Après avoir dirigé la coalition gouvernementale durant deux mandats consécutifs, le Parti de la justice et du développement (PJD) s’est effondré après le séisme électoral imprévu à l’occasion des élections communales, régionales et législatives du 8 septembre.
Le parti a à peine décrocher 13 sièges à ces élections législatives alors qu’il était sorti vainqueur des précédentes législatives de 2011 ou 2016. Il avait remporté un succès électoral quand il avait surfé sur la vague du printemps arabe en 2011, alors que les Marocains réclamaient le changement.
Par ce vote sanction, pourrait-on dire que le PJD a connu une cinglante défaite qui l’a fait retourner des années en arrière ?
A vrai dire, le parti au référentiel islamique, a subi une spectaculaire déroute. Il est passé de 125 sièges dans l’assemblée sortante à 12 au profit de partis libéraux, avec en tête le Rassemblement national des indépendants (RNI) qui a remporté 102 sièges à ces consultations démocratiques, saluées unanimement par la communauté internationale.
Donc, il n’est plus question de dire que le quotient électoral a visé à fragmenter davantage le champ politique et à diluer l’influence du PJD.
L’ampleur de la défaite était inattendue dans la mesure où les analystes et les observateurs ne s’attendaient pas à ce que son poids électoral soit réduit comme peau de chagrin.
Ils supposaient que le PJD serait classé au 3ème ou 4ème rang, au lieu d’être classé 8ème force politique à la première Chambre, où il va se positionner dans l’opposition.
Il n’aura même pas droit à la constitution d’un groupe parlementaire.
Or, ce vote-sanction de la part des citoyens explique leur mécontentement par rapport à la gestion gouvernementale des 10 dernières années.
Le PJD n’arrivait pas à répondre aux attentes des citoyens, à réduire les disparités sociales et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale et spatiale porteuses d’espoir et d’égalité pour tous.
Par exemple, des mesures prises par le PJD ont été contestées par les Marocains, notamment celles ayant affecté le pouvoir d’achat du citoyen telle que la levée des subventions sur certains produits de base, ce qui a entraîné une hausse des prix, ainsi qu’un ensemble de mesures qui touchait la classe moyenne, notamment la réforme du régime de retraite.
En plus, le gouvernement de Saad Eddine El Otmani a échoué à mettre en place un nouveau modèle de développement, suite à l’appel royal en octobre 2017.
Raison pour laquelle Sa Majesté le Roi Mohammed VI a procédé le 12 décembre 2019 à la mise en place de la commission spéciale sur le modèle de développement qui a présenté le 25 mai 2021 au Roi le rapport final de ses travaux.
En effet, cette spectaculaire défaite impactera de plein fouet l’avenir du PJD. Il ne pourra se rétablir qu’après au moins une décennie après avoir fait son autocritique et mobilisé une nouvelle génération se référant à une idéologie « non islamisée ».
Alors, faut-il penser de la fin de séquence pour l’Islam politique au Maroc ?
Par Khalid Cherkaoui Semmouni, universitaire
et Directeur du Centre d’Etudes pour les Études politiques et stratégiques