Malgré un contexte économique sérieusement impacté par la pandémie, l’offshoring a fait preuve de suffisamment d’agilité et de réactivité pour limiter les dégâts. Mais pour renforcer davantage sa compétitivité, il faut développer l’offshoring régional. Mimoun Chikhi, président du Pôle Offshoring de l’APEBI, revient sur les enjeux et les défis à relever mais aussi les réformes à mettre en place pour y arriver.
EcoActu.ma : Sans doute la crise sanitaire a impacté tous les secteurs d’activité. Qu’en est-il de l’offshoring ? Quel a été l’impact de la pandémie sur le secteur ?
Mimoun Chikhi : L’année 2020 a été compliquée comme pour beaucoup de secteurs. Cela dit, la crise sanitaire nous a permis de démontrer le rôle crucial du digital et de l’IT pour la continuité opérationnelle du pays, de son économie et surtout sa résilience. L’offshoring, malgré les difficultés, a fait preuve de suffisamment d’agilité et de réactivité pour limiter les dégâts.
En termes de CA et d’emplois, nous sommes à peu près à la même situation qu’en 2019, voire une légère baisse attendue cette année. La reprise observée lors du dernier trimestre a permis de compenser les pertes constatées lors de la période du confinement dû à la crise sanitaire.
Le Maroc est-il toujours compétitif par rapport aux autres pays de la région ? Quels sont les défis post-Covid à relever ?
En matière d’Offshoring, les prix proposés au Maroc sont restés constants. L’offre marocaine est aujourd’hui de plus en plus concurrencée par d’autres destinations, à savoir les pays subsahariens, pour le CRM particulièrement, et l’Europe de l’Est pour les autres métiers. Ces pays proposent en effet un accompagnement plus poussé.
Cela dit la résilience du secteur de l’offshoring au Maroc a été appréciée par les donneurs d’ordres. A nous de capitaliser sur cette capacité de résilience pour accroître notre attractivité en faveur de la destination Maroc. En effet, nous ne captons à ce jour qu’environ 1,5% de la taille du marché mondial de l’outsourcing relatif aux 5 écosystèmes (ITO, ESO, CRM, BPO et KPO).
Quels sont les défis post-Covid à relever ?
On peut relever quatre défis majeurs. D’abord renforcer la compétitivité territoriale, en se greffant à la dynamique de régionalisation avancée. Ensuite, assurer le déploiement effectif du nouveau contrat de performance 2021-2023, notamment à travers les nouvelles mesures incitatives. Troisièmement développer également des programmes de formation intensive sur les technologies futures, telles que l’IA, la transformation digitale etc. Et enfin, renforcer la durabilité du Télétravail au sein des entreprises.
Vous avez organisé un webinaire sur l’Offshoring régionalisé. Quelles sont les opportunités que l’on peut tirer ?
Grâce à ce webinaire, nous avons réussi à identifier plusieurs opportunités pour le développement du secteur de l’offshoring sur la Région de Fès-Meknes. Tout d’abord, améliorer l’accès aux gisements de compétences locales non mobiles sur l’axe Casablanca-Rabat. Par ailleurs, l’offshoring régional permettra une compétitivité locale grâce notamment à des coûts allégés du foncier, des salaires compétitifs et une meilleure qualité de vie. On pourra également bénéficier d’une plus grande stabilité des ressources humaines (Turnover maitrisé des talents au niveau des régions) et d’un retour sur investissement plus rapide des programmes de formation et de reconversion des collaborateurs des entreprises du secteur.
Quelles sont les réformes à mettre en place pour réussir la régionalisation du secteur ?
Tout d’abord, développer des compétences locales alignées sur la demande des cinq écosystèmes du secteur offshoring, tout en encourageant des profils expérimentés, intéressés par s’installer sur les régions. Ensuite, il est essentiel de capitaliser sur les forces et les spécialités de chaque région (type de formations, infrastructures disponibles, ressources humaines etc.) afin de tailler une offre sur mesure. Enfin, il s’agit aussi d’encourager l’implantation locale de leaders du secteur à travers des mesures incitatives spécifiques (fiscales, administratives, foncières, etc.)
Dans quelle mesure l’APEBI peut-elle accompagner la transformation digitale locale ?
L’APEBI peut accompagner la transformation digitale locale à travers la mise en place d’un modèle d’Écosystème digital pilote au niveau des régions. L’APEBI pourrait installer des antennes régionales de l’APEBI afin de fédérer les acteurs IT et offshoring locaux et accompagner l’ensemble des secteurs productifs de la région dans leur processus de transformation digitale. C’est dans cette dynamique que l’APEBI et le CRI de Fès-Meknès ont signé un MOU inédit.
Concrètement quelle est la finalité de ce Mémorandum d’entende?
L’ambition est de booster la digitalisation de la Région de Fès-Meknès afin d’accroître l’attractivité et la compétitivité territoriale.
Ce partenariat s’articule autour de trois axes principaux :
Assurer la mise en place d’un modèle d’Écosystème digital pilote au niveau de la Région Fès Meknès ;
Installer une antenne régionale de l’APEBI afin de fédérer les acteurs IT et offshoring locaux et accompagner l’ensemble des secteurs productifs de la région dans leur processus de transformation digitale ;
Faire du digital un levier d’attractivité et de compétitivité régionale, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
L’APEBI et le CRI Fès-Meknès joignent ainsi leurs efforts pour identifier les nouvelles niches de ce secteur en constante évolution, favoriser le développement de synergies et proposer un dispositif d’accompagnement dédié aux acteurs de l’écosystème régional.