La deuxième édition du Forum des Femmes Journalistes d’Afrique « les Panafricaines » qui se tient les 26 et 27 octobre à Casablanca, se consacre à un sujet qui cristallise les opinions publics et qui donne parfois lieu à un traitement médiatique biaisé : Les migrations !
Les deuxièmes Panafricaines qui réuniront 204 journalistes de 54 pays africains consacrent le débat sur la question brûlante des « Migrations africaines : Une chance pour le continent, une responsabilité pour les médias ». La conférence de presse de présentation de cet événement continental, animée par Salim Cheikh, Directeur Général du Groupe 2M, et Fathia Elaouni, Rédactrice en Chef Principale, en charge de l’Antenne de Radio 2M, a été l’occasion de cerner l’objectif que s’assignent les organisateurs.
Salim Cheikh plante d’emblée le décor : 86% de la migration mondiale est accueillie par les pays en développement et 80% de la migration africaine s’opère entre pays africains. Pourtant, le traitement réservé à cette question est souvent alarmiste, dramatique, biaisé par les enjeux politiques de la question… Salim Cheikh cite d’ailleurs le président français, Emmanuel Macron qui révélait « qu’il n’y a pas une crise migratoire, mais une crise politique ». La migration est devenue un épouvantail qu’on agite comme source des problèmes. Une idée relayée, par méconnaissance, par suivisme, par paresse ou par instrumentalisation par les médias occidentaux où le migrant est dépeint comme source de tous les maux. Du coté Sud de la rive méditerranéenne, quasiment le même discours est repris. Au mieux, la migration est traitée dans son aspect le plus sombre, le plus dramatique… une réalité certes, mais les autres aspects de la migration, notamment les opportunités de développement, de richesse et de diversité sont souvent occultés.
La thématique revêt d’autant plus d’intérêt à la lumière du rôle du Royaume en la matière au niveau du continent, notamment au sein de l’Union africaine. Fathia Elaouni cite d’ailleurs à juste titre le discours du Roi Mohammed VI, prononcé à Addis-Abeba lors du Sommet africain en janvier dernier. Le Roi déclarait « Il est temps de déconstruire, « un à un » les mythes associés à la migration [ …] (qui) est un phénomène naturel qui constitue la solution et non pas le problème ». Un texte de référence pour cette deuxième édition des Panafricaines dans la mesure où une grande responsabilité incombe aux médias.
Dans ce sens, l’événement se fixe nombre d’objectifs notamment la correction de l’image du migrant aux yeux des opinions publiques, que ce soit en Afrique ou dans le reste du monde et le plus important est le renforcement des capacités des Panafricaines souhaitant développer une expertise sur les questions migratoires, et ce dans le cadre d’une approche solidaire et concertée.
A cet effet, un programme très studieux a été concocté et les ateliers qui se tiendront à huis clos devront donner lieux à des actions concrètes. Tout au long aux deux journées de travail, le programme permettra aux Panafricaines d’échanger autour de diverses thématiques liées à la problématique centrale de l’événement et de formuler des propositions concrètes. Ces ateliers qui traiteront de tous les aspects liés à la complexe question migratoire « constitueront le socle fondateur d’un plan d’actions concrètes pour placer les questions liées à la migration au cœur des préoccupations des opinions publiques du continent », assurent les organisateurs. Les Panafricaines devront d’ailleurs à l’issue des deux jours établir les priorités du plan d’action 2018-2019.
Cette conférence a été l’occasion pour le directeur de 2M de dévoiler le lancement d’un nouveau magazine hebdomadaire « Le continental », qui enrichira la grille des programmes dès ce mois de novembre et qui justement met un point d’honneur à assurer un traitement plus équilibré à cette question, par le biais de journalistes marocains et africains. Le magazine permettra de dévoiler des aspects insoupçonné de la migration dans son aspect le plus positif et n’omettra pas non plus de traiter l’actualité aussi accablante soit-elle.