Depuis quelques années, le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’économie numérique a placé la protection de la production nationale au cœur de ses priorités. Plusieurs mesures d’anti-dumping et de sauvegarde ont été prises dans différents secteurs industriels notamment acier, PVC, cahiers, bois revêtus…
Des décisions qui ne sont pas toujours faciles à prendre puisqu’elles concernent souvent des pays avec qui le Maroc a signé des Accords de libre-échange.
Sans oublier que les dossiers relatifs aux mesures anti-dumping sont lourds et requièrent une expertise très pointue pour les faire passer auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En plus du risque que cela comporte sur les relations économiques bilatérales avec les pays concernés par l’anti-dumping. Mais ce qui est sûr, c’est que le ministère ne lésine pas sur les moyens pour faire face à une concurrence déloyale qui risque de mettre en danger la production nationale.
« Nous avons une orientation forte celle de protéger bec et ongles les opérateurs marocains contre des agressions anormales qui transgressent les règles de l’OMC et du libre-échange. Nous serons extrêmement fermes et intraitables », avait annoncé le ministre de tutelle, Moulay Hafid Elalami, en marge de l’Université d’été de la CGEM. Et d’ajouter qu’avec les mesures anti-dumping mises en place, notre pays est reconnu pour protéger ses intérêts lorsqu’il est agressé. Un message on ne peut plus clair de MHE qui souhaite enlever toute ambiguïté.
Toutefois, le ministre a tenu à préciser que cela ne veut pas dire qu’en agissant de la sorte, il protège des entreprises défaillantes. Mais il s’agit de respecter les règles de l’OMC dans les deux sens. Aujourd’hui encore, avec la publication dans le bulletin officiel de l’Arrêté conjoint du ministère portant application d’une mesure de sauvegarde sur les importations de panneaux de bois revêtus, le Maroc confirme sa détermination à défendre son tissu national.
Rappelons que la décision de l’application des mesures a été prise le 27 août 2019 et entre en vigueur à partir du 19 septembre soit depuis la publication dans le BO. Il s’agit de l’application d’un droit additionnel de 1,6 DH/KG pour une durée de 3 ans.
Plus précisément, ce droit sera appliqué aux quantités qui dépassent 26.460.000 Kg du 19 septembre 2019 au 31 juillet 2020, au-delà de 29.106.000 Kg du 1er août 2020 au 31 juillet 2021 et au-delà de 32.016.000 Kg du 1er août 2021 au 31 juillet 2022.
Dans l’annexe 2 dudit Arrêté, le ministère précise les pays développés qui sont exclus de ce droit additionnel. Cette mesure devrait protéger la production nationale en l’occurrence Cema Bois de l’Atlas, qui est le seul producteur de bois revêtus au Maroc et qui est à l’origine de la requête sur les mesures de sauvegarde.
Cela dit, cette politique de défense est perçue comme étant un signal fort de la part des pouvoirs publics en matière de protection des intérêts des opérateurs et investisseurs marocains.
Rappelons qu’un autre opérateur marocain à savoir la SNEP est également en attente de la décision de la tutelle sur sa requête pour la réouverture d’une enquête de reconduction des mesures antidumping sur les importations de PVC originaire des USA qui a été approuvée en décembre 2018.
Aujourd’hui, les industriels qui se sentent lésés par une concurrence étrangère déloyale sont plus confiants et n’hésitent pas à saisir le ministère pour prendre les mesures qu’il faut à l’encontre des importateurs qui ne respectent pas les règles d’une concurrence saine et loyale.