’agencer et de structurer les contributions relatives au nouveau modèle de développement national et d’en élaborer les conclusions, appelant à la présentation de ces conclusions dans un délai ne dépassant pas trois mois.
Malheureusement, les partis de la coalition gouvernementale n’ont pas pu se mettre d’accord sur un mémorandum commun relatif à la vision sur le nouveau modèle de développement, car ils ont refusé le document présenté par le Chef du gouvernement à ce sujet au motif de sa vison unilatérale, c.à.d. le document reflète seulement la vision du parti PJD. Par conséquent, chaque parti a décidé d’envoyer son propre mémorandum au Cabinet Royal. C’est pourquoi, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas un document convenu qui reflète le nouveau modèle de développement.
Donc, il faudra mener une mobilisation générale, pour concevoir nouveau modèle de développement mieux adapté aux évolutions et fixer des mesures concrètes pour réaliser les priorités économiques et sociales, qui sont des piliers fondamentaux de ce nouveau modèle. Sachant que le modèle de développement actuel n’est plus adapté et n’arrive pas à répondre à toutes les attentes des citoyens, à satisfaire leurs besoins, à réduire les disparités sociales et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale.
Certainement, la mise en place d’un nouveau modèle de développement est devenue nécessaire pour le Maroc, afin d’optimiser la croissance économique, accorder la priorité aux investissements dans les régions les moins développées.
Il est vrai à dire que la réussite de ce modèle de développement doit impérativement s’accompagner du renforcement de la compétitivité de l’économie marocaine, de la réduction des impôts sur les entreprises, de la structuration du secteur informel et de la lutte contre la corruption, et de promouvoir l’emploi, surtout chez les jeunes diplômés.
D’autre part, le nouveau modèle de développement doit impérativement s’inscrire dans la synergie et la dynamique de la régionalisation avancée. Car, on ne peut pas concevoir une vision stratégique du modèle de développement sans tenir compte des disparités et déséquilibres des régions, à savoir la régionalisation élargie n’aura de sens que si la région devient un véritable levier de développement économique et social.
Sans oublier aussi le rapprochement du système universitaire de l’innovation de l’entreprise. Autrement dit, l’université devra s’ouvrir sur son environnement. Dans ce cas, le but est de créer un milieu novateur au sein des universités en impliquant les entreprises dans la formation, les stages et l’embauche, en revalorisant le capital humain afin de favoriser la création de postes d’emplois pour les jeunes.
En conclusion, je peux dire que le nouveau modèle de développement, selon la vision royale, doit être conçu selon une approche participative, incluant toutes les composantes de la société, y compris les partis politiques, la société civile, l’administration publique et l’entreprise.
Enfin, notre pays a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de vrais patriotes pour défendre les intérêts de leur pays, et engagés à assumer avec abnégation les responsabilités qui leur incombent.
La politique africaine du Roi Mohamed VI
Sa Majesté Le Roi Mohammed VI a prononcé, le 31 janvier 2017, un discours historique devant le 28ème sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie. Je cite les mots forts et influents de SM dans ce discours :
« Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison », c’est avec ces mots que le souverain a débuté son discours historique devant des Chefs d’Etat et de délégations africaines.
Il est vrai à dire que la réintégration par le Maroc de l’Union africaine n’est pas une décision tactique, c’est une décision bien réfléchie pour qu’il retrouve sa place naturelle au sein de sa famille africaine. Ce retour qui a jeté les fondements d’une coopération Sud-Sud solidaire et mutuellement bénéfique, sous le leadership du Roi Mohammed VI, est décision aussi courageuse.
En effet , l’efficience et la pertinence de cette décision royale concernant ce retour au sein de l’UA a mis le Maroc en capacité de faire entendre la voix de l’Afrique au niveau international , et a pour finalité aussi d’assurer le progrès du continent et d’assurer la promotion du développement économique et humain au service de la prospérité du citoyen africain, sans oublier les liens historiques unissant le Maroc et les pays d’Afrique, ainsi que le rôle agissant joué par Feu S.M. Mohammed V et Feu S.M. Hassan II, en faveur de la libération et le développement du continent .
D’autre part , je tiens à rappeler , les multiples visites effectuées par le Roi Mohammed VI depuis les années 2000 en Afrique , durant lesquelles le Maroc a conclu plus de 600 accords et réalisé de grands investissements dans les pays visités dans le cadre du développement des relations de partenariat maroco-africaines dans divers secteurs , ce qui a permis au Maroc de devenir le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième investisseur africain en Afrique subsaharienne.
Aussi, les relations séculaires et spirituelles ont connu une forte dynamique sur tous les plans dont le champ religieux, sous le règne du Roi Mohammed VI, a entamé une démarche innovante pour un Islam moderne, tolérant, sachant que plusieurs pays en Afrique s’inspirent du modèle marocain, comme le Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon, et autres. A cette occasion , je cite aussi le rôle majeur de juste milieu joué par la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains qui s’inscrit dans le cadre d’une perspective globale de coopération constructive.
Il est à rappeler que le Roi Mohammed VI a souligné, dans son Discours à l’occasion du 41ème anniversaire de la marche verte , le 6 Novembre 2017, le rôle efficace et majeur joué par le Maroc en matière de la sécurité et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme . sa citation :
« Par ailleurs, Nous sommes engagé à partager notre expérience singulière et reconnue mondialement avec nos frères africains, que ce soit dans le domaine de la coopération sécuritaire ou en matière de lutte contre l’extrémisme » .
D’autre part, le Maroc a contribué à la consolidation de la paix en Afrique, à travers sa participation à plusieurs missions de maintien de la paix, sans oublier son élection au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA. Cette élection témoigne la reconnaissance du leadership de Sa Majesté le Roi, par des États africains, et le rôle constructif et solidaire du Maroc en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique.
Par ailleurs, le Maroc, sous le règne du Roi Mohammed VI, a déployé les efforts dans le cadre de sa nouvelle politique en matière de migration, en adoptant une approche humanitaire et solidaire, protégeant les droits des migrants et préservant leur dignité qui a permis la régularisation de la situation de dizaines de milliers de migrants, c’est pour cela le Roi Mohamed VI a été désigné leader de l’Union africaine (UA) sur la question de la migration.
Enfin, et en concrétisant la nouvelle politique migratoire du Maroc, le Roi Mohammed VI avait proposé, lors du 30e Sommet de l’UA, la création d’un Observatoire africain de la migration (OAM). Cet organe aura pour mission de collecter les informations et de développer leur échange ainsi que de faciliter la coordination entre les pays africains sur la question migratoire. L’OAM a été créé et son siège sera bientôt basé à Rabat.
Khalid Cherkaoui Semmouni, Directeur du CREPS