En vue de répondre au souci d’amélioration des conditions de vie des migrants, le HCP a entrepris depuis 2018-2019 la réalisation d’une enquête sur la migration internationale. Aujourd’hui le HCP nous livre les premiers résultats de la seconde phase de l’enquête relative aux migrants forcés.
Le cadre du programme de coopération MEDSTAT, mis en œuvre dans les pays du sud de la Méditerranée, a porté sur les Marocains Résidant à l’Etranger, les migrants de retour et les intentions d’émigration des marocains non migrants.
Dans cette seconde phase, le HCP se penche sur les migrants forcés âgés de 15 ans et plus comprenant les migrants en situation administrative irrégulière, les migrants régularisés, les réfugiés et les demandeurs d’asile au Maroc. Elle s’est focalisée sur les migrants originaires de l’Afrique subsaharienne et d’autres nationalités forcées par les circonstances de se trouver sur le territoire marocain (syriens, libyens, irakiens et autres).
L’enquête a couvert un échantillon de 3000 migrants répartis en 2200 migrants régularisés ou en situation irrégulière et 800 réfugiés ou demandeurs d’asile.
L’échantillon des réfugiés et demandeurs d’asile a été tiré à partir de la base de données fournie par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Celui des migrants irréguliers ou régularisés a été tiré en utilisant la méthode des quotas basée sur les structures des migrants ayant bénéficié des opérations de régularisation selon les villes, le sexe, l’âge et le pays d’origine.
La collecte des données a été réalisée au cours du premier trimestre de 2021 en combinant le mode d’interview par téléphone et en face à face, et en utilisant la méthode de collecte assistée par tablettes.
Cette note présente les premiers résultats de cette enquête, portant sur les caractéristiques sociodémographiques des migrants, les trajectoires et itinéraires migratoires, la situation administrative des migrants, les conditions et les raisons d’entrée au Maroc, la situation vis-à-vis du marché du travail, les sources de revenu, les intentions et perspectives migratoires, les perceptions et attitudes des migrants, les conditions d’habitation, la situation sanitaire et enfin, les comportements et attitudes pendant le confinement.
Trois migrants sur cinq sont des hommes
Presque trois migrants sur cinq sont des hommes (59,3%). Le taux de féminisation des migrants est de 40,7%. Il atteint son niveau le plus élevé parmi les migrants originaires de la République Démocratique du Congo (RDC) avec 53,8%, de la Côte d’Ivoire (53,6%), et le plus faible parmi ceux de la Guinée (27,6%), du Mali (29,9%) et de la Centre Afrique (32,8%). Les autres pays sont dans une situation intermédiaire.
Plus de huit migrants sur dix sont âgés de 15-44 ans
Un peu plus de deux migrants sur cinq sont des jeunes âgés de 15 à 29 ans (42,5%), les femmes sont relativement moins nombreuses que les hommes dans cette tranche d’âges, avec respectivement 39,4% et 44,7%. Une proportion presque équivalente des migrants est âgée de 30 à 44 ans (43,7%), avec une part relativement plus élevée parmi les femmes que parmi les hommes, respectivement 48,2% et 40,7%. La part des personnes âgées de 45-59 ans est de 12%, 12,8% parmi les hommes et 10,8% parmi les femmes. Enfin, une infime minorité est âgée de 60 ans et plus (1,7%) avec une proportion presque équivalente entre les hommes et les femmes.
Plus de la moitié des migrants sont célibataires
Un peu plus de la moitié des migrants (54,1%) sont célibataires et 36,2% mariés. Ces proportions sont respectivement de 55,7% et 38,2% parmi les hommes et de 51,7% et 33,2% parmi les femmes. Les divorcés représentent 3,7%, relativement plus parmi les femmes (5,6%) que parmi les hommes (2,4%). Enfin, ceux vivant en concubinage sont de l’ordre de 2,6%, 2,5% parmi les hommes et 2,7% parmi les femmes.
La taille moyenne des ménages des migrants au Maroc est de 4 personnes
La taille moyenne des ménages des migrants est de 4 personnes. Elle est plus élevée parmi les ménages sénégalais (6 personnes), syriens (5), et plus réduite parmi ceux d’origine centrafricaine (3), camerounaise (3) et ivoirienne (3).
Plus du quart des migrants a atteint le niveau d’enseignement supérieur
Au moment de l’enquête, un peu plus d’un quart des migrants (27,3%) ont atteint le niveau d’enseignement supérieur, relativement plus parmi les hommes (30,6%) que parmi les femmes (22,5%). La part de ceux ayant le niveau secondaire qualifiant est de 23,5%, le niveau collégial 19% et le niveau primaire 17,2%, sans différence significative entre les hommes et les femmes. La part des migrants n’ayant aucun niveau d’éducation est de l’ordre de 12,8%, relativement plus parmi les femmes (16,4%) que parmi les hommes (10,3%).
Un migrant sur 7 a reçu une formation professionnelle au Maroc
Près du tiers (31,8%) des migrants ont reçu une formation professionnelle dans un établissement de formation professionnelle ou dans une structure associative, 17,3% dans leur pays d’origine, 13,9% au Maroc et 0,6% dans d’autres pays.
Les ressortissants de la RDC viennent en tête des migrants ayant suivi une formation professionnelle avec 53%, suivis par les centrafricains (46,3%), les ivoiriens (42,5%) et les camerounais (41,3%). Les plus faibles proportions sont enregistrées parmi les syriens (11,4%), les maliens (18,9%) et les yéménites (19,4%).
Presque les deux tiers des migrants sont arrivés directement au Maroc
Presque les deux tiers des migrants (61,2%) sont arrivés directement au Maroc de leur pays d’origine, les femmes (65%) relativement plus que les hommes (58,7%). Près de 38,8% ont déjà vécu dans d’autres pays pendant trois mois ou plus en dehors de leur pays d’origine et du Maroc, dont 22,8% dans un seul pays, 10,1% dans deux pays, 4,2% dans trois pays et enfin 1,8% dans quatre pays et plus.
Il y a lieu de noter que près de 5,8% des migrants ont résidé au Maroc plus d’une fois, relativement plus parmi les hommes (6,5%) que parmi les femmes (4,8%). Les migrants arrivés au Maroc pour la première fois représentent 94,2%.