La Journée mondiale du Lymphome, un cancer encore très mal connu, est l’occasion pour sensibiliser les Marocains sur cette pathologie silencieuse. Le Pr Lahoucine Mahmal, Chef de pôle d’hématologie greffe de moelle Oncologie et du service d’hématologie greffe de moelle à l’Hôpital Universitaire Privé de Marrakech revient sur l’importance du dépistage précoce pour espérer combattre la maladie.
EcoActu.ma : Le Maroc célèbre aujourd’hui la Journée mondiale du Lymphome un cancer encore mal connu. Pouvez-vous nous parler de cette maladie, ses symptômes, son diagnostic, son traitement…?
Pr Lahoucine Mahmal : Le lymphome est un cancer du système lymphatique qui se développe aux dépens des lymphocytes. Les principaux symptômes sont les adénopathies, qui peuvent être cervicales, axillaires ou abdominales.
Cette maladie se manifeste par des atteintes de tous les organes de l’être humain : l’estomac, les tubes digestifs, la peau, le cerveau, les os etc. D’où la difficulté de faire parfois le diagnostic de cette maladie. Ce dernier se base en effet sur un examen histopathologique de l’organe atteint.
Par ailleurs, le diagnostic peut être soit une biopsie exérèse soit une biopsie de l’organe atteint. Un examen anatomopathologique est fait, puis le diagnostic est posé. Ainsi, Le traitement se base essentiellement sur la chimiothérapie. Mais, parfois on associe la radiothérapie et, dans certains cas, le malade aura besoin d’une autogreffe des cellules souches hématopoïétiques pour consolider les réponses et espérer de guérir la maladie.
Où en est le Maroc en matière de traitement du Lynphome ?
Le Maroc dispose de la grande majorité des molécules pour traiter ces maladies. Cela dit, nous souffrons parfois d’une pénurie de certains médicaments. Cela ne permet pas d’appliquer le protocole comme il se doit. Certains médicaments essentiels comme la « Vincristine » est souvent en rupture, ou encore la « Bléomycine » qui n’existe pas actuellement au Maroc. En résumé, les médicaments sont pour la plupart commercialisés au Maroc, mais certaines ruptures impactent le traitement et l’espoir de guérison du malade.
Quelles sont les avancées scientifiques, en matière de traitement de cette maladie ?
Les avancées scientifiques sont énormes. Elles ont bouleversé le pronostic de ces maladies, surtout l’immunothérapie qui entre dans le cadre du traitement du Lymphome B. Il existe également des immunothérapies pour les lymphomes T. Il y a une autre immunothérapie qui se fait pour une autre grande famille des lymphomes hodgkiniens, mais qui se fait en seconde ligne pour les lymphomes hodgkiniens en échec ou réfractaires à la chimiothérapie. Malheureusement, nous n’avons toujours pas cette molécule au Maroc.
Comment sensibiliser les citoyens sur l’importance du dépistage ?
Malheureusement, nous recevons beaucoup de malades dans des stades avancés. En effet, dans la majorité des cas (75% des cas), ces lymphomes sont révélés par des adénopathies. Ces adénopathies ne sont pas douloureuses et sont tolérées par le malade. Ce qui est plutôt dangereux, car la maladie s’étend dans l’organisme. On reçoit alors des malades à des stades tardifs. Ainsi, lorsque le malade constate des tuméfactions, il est essentiel de consulter les médecins, sensibilisés aux lymphomes.
Tout d’abord, je recommande à tout patient de consulter le médecin généraliste, en premier lieu. Ensuite, pour toute adénopathie qui est supérieure à 1,5 cm, et pour laquelle on n’a pas d’étiologies, et qui dure plus d’un mois, il faut absolument faire la biopsie exérèse pour poser le diagnostic précoce du lymphome et espérer la guérison.
A titre indicatif, dans les lymphomes b diffus à grandes cellules, si le diagnostic est précoce et bon (Stade 1, stade 2), le traitement se base sur 4 à 6 séances de chimiothérapie, et la guérison est garantie à 75%. Par contre, au stade 4, la chimiothérapie est longue et l’espérance de la guérison est réduite à 35- 45%, d’où l’intérêt majeur de faire des diagnostics précoces afin d’améliorer le pronostic de nos malades atteints de lymphomes.