Ecrit par Imane Bouhrara |
Ce 30 juillet marque le 22ème anniversaire de l’accession du Roi Mohammed VI au Trône. Une année qui marque un tournant avec l’enclenchement de nouveaux chantiers stratégiques qui rythmeront la vie du pays pour les prochaines années et replaceront sa trajectoire de croissance sur les bons rails.
Force est de constater que les prémices du tournant qui s’opère cette année 2021 dans la vie du Maroc étaient palpables dans différents discours du Roi tout au long de ces dernières années soulevant différents dysfonctionnements qui entravent le développement harmonieux du pays, notamment le discours d’octobre 2017 où le Souverain avait appelé à la révision du modèle de développement du Maroc.
Ou encore le discours du trône du 30 juillet 2018, dans lequel Mohammed VI annonce la mise en place du registre social unique regroupant tous les programmes sociaux.
Régulièrement donc, le Roi appelait à une meilleure cohérence et convergence des politiques publiques, à l’amélioration des indicateurs socio-économiques du pays, à l’inclusion sociale ou encore à la sincérité de l’action politique en faveur des citoyens en interpellant les acteurs politiques.
Il y a lieu de s’attarder sur deux principaux axes stratégiques futurs qui sont d’ailleurs identifiés dans le discours du Roi en octobre dernier à l’ouverture de la session d’automne du Parlement : la stimulation de l’activité économique et le renforcement de la protection sociale.
Le plan de relance économique repose sur la création du Fonds d’investissement stratégique baptisé « Fonds Mohammed VI pour l’Investissement ». Il est appelé à jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l’investissement et le relèvement des capacités de l’économie nationale.
Il interviendra pour doter les secteurs productifs du soutien nécessaire et pour financer et accompagner les grands projets envisagés, dans le cadre de partenariats public-privé.
Dans ce sillage l’action même de l’Etat à travers les établissements et entreprises publics (EEP) est revue de fond en comble pour accompagner cette relance.
Rappelons à juste titre que le Conseil des ministres présidé par le Roi Mohammed VI le 28 juin 2021 a adopté deux importants projets de loi-cadre, celui relatif à la réforme fiscale et celui relatif à la réforme des EEP.
L’action publique est appelée ainsi à une profonde refonte vers plus de cohérence, d’efficience, d’encouragement de l’initiative économique privée et une prestation de qualité aux citoyens.
Nouveau modèle de développement : un nouveau souffle ?
La question économique et le rôle de l’Etat figurent dans le rapport remis le 25 mai 2021 par Chakib Benmoussa, le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement, au Roi Mohammed VI. Les propositions dans ce sens cadrent avec les chantiers stratégiques précités dans ce sens où la commission recommande la sécurisation de l’initiative privée et vise à garantir des règles stables et impartiales à tous les opérateurs économiques qui doivent trouver dans l’administration publique un partenaire de confiance. Le rapport réitère l’importance de la commande publique comme levier stratégique de développement productif.
Cette recommandation émane du constat du manque de cohérence verticale entre la vision de développement et les politiques publiques annoncées et la faible convergence horizontale entre ces politiques. L’absence d’une vision stratégique globale et à long terme, partagée et assumée par tous les acteurs de la gouvernance publique, ainsi que des réformes élaborées en silos, sans repères ou référentiels lisibles ne favorisant pas la cohérence d’ensemble autour de priorités compatibles avec les ressources réellement disponibles et les capacités effectives des acteurs.
Le rapport souligne l’impératif de changement en désignant plusieurs axes actuellement en débat dans la société, mais la réalisation de ses ambitions à l’horizon 2035 reste tributaire des mesures concrètes qui seront contenues dans le pacte nationale de développement actuellement entre les mains des acteurs politiques.
Dans ce sens, il y a lieu de rappeler que le mécanisme de suivi du changement que doit impliquer le NMD est mis sous l’autorité du Roi Mohammed VI.
Généralisation de la protection sociale : véritable révolution sociale
La crise sanitaire a mis à nu la défaillance des filets sociaux au Maroc laissant des milliers de ménages à la marge et en proie à la paupérisation et portant un coup dur à la cohésion sociale au Maroc.
Malgré le contexte économique très difficile en raison des séquelles du Covid-19, des défis de financement, le Roi a lancé de chantier de généralisation de la protection sociale lors d’une cérémonie tenue le 14 avril 2021.
Un chantier colossal qui nécessite des financements colossaux. En effet, il prévoit la généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO) au profit de 22 millions de bénéficiaires supplémentaires et des allocations familiales au profit d’environ 7 millions d’enfants scolarisés, en plus de l’élargissement de la base des adhérents aux régimes de retraite pour inclure environ 5 millions de personnes, qui exercent un emploi et ne bénéficient d’aucune pension, ainsi que la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi, pour couvrir toute personne exerçant un emploi stable… à horizon 2025.
L’estimation de l’enveloppe financière nécessaire à sa réalisation, à l’horizon 2025, serait de l’ordre de 51 milliards de dirhams, en moyenne annuelle. Les prévisions répartissent ce coût par source de financement en une enveloppe de solidarité de 23 milliards de dirhams qui seraient pris en charge par le Budget général de l’État, le reste, soit 28 milliards de dirhams seraient pris en charge par la participation des affiliés.
Un chantier qui nécessite une mise à niveau du système de santé national en réduisant les disparités spatiales, le comblement du déficit des ressources humaines, mais aussi la réforme du système de compensation et la mise en œuvre du Registre Social Unique.
Et l’exécutif prochain sera tenu d’atteindre les premiers objectifs assignés à ce chantier à l’horizon 2022.