La réduction d’un quart de la différence d’activité et d’accès au marché du travail entre les hommes et les femmes conduirait à une hausse du PIB par tête variant entre 5,7% et 9,9 %… c’est l’une des estimations des gains potentiels qui pourrait générer la réduction partielle ou complète des écarts basés sur le genre. Les détails.
Les pays de la région MENA, y compris le Maroc, enregistrent des taux de participation des femmes au marché du travail des plus faibles dans le monde (entre 20% et 30% en 2019). Les taux d’activité et d’emploi des femmes, dans cette région, sont notablement faibles non seulement par rapport aux pays occidentaux mais aussi par rapport au groupe des pays à revenu faible ou intermédiaire (le taux d’activité s’établit en moyenne entre 40% en Asie et 55% en Amérique latine et Afrique subsaharienne).
Au Maroc, selon le HCP, le taux d’activité s’établit en 2019 à 21,5% (contre 71% pour les hommes) et le taux d’emploi à 18,6% (contre 65,5% pour les hommes). Le Maroc accuse non seulement un retard par rapport aux niveaux mondiaux de participation des femmes à la population active, mais il enregistre également une tendance inverse, avec une réduction de 24% des taux d’activité depuis 2000.
Cette tendance n’est que partiellement attribuable à la conjoncture économique ou à d’autres facteurs structurels, au regard du fait que sur la même période, les taux d’emploi et d’activité des hommes n’ont reculé que de 4% et de 10% respectivement.
La faiblesse de l’accès des femmes aux opportunités économiques, induisant des pertes en points de croissance sous l’effet de la sous-utilisation de l’ensemble des potentialités humaines dont dispose le Maroc.
L’estimation des gains potentiels qui pourraient être générés moyennant la réduction des écarts de genre, en termes d’accès à l’activité, considérés comme des réserves de croissance économique jusque-là non encore utilisés, s’avère alors d’une grande utilité et, particulièrement, dans ce contexte marqué par une crise sanitaire sans précédent impactant considérablement l’autonomisation économique des femmes.
Pour ce faire, la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) relevant du Ministère de l’Economie et des Finances et de la Réforme de l’Administration, en partenariat avec le Centre d’Excellence de la Budgétisation au Genre (CE-BSG) et ONU Femmes, a élaboré une étude qui a pour objectif d’analyser les gains en termes de points de croissance économique résultant du renforcement de l’intégration des femmes dans le marché du travail, pas uniquement en raison d’un accroissement de la population active occupée, mais grâce aussi à la diversité apportée par cette mixité qui elle-même est susceptible d’accroître la productivité.
L’étude s’est, ainsi, appuyée sur l’analyse de l’évolution de la participation des femmes à la population active, au cours des deux dernières décennies, au Maroc et dans d’autres pays, en procédant à des croisements avec les performances économiques de ces pays.
L’objectif étant de situer le Maroc par rapport à d’autres pays en termes de réduction des inégalités de genre, particulièrement, en matière d’accès au marché du travail en lien avec les niveaux de développement affichés par ces pays.
L’analyse s’est, aussi, intéressée à l’étude de la répartition de l’emploi féminin et masculin par secteur d’activité, tout en mettant l’accent sur les facteurs susceptibles d’affecter l’accès des femmes à l’emploi au Maroc.
Principales estimations
Ainsi, une réduction d’un quart de la différence d’activité entre les hommes et les femmes conduirait à une hausse du PIB par tête variant entre 5,7% (en appliquant des mesures liées à la réduction des inégalités de genre dans le marché du travail mais excluant les politiques de promotion de l’égalité de l’accès à l’éducation) et de 9,9% (en adoptant des mesures complètes, incluant la réduction des inégalités de genre d’accès à l’éducation, qui impactent positivement l’activité des femmes).
Une réduction complète de l’écart d’emploi entre les femmes et les hommes, en éliminant les barrières à l’activité des femmes y compris celles liées à l’éducation, induirait une hausse du PIB par habitant de 39,5%.
La progression du PIB par habitant serait de 22,8%, en procédant uniquement à l’élimination des barrières à l’activité des femmes sans prendre en compte celles empêchant un accès équitable et jeunes filles et des femmes à l’éducation.
L’exercice de quantification conduit dans le cadre de cette étude a, ainsi, permis de faire ressortir le supplément de croissance additionnel qui pourrait être généré, à travers le relèvement conséquent du taux d’activité des femmes.
A ce gain économique potentiellement mobilisable s’ajoutent les effets induits sur le plan social, voire sociétal, et qui seraient de nature à impulser la dynamique de développement d’ensemble du Maroc.