Les secteurs qui ont le plus longuement pâti des restrictions édictées en raison du Covid-19 comme le transport touristique, n’ont de cesse réclamé des mesures de soutien et des moratoires qui s’inscrivent dans la durée, leur activité étant à ce jour quasiment à l’arrêt.
Interpellé sur la suite donnée aux doléances des opérateurs touristiques mais aussi des transporteurs touristiques à l’issue de la réunion tenue il y a quelques semaines sur les créances en souffrance et les impayés, le Wali de Bank Al-Maghrib a rappelé que le principe de cette réunion était de se réunir autour d’une même table, examiner les doléances et voir ce qui peut être fait.
« Parce que la liste des demandes des opérateurs du transport touristique est longue : de l’abandon des intérêts intercalaires, les échéances fiscales, la suspension des poursuites judiciaires, etc. nous avons demandé à examiner les dossiers. En tout et pour tout, nous avons reçu 1.400 dossiers que nous avons analysés et répartis par catégories : entres les sociétés qui n’avaient aucun lien avec des banques, d’autres en contentieux avec les banques bien avant la crise sanitaire et bien évidemment celles impactées par la crise du Covid-19 », explique Abdellatif Jouahri.
Sur la résilience du secteur du transport touristique, il rappelle qu’il est essentiellement composé de TPE et pas de PME, donc évidemment l’impact est terriblement difficile.
Il faut rappeler à ce niveau que les transporteurs touristiques ou encore le secteur de location de voitures, décrivent un contexte chaotique d’accumulation des impayés bancaires en raison de plusieurs mois d’inactivité, des contentieux et même des saisies de la part des organismes de crédit.
« Une commission a été mise en place pour étudier les possibilités qui peuvent s’offrir à chaque catégorie et avec laquelle nous travaillons en étroite collaboration, pour trouver les solutions appropriées. Mais ces opérateurs doivent comprendre que par exemple pour les intérêts intercalaires, ils ne peuvent être reportés sur l’ensemble de la période de la crise et que ces mesures comme pour d’autres secteurs sont circonscrites dans le temps », insiste Abdellatif Jouahri. Et de préciser que les transporteurs touristiques ne sont pas les seuls à demander la prolongation du moratoire, donc, « si vous ouvrez cette voie-là, vous aurez toutes les activités culturelles, l’évènementiel… » qui demanderont le même traitement.
« Vous imaginez bien l’impact sur le budget de l’Etat et les contraintes aussi pour les banques », explique le Wali de BAM.
Il estime que les banques peuvent apporter leur contribution mais à des cas qui peuvent être sauvés. « C’est ce qui ressort du benchmark avec d’autres pays sur cette crise : on sauve ce qui peut être sauvé », révèle Abdellatif Jouahri.
Le gouverneur nuance son propos en expliquant que le secteur bancaire est en attente des propositions de ladite commission sur ce qui peut être fait pour cette activité du transport touristique mais il insiste : il vaut mieux mobiliser les ressources qui sont parfois rares à aider à sauver ceux qui peuvent être sauvés et qui peuvent contribuer ultérieurement à la création d’activité et de croissance. Pour les autres, la crise aurait été une sorte de sélection naturelle.
La question est de savoir qui détient ce droit de vie ou de mort sur des activités économiques ? Les banques ou l’Etat ?