Dans les quatre coins du monde, des milliers de personnes, si ce n’est des millions, se mobilisent depuis le 25 novembre en faveur d’un avenir meilleur, où les violences contre les femmes n’auraient plus leur place dans nos sociétés.
Cette date importante, qui commémore la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des Femmes, donne chaque année le coup d’envoi des 16 jours d’activisme visant à prévenir et éradiquer les violences basées sur le genre, à travers une action d’envergure mondiale destinée à renforcer la sensibilisation, adresser les défis et coconstruire des synergies positives entre gouvernement, société civile, acteurs économiques, …
Quelles soient de nature physique, sexuelle, psychologique ou encore verbale, les violences à l’égard des femmes représentent aujourd’hui l’une des formes d’agression les plus répandues dans le monde. Malheureusement, et surtout dans les sociétés conservatrices, c‘est également l’une des formes de violence qui sont le moins reportées, en raison d’une stigmatisation injuste des victimes, du regard de la société et du sentiment de honte qui en découle parfois…
Certaines formes de violence à l’égard des femmes sont plus insidieuses, mais leurs répercussions sont dévastatrices et peuvent affecter ces femmes durant toute une vie, ce qui rend ce constat encore plus préoccupant.
A titre d’exemple, le mariage des mineures, ou encore la limitation de l’accès des filles à l’enseignement, réduisent drastiquement leurs perspectives et leurs opportunités, les enfermant dans une vie terne où elles n’arriveront pas, pour la plupart, à s’épanouir, se construire et exprimer pleinement leur potentiel.
Plus grave, cela fera d’elles d’éternelles victimes, les facteurs de stress économiques étant l’une des principales causes des violences à l’égard des femmes – surtout depuis la pandémie.
Une récente enquête d’ONU Femmes, réalisée dans 13 pays dont le nôtre, a en effet mis en évidence un accroissement des violences contre les femmes, dont beaucoup affirment lutter au quotidien avec un sentiment grandissant d’insécurité.
Au Maroc, nous avons adopté en 2018 une loi contre les violences physiques, psychologiques, sexuelles et économiques à l’égard des femmes, que ce soit dans la sphère privée ou publique. En partenariat avec ONU Femmes, la Direction Générale de la Sûreté Nationale a procédé à une amélioration notable des services policiers et judiciaires destinés aux victimes de violence basée sur le genre.
Une action qui s’inscrit dans un cadre global où plusieurs initiatives, aussi bien officielles qu’émanant de la société civile, convergent en faveur de la préservation et de l’amélioration des droits des femmes marocaines.
Bien du chemin a été parcouru et nous pouvons être fières des réalisations en la matière, surtout en termes de représentativité dans les sphères politiques, économiques et culturelles. Néanmoins, il est plus que jamais nécessaire d’adopter des approches globales et inclusives, qui s’attaquant aux racines du mal. Ce qui nécessite un effort considérable, surtout en termes de législation, d’autonomisation et de prévention : adoption de nouvelles lois, ratification de conventions internationales, soutien économique, programmes et lignes de financement spécifiquement conçus, centres d’écoute et d’accompagnement… aux-côtés de campagnes de sensibilisation visant à remodeler les stéréotypes et normes sociales préjudiciables aux femmes, principalement par le biais du système éducatif et des médias.
L’enjeu est global et il est de la responsabilité de nous tous, Femmes et Hommes, d’œuvrer de concert en faveur d’une société plus inclusive où ce fléau n’aurait plus droit au chapitre. Car ne nous y trompons pas, si cette forme de violence est basée sur le genre, ses conséquences, elles, vont bien au-delà et affectent notre société dans son ensemble.
Nous en payons tous le prix, hommes et femmes, et il est plus que temps d’y remédier si nous voulons léguer à nos enfants, filles et garçons, un monde meilleur que celui dans lequel nous avons grandi…
Par Hind Khatir
Directrice communication chez Société Générale Maroc