A l’origine, le Maroc est principalement un pays d’émigration. L’émigration marocaine vers l’étranger est ancienne. Le nombre des Marocains résidant à l’étranger est estimé à plus de 5 millions.
Au cours des dernières années, le Maroc est devenu aussi un pays de transit et d’immigration. Le recensement général de la population et de l’habitat de 2014 en a compté 86000. L’immigration en provenance du Sud, notamment des pays subsahariens, a eu tendance à augmenter récemment. Ce qui a amené le Maroc à adopter une politique nationale d’immigration et d’asile depuis la fin de 2013 et à procéder notamment à deux opérations de régularisation de quelque 50.000 étrangers entre 2014 et 2018.
En 2018-2019, le Haut Commissariat au Plan a réalisé l’enquête nationale sur la migration internationale. Dans la première phase de l’enquête, dont les résultat son analysés dans ce rapport, porte sur la propension à émigrer des non-migrants, les migrants actuels et les migrants de retour. La seconde phase porte sur la migration forcée.
Bref aperçu sur la méthodologie
L’enquête nationale sur la migration internationale a ciblé un échantillon représentatif de ménages par rapport aux phénomènes de la migration internationale. Cet échantillon, établi sur la base d’un dénombrement actualisé sur le terrain au moment de l’enquête de près de 109.000 ménages, est constitué de 15076 ménages, dont 8144 ménages de migrants actuels, 4072 ménages de migrants de retour et 2860 ménages de non-migrants.
La collecte des données sur le terrain s’est étalée du mois d’août 2018 au mois de janvier 2019, sur la base d’un entretien direct avec les ménages et ensuite des personnes éligibles des différents types de migrants, à l’aide d’une méthode assistée par informatique.
Déterminants de l’intention d’émigrer
L’intention d’émigrer varie, de manière significative, entre les deux sexes. Elle est supérieure chez les hommes avec 28,6% contre 17,7 % chez les femmes.
Selon le type de ménages, les hommes appartenant à des ménages avec migrants ont une intention d’émigrer supérieure à ceux appartenant à des ménages sans migrants, 37,8% contre 28,4%. En revanche, l’intention d’émigrer des femmes appartenant à des ménages avec migrants est légèrement inférieure à celle des femmes issues de ménages sans migrants, soit respectivement 16,1% et 17,7%.
L’intention d’émigrer diminue avec l’âge, les jeunes exprimant un désir important de quitter le Maroc alors que ceux plus âgés sont moins souvent tentés par la migration internationale. Ainsi, elle passe de 40,3% pour les 15-29 ans à 10,3% pour les 45-59 ans.
Elle varie aussi fortement selon le statut matrimonial des personnes non-migrantes. Elle est très élevée pour les personnes seules, célibataires (40,4%), divorcées (34,7%) et séparées (75,7%) alors qu’elle est seulement de 12,7% pour les personnes mariées.
L’éducation a également un effet important sur l’intention d’émigrer. Ainsi, elle augmente régulièrement jusqu’à la fin du secondaire. Alors qu’elle est de 12,4% seulement pour ceux qui n’ont pas reçu d’éducation, elle double (24, 6%) pour ceux qui ont le niveau du primaire et monte jusqu’à 30,5% pour le secondaire qualifiant. Elle baisse ensuite pour le supérieur (20,7%). Elle est la plus élevée pour ceux qui ont reçu une formation professionnelle (40,6%). La différence selon le type de ménage est perceptible notamment pour ceux ayant atteint la fin du secondaire ou bénéficié de la formation professionnelle, où l’intention d’émigrer est plus élevée dans les ménages non migrants que dans les ménages migrants, respectivement 30,7% contre 24,9% et 40,7% contre 36,7%.
Voir l’intégralité du rapport ICI