La guéguerre entre chauffeurs de taxi et les voitures de transport avec chauffeur est loin d’être terminée ! Interpellé sur la question par un député de son parti, le secrétaire d’Etat en charge du Transport, Najib Boulif, a annoncé lors de la séance publique des questions orales, que la problématique de mise en conformité de l’activité est sur le chemin de trouver une solution. Et d’ajouter que le ministère de tutelle planche sur le cadre légal à mettre en place pour ce qu’il a appelé le « transport mutuel ».
Il n’en a pas fallu moins pour le Bureau national du Syndicat national des chauffeurs de taxi de l’Union marocaine du Travail pour fustiger les propos du responsable gouvernemental, qui selon un communiqué du Syndicat devait mettre fin à cette activité déloyale « opérée par des entreprises transcontinentales via des applications ». Allusion faite à Careem, racheté en début d’année par Uber, la bête noire des chauffeurs de taxi.
Dans son communiqué, le syndicat dénonce une position qui va à l’encontre du dialogue social sectoriel mené avec le ministère de l’Intérieur pour restructurer le secteur et parer la situation sociale fragile des chauffeurs de taxi. Le syndicat qui assure que toute décision unilatérale sera vouée à l’échec, s’oppose formellement à toute autorisation ou mise en conformité de l’activité de ces « entreprises transcontinentale ». Dans son communiqué, le syndicat dénonce toute exploitation politicienne de la crise que vit le secteur pour justifier une telle décision et appelle les militants et adhérents à rester vigilants « face aux machinations et manœuvres dirigées contre les professionnels ».
Le communiqué rappelle à juste titre la crise du secteur, bien que ce qui menace l’activité mais également la vie des usagers ne sont pas les VTC, sachant que le secteur à l’instar des autres est ouvert à la libre concurrence pourvu qu’elle soit loyale ; mais bien le transport clandestin qu’on aurait aimé voir ce syndicat s’insurger contre ces tricycles qui envahissent les villes marocaines et transportent des personnes en toute illégalité et en menaçant la vie de ces usagers.
Ces tricycles dont le premier objectif était de créer une activité génératrice de revenue pour des populations vulnérables, sont devenus un danger public sur nos routes. Leurs conducteurs derrière des « vitres » fumées et les véhicules non immatriculés transgressent toutes les lois, notamment le Code de la route qu’ils enfreignent à volonté mais également la réglementation du transport au Maroc sans que personne ne réagisse. Et ce malgré le nombre important d’accidents qu’ils provoquent et la concurrence déloyale aux autres moyens de transport de personnes.
Un secteur problématique auquel s’ajoute la bataille que se livre l’Américain Uber et le Français Heetch sur le sol marocain. Un an après avoir suspendu son activité au Maroc, en février 2018, l’Américain Uber rachète Careem, en mars 2019. Le 21 du même mois, le Français Heetch, signataire d’un partenariat avec le Syndicat des taxis (UMT), saisit le Conseil de la concurrence et porte plainte contre Careem. On n’est pas sorti de l’auberge !