Le Centre marocain de conjoncture tâte le pouls des opérateurs économiques sur la nécessité de la refonte du modèle économique actuel au Maroc.
Si les raisons différent chez les opérateurs économiques et si le rôle de l’Etat n’est pas perçu de la même manière, ils sont pourtant unanimes à souligner que le modèle actuel est à bout de souffle.
Evaluer la pertinence du modèle de développement économique a fait l’objet d’une enquête réalisée au cours du premier trimestre de l’année 2018 par le Centre Marocain de Conjoncture. Il est utile de rappeler que depuis le discours du Souverain en octobre 2017 sur la nécessité de la refonte du modèle économique, les analyses et les commentaires vont bon train. Même la presse internationale en a fait les choux gras.
Parmi les critères proposés aux industriels enquêtés, celui qu’ils mettent en première position, pour juger la pertinence d’un modèle de développement, est sa performance économique et financière, suivie de sa capacité à contribuer efficacement au développement social. Ensuite viennent dans l’ordre la qualité des institutions du pays, les progrès au niveau de la répartition et de l’équité et de la justice sociale et la diversification de ses structures productives.
Un autre critère se veut aussi d’une importance cruciale est le niveau de la productivité et de la compétitivité ainsi que la capacité à faire face aux changements du contexte et la protection de l’environnement de manière durable. En ce qui concerne, ces différents critères, les opérateurs économiques marocains sont à 97,5% à penser que le modèle de développement actuel a atteint ses limites et qu’il doit nécessairement évoluer pour plus d’efficacité.
Les raisons invoquées par la quasi-totalité des industriels soulignant l’essoufflement actuel du modèle de développement actuel et la nécessité de procéder à sa transformation s’expliquent par la persistance des inégalités sociale et territoriale, la faiblesse de la capacité de création d’emploi et l’aggravation du chômage, l’essoufflement de la croissance, la déficience du système de gouvernement, l’insuffisance de la compétitivité et faiblesse du secteur exportateur…
Les options stratégiques proposées par les sondés
Dans le cas d’une éventuelle révision du modèle de développement de l’économie nationale, la proposition est majoritairement portée sur une stratégie combinant le développement du marché intérieur et l’intégration des marchés internationaux, soit 85,7% des industriels sondés. 28,6% seulement proposent une stratégie de compétitivité, d’ouverture, d’intégration des marchés internationaux et d’exportation et 11,9 % qui n’écartent pas une stratégie axée principalement sur le développement du marché intérieur.
En ce qui concerne les objectifs qui paraissent prioritaires, 75% des patrons marocains évoquent en priorité le développement régional et la réduction des inégalités. L’amélioration des performances économiques et la convergence vers les standards des pays émergents viennent en deuxième position. Ils représentent respectivement environ 59,5% et 54,8% des enquêtés.
Quel rôle pour l’Etat ?
Le rôle que l’Etat devrait jouer dans le nouveau modèle de développement de l’économie marocaine est, surtout celui de facilitateur, de régulateur, de partenaire et d’accompagnateur des initiatives privées. Cet avis est confirmé par 66,7 % des responsables d’entreprises au Maroc. Un Etat intervenant par le biais du secteur public dans l’économie (Etat développeur) n’est apprécié que par 23,8 % des personnes sondées alors qu’un Etat fixant les choix stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (Etat stratège) est souhaité par 50% des opérateurs.
Pour ce qui est des secteurs à dynamiser davantage dans le cadre d’un nouveau modèle de développement, le secteur industriel et les activités de service viennent en priorité.