Lors des précédents entretiens, l’économiste Omar Bakkou nous a présenté les causes fondamentales des maux de notre modèle de développement. Cette synthèse du diagnostic opéré par la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) constitue en fait une étape indispensable pour la conception des propositions de réforme de ce modèle.
Ces propositions feront l’objet des prochains entretiens.
Aujourd’hui, nous aborderons avec O. Bakkou les propositions de réforme d’ordre économique.
–Maintenant que les causes fondamentales des maux de notre modèle de développement ont été tirées au clair, quelles sont alors les solutions proposées par le rapport de la CSMD pour « réparer » ces maux ?
Bien évidemment, le rapport de la CSMD a émis un ensemble de propositions pour pallier les dysfonctionnements de notre modèle de développement.
Ces propositions concernent chacune des composantes de notre modèle de développement.
Ces composantes comprennent celles économique, sociale , institutionnelle , ainsi que celle relative à notre modèle de valeurs.
-Quelles sont alors les propositions émises par le rapport de la CSMD pour pallier les dysfonctionnements de notre modèle économique ?
Le rapport de la CSMD a émis un ensemble de propositions destinées à modifier le régime de croissance de l’économie marocaine.
Modifier le régime de croissance s’entend comme une augmentation durable de la quantité et de la qualité de la production nationale.
Ces propositions peuvent être globalement scindées en deux catégories.
La première catégorie englobe les propositions visant à pallier les dysfonctionnements de notre système de production de valeurs marchandes.
Quant à la seconde catégorie, elle englobe les propositions visant à diversifier notre système de production de valeurs marchandes.
Les propositions visant à pallier les dysfonctionnements de notre système productif consistent en un ensemble de mesures destinées à permettre à certains secteurs déjà existant de produire plus et mieux.
Quant aux propositions visant à diversifier le système productif, elles comprennent bon nombre de mesures destinées à favoriser la création et le développement de nouveaux secteurs économiques.
-Quelles sont alors les propositions émises par le rapport de la CSMD pour pallier les dysfonctionnements de notre système productif ?
Un système productif au sens large peut être défini comme un grand puzzle composé naturellement d’une multitude de pièces.
Chacune de ces pièces correspond à un marché constitué d’offreurs et de demandeurs de richesses potentiellement marchandes.
Ces richesses peuvent être soit matérielles (une marchandise) soit immatérielles (un service).
Ces marchés ont fait l’objet d’un diagnostic assez profond par la CSMD.
Ce diagnostic a permis de relever un ensemble de dysfonctionnements.
Ces dysfonctionnements résident dans la défaillance du système de gouvernance du secteur économique.
Cette défaillance concerne deux principaux aspects.
Le premier aspect concerne l’environnement général des affaires.
Quant au second aspect, il concerne le mode de gestion par l’Etat des différents marchés.
Pour la réparation de ces dysfonctionnements, le rapport de la CSMD a émis un ensemble de propositions de réformes.
Ces propositions peuvent être déduites directement des dysfonctionnements relevés par ledit rapport.
–Vous dites que les propositions émises par le rapport de la CSMD pour réformer le modèle économique marocain peuvent être déduites des dysfonctionnements de ce modèle relevés par le diagnostic opéré à cet effet. Pourriez-vous nous expliquer cela davantage ?
Oui effectivement, cela signifie en effet que les propositions de réforme de notre système productif peuvent être différenciées en deux catégories .
La première catégorie englobe les propositions d’ordre général ou transverse précitées.
Ces propositions concernent l’environnement général des affaires.
Quant à la seconde catégorie, elle englobe les propositions d’ordre spécifique.
Ces propositions ont trait aux modes de gestion par l’Etat des différents marchés.
-Quelles sont alors les principales propositions de réforme de l’environnement général des affaires ?
Les propositions émises par le rapport de la CSMD pour réformer l’environnement général des affaires peuvent être scindées en deux catégories.
La première catégorie concerne celles relatives à la règlementation des affaires.
Quant à la seconde catégorie, elle englobe les propositions relatives à la mise en application de cette réglementation.
-Quelles sont les propositions de réforme de la règlementation des affaires ?
Selon le rapport de la CSMD, la réforme de la règlementation des affaires doit être opérée à travers l’adoption d’un ensemble de mesures destinées à améliorer la qualité de cette réglementation, notamment :
– L’harmonisation des textes réglementaires : action devant être menée par le Secrétariat Général du Gouvernement et par les instances de contrôle et de régulation ;
– L’accélération du rythme de production des textes législatifs :le parlement aura un rôle important à jouer à ce titre ;
– Et l’évaluation régulière de la pertinence et de l’efficacité des lois : tous les dix ans comme dans certains pays.
-Quelles sont les propositions pour réformer la mise en application des textes réglementaires ?
Les propositions pour réformer la mise en application des textes réglementaires sont les suivantes :
-la simplification des procédures administratives ;
– L’amélioration de la transparence et de l’accès généralisé et à l’information ;
– La digitalisation de l’administration ;
-L’amélioration de la qualité de la justice commerciale : renforcement de l’équité, atténuation de la lenteur, favorisation de l’arbitrage.
-Quid des propositions pour réformer le mode de gestion par l’Etat des différents marchés de notre économie ?
Là aussi, nous serons obligés d’opérer une nouvelle différenciation en distinguant ces propositions en deux catégories : celles d’ordre général et celles d’ordre spécifique.
-Quelles sont les propositions d’ordre général ?
Les propositions d’ordre général sont celles destinées à mieux réguler les différents marchés de notre économie.
A la lecture du rapport de la CSMD, on relève quatre propositions ou plutôt quatre phrases qu’on pourrait ranger dans la case « amélioration du mode de régulation des marchés ».
Ces dernières se présentent comme suit :
-Le renforcement de la régulation dans tous les secteurs où la multiplication des acteurs privés s’avère pertinente sur le plan économique ;
-Le renforcement des fonctions de régulateurs indépendants qui sont essentiels pour assurer un fonctionnement efficient des marchés relatifs à certains secteurs tels la finance, les télécommunications, l’énergie , et ce, dans la perspective d’extension de ce mode à d’autres secteurs comme l’eau, les transports, le foncier, l’enseignement, etc. ;
-L’élimination de l’économie de rente ;
– L’intégration de l’informel par une logique incitative, progressive et adaptée à la nature des acteurs.
-Quid des propositions que vous considérez comme spécifiques pour mieux réguler les différents marchés de notre économie ?
Le rapport sur le NMD a émis un ensemble de propositions visant à réformer notre système de production de valeurs marchandes.
Ces propositions peuvent être différenciées, à des fins pédagogiques, en deux principales catégories.
La première catégorie concerne les réformes d’ordre « paramétriques ».
Quant à la seconde catégorie, elle concerne les réformes d’ordre « techniques ».
–Qu’est-ce que vous entendez par réformes « paramétriques » ?
Il s’agit du qualificatif qui me semble le plus approprié pour conceptualiser les propositions de modification de la configuration de certains marchés : mode de détermination des prix, degré de concurrentialité , etc.
Ces réformes concernent sept principaux marchés à savoir ceux de l’eau, l’énergie, la santé, les capitaux, le logement, les transports et les produits de base.
-Quid des réformes techniques ?
Ce qualificatif désigne le fait de maintenir la même configuration tout en opérant des réformes destinées à améliorer la qualité du produit objet du marché en question.
Cela concerne principalement le secteur de l’éducation qu’il s’agisse de celle primaire, secondaire, supérieure et professionnelle.