Lahcen Daoudi et Aziz Rebbah se sont prêté au jeu des questions réponses relatif à l’épineux dossier de la libéralisation des hydrocarbures lors d’une séance plénière consacrée à la discussion du rapport sur les prix des hydrocarbures.
La Chambre des Représentants a tenu une séance plénière consacrée à la discussion du rapport de la commission des finances et du développement économique sur la mission exploratoire temporaire relative à la détermination des prix de vente au public et la fixation des conditions de concurrence dans le secteur des hydrocarbures après la décision de la libéralisation des prix.
Il faut dire que c’est la première fois dans l’histoire de la Chambre des représentants qu’un tel exercice est à l’ordre du jour. L’enjeu de ce dossier épineux, qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines, est d’une importance capitale. Il a été question de mettre la lumière sur cette réforme qui tient en haleine toutes les composantes de la société. A ce titre, le mot d’ordre de cette séance a été de garantir une concurrence réelle du secteur depuis le puit jusqu’à la pompe. L’objectif étant de revoir le modèle actuel de libéralisation qui a plus profité à l’Etat et aux sociétés de distribution qu’aux citoyens.
Aujourd’hui le gouvernement a opté pour une approche participative visant à mettre de nouveaux mécanismes et mieux réguler le marché.
Plusieurs questions ont été soulevées par les différents partis politiques et auxquels le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi et le ministre de l’Energie, des Mines et du Développement durable, Aziz Rebbah ont tenté d’y répondre.
Période transitoire
Il y a quelques semaines, le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi, avait soumis au Chef du gouvernement une proposition consistant à une période transitoire de 6 mois prorogeable une seule fois par l’administration, comme le spécifie l’article 4 de la Loi sur la Concurrence. Une proposition que certains partis ont rejetée. « Ces 6 mois nous permettront, ensemble, de négocier et de débattre afin de trouver un nouveau modèle de libéralisation», a répondu Lahcen Daoudi. Un modèle plus équitable pour une politique de libéralisation plus avantageuse aux citoyens.
Proposition de réduction des impôts
Parmi les propositions pouvant impacter le prix à la pompe, la réduction des impôts. Toutefois selon le ministre Lahcen Daoudi, les conséquences d’une telle décision sur l’équilibre budgétaire de l’Etat seraient graves et pousseraient le pays à emprunter davantage de l’argent. «Malheureusement, nous n’avons pas d’alternative pour résorber le déficit car la marge de manœuvre de l’équilibre budgétaire est très minime », a précisé le ministre. Il a rappelé le contexte actuel marqué par une hausse du prix du baril qui a atteint environ 77 dollars non pas sans risque d’une éventuelle augmentation.
L’ouverture du marché
Certains parlementaires ont appelé le gouvernement à ouvrir la porte aux investisseurs dans ce domaine. Une revendication qui a interpelé Aziz Rebbah précisant que en un an et demi 9 de 20 sociétés ont eu l’autorisation préliminaire pour la distribution des hydrocarbures. Un temps record selon le ministre comparativement à ce qui se faisait auparavant. Pour y arriver, il a fallu simplifier la procédure d’octroi de ces autorisations en avalisant le stockage collectif, en éliminant la contrainte relative à la possession du foncier pour investir dans une station-service, en augmentant le quota d’ouverture des stations-service de 70 à 120 par an…
L’objectif étant d’attirer davantage d’investisseurs dans ce secteur et de créer un réel marché concurrentiel à condition, bien sûr, d’activer les institutions et les mécanismes qui veilleront à réguler le marché.
L’enjeu aujourd’hui est de taille notamment eu égard aux défis à relever sur le plan énergétique. Le ministre a rappelé les aléas du marché du pétrole que le gouvernement n’est pas en mesure de contrôler. Des aléas dont l’impact sur la facture énergétique sont conséquents. Chiffres à l’appui, la facture est passée de 16 Mds de DH en 2002, à 60 Mds de DH en 2008 jusqu’à atteindre 94 Mds de DH en 2012 (soit 10% du PIB national). Aujourd’hui et grâce aux efforts déployés dans le cadre de la Stratégie nationale énergétique, cette facture a diminué pour atteindre 45 Mds de DH en 2016 .
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