Ecrit par S. Es-Siari |
Le recours au partenariat public-privé (PPP) s’est imposé davantage en 2021 pour remédier un tant soit peu aux conséquences désastreuses de la pandémie qui a révélé au grand jour les défaillances de certains secteurs névralgiques tels que la santé. Le PPP va permettre par ailleurs de faire face aux financements lourds exigés pour assurer la relance.
« Une solution présumée comme appropriée, devant les contraintes budgétaires astreignantes et le niveau incompressible de la dette, pour soutenir la réalisation, l’exploitation et la maintenance, dans une association avec des opérateurs et investisseurs privés », expliquent les analystes du CMC dans une récente analyse sur les enjeux des PPP.
A ce titre, il est utile de rappeler que le Nouveau modèle de développement a relevé que le secteur privé au Maroc n’arrive pas à remplir sa part de marché pour améliorer le taux de croissance. Le NMD considère ainsi que celui-ci a un rôle primordial à jouer, sous de multiples facettes, comprenant la production des richesses, la création d’emplois et l’enrôlement dans la responsabilité sociale et environnementale. A lui seul, le secteur public n’arrive pas à atteindre les objectifs escompté comme en atteste l’indice ICOR qui reste relativement élevé.
Une étude récente du HCP a montré que l’Indice ICOR au Maroc est élevé par rapport à un échantillon de référence. Ce qui signifie que l’investissement reste peu efficace.
L’État investisseur, pour sa part, a besoin, pour accomplir sa mission de s’appuyer sur un secteur privé créatif, flexible, capable de relever les défis et clairvoyant dans la prise des risques. « Le promoteur privé est invité à être davantage responsable, plus entreprenant, disposé à prendre part à l’effort d’inclusion et de protection sociale, en investissant dans une démarche Win-Win avec les territoires ».
Dans ses recommandations, le NMD prescrit une orientation des investisseurs à destination des activités productives, avec un ferme soutien aux PME. Pour ce faire, un système adéquat d’incitation publique doit être instauré pour mieux drainer les investissements à des fins de transformations productives.
Aussi et dans le même sillage, une réforme du système incitatif est à examiner selon trois axes principaux : une refonte des instruments adaptés au ciblage des activités génératrices de valeur ; une révision des critères d’éligibilité dans le sens de l’encouragement des porteurs de projets, en particulier ceux traitant de la petite et moyenne entreprise et surtout ; un renforcement de l’appariement des mesures d’encouragement aux objectifs escomptés en termes d’emploi, d’investissement et autres intégration et transfert technologique de savoir-faire…
Une évaluation ex ante des anticipations programmées et ex post des réalisations effectives du projet, doit être standardisée, pour expertiser l’efficacité et l’efficience de l’affectation des aides publiques aux entreprises. Sur le plan financier, les conjoncturistes insistent sur la création d’instruments propres à des diversifications productives, ayant pour but de valoriser les potentialités nationales, en partenariat avec des entreprises de nouvelles créations ou en voie d’extension.
Une forme de capital-risque destiné à servir d’effet-levier, en renforçant l’aptitude des entreprises à accéder à des financements additionnels sur le marché. Ce dispositif est susceptible d’être incorporé dans le Fonds Mohammed VI, comme module complémentaire, pour fortifier les synergies avec les établissements publics à caractère financier.
« Une manière qui pourrait contribuer à une évolution de ce fonds vers une banque publique d’investissement, à même de polariser l’ensemble des stimulants destinés aux entreprises : investissement, financement, garantie, promotion… « notent les conjoncturistes.
Parallèlement, la Commission en charge du NMD préconise la mise en place d’un système d’enseignement universitaire, de formation professionnelle.
Le but étant de former et de densifier les compétences nécessaires au développement dans les secteurs publics et privés, afin de galvaniser la créativité et la culture qui permettraient « l’éclosion d’une société innovante et prospère, arrimée à l’économie du savoir ». La formation d’excellence, sous-tendue, doit s’inscrire dans des approches de partenariat avec le secteur privé qui pourrait prendre part à la conception et à la gestion des formations, pour mieux orienter le lauréat vers l’employabilité.
Les propositions, de la Commission du NMD, s’étendent pour solliciter une coopération publique privée, pour considérer les services et infrastructures d’une santé performante et résiliente comme un droit des citoyens et un devoir primordial de l’État envers ceux-ci. L’accompagnement du renforcement global de l’offre de soins gagnerait à être soutenu par l’innovation de l’entreprenariat productif.
Quel potentiel exploiter ?
Le partenariat public-privé peut être, également, mis au service de l’hôpital public eu égard à son rôle essentiel dans l’écosystème sanitaire.
D’une manière générale, la Commission prône une modernisation de la gouvernance selon une vision intégrée de l’action sociale.
Concernant le parachèvement du chantier de la régionalisation avancée, le NMD prévoit, comme une nécessité, un raffermissement des ressources financières des collectivités territoriales, magnifié par une diversification et une mutualisation intercommunale, conduites par des ressources humaines à capacité affermie et surtout, tonifiées par un partenariat public-privé.
Les domaines d’application, tels qu’évoqués dans le rapport général pourraient comprendre : les travaux de construction et de maintenance du réseau routier provincial et communal ; l’optimisation de la logistique régionale de mobilité et de transport ; les sociétés régionales de distribution d’eau et d’électricité ; les marchés de gros ; les abattoirs régionaux et autres halles aux poissons… La collaboration, du privé avec les territoires, peut être étendue, avantageusement, aux zones d’activité économique, en articulation avec les projets susnommés et en coordination avec les différents acteurs porteurs des programmes s’agissant des pouvoirs publics, des promoteurs et des représentants de la société civile.
PPP : les préalables à la réussite
Les économistes s’accordent à dire que les préalables de la réussite des PPP sont intimement liés à un cautionnement politique, qui serait adossé à une stratégie de l’État explicitant formellement les objectifs qui seraient définis selon une approche participative.
Les projets, à valider, doivent être légitimés par des perspectives d’impacts socio-économiques probants et couverts par une forte implication des pouvoirs publics au stade de l’étape de mise en œuvre. Ils peuvent faire l’objet de contrats de gestion déléguée, de contrats de concession ou encore d’un arrangement hybride du type société de développement local…
Aussi, faut-il rappeler que l’implication du secteur bancaire est indispensable et l’apport, de ce dernier, nécessite un cadre contractuel et de garanties pour pousser les banques à s’inscrire sur cette dynamique.
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