Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Bien qu’elle soit cruciale pour la compétitivité de l’économie et l’industrie marocaines, la R&D est encore à un stade embryonnaire. L’absence d’une politique incitative claire en faveur de la R&D pénalise l’attractivité de notre industrie et par conséquent de la destination Maroc. Le gouvernement Akhannouch prendra-t-il enfin en compte la recommandation de la CGEM relative au crédit d’impôt R&D ciblé?
L’un des parents pauvres de l’économie marocaine est sans doute celui de la recherche & développement. Et pourtant, c’est en investissant dans la R&D notamment industrielle que le Maroc pourra relever le défi d’intégrer le cercle fermé des pays émergents.
Un pays dont la compétitivité, en l’occurrence industrielle, ne va plus reposer uniquement sur le critère de la main-d’œuvre et des infrastructures mais sur une valeur ajoutée qui lui permettra de se faire une place sur l’échiquier des pays industriels développés.
Aujourd’hui, il est impératif d’aller plus loin dans les secteurs qui ont connu un développement remarquable ces dernières années notamment l’automobile et l’aéronautique.
« Cela fait des années qu’on parle de la R&D mais nous sommes toujours au point de départ. A noter qu’il y a deux parties de la R&D : la recherche du nouveau et celle incrémentale. Et cette dernière dont nous avons besoin, consiste à prendre une chose qui existe et à l’améliorer continuellement », a précisé Ismail Akalay, directeur général de la Sonasid et président de l’association des sidérurgistes du Maroc.
Et d’ajouter « pour cela les industriels doivent être accompagnés par 2 préalables. Premièrement, il faut des universités réformées où les chercheurs sont motivés, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Deuxièmement, la carotte fiscale qui s’avère incontournable. Rappelons qu’avant le gouvernement de Abbas El Fassi, il y avait une prime pour la R&D. Une époque où les mineurs marocains dépensaient entre 600 MDH et 1 Md de DH par an dans la R&D. Après la suspension de cette incitation, le Maroc dépense moins de 100 MDH par an ».
Et pourtant, le pays n’est reconnu qu’à 30% de son sous-sol. Un réel manque à gagner pour le Maroc, sa compétitivité et son développement économique.
En effet, pour être plus compétitif et moins dépendant d’autres pays, le Maroc doit s’attaquer à la partie amont de la chaîne de production notamment les matières premières nécessaires aux secteurs industriels.
Il a surtout besoin de passer de la théorie à l’action, des recommandations au concret et des promesses aux réalisations. Et pour cause, dans chaque beau discours, on retrouve cet impératif d’intégrer la R&D dans les stratégies sectorielles. Mais la réalité témoigne du retard qu’accuse le pays en la matière.
Preuve en est, l’absence de mesures concrètes pour faire de cette R&D une priorité nationale et inciter les industriels à aller vers ce créneau pour augmenter notre taux d’intégration. C’est le cas du crédit d’impôt R&D ciblé, une doléance que la CGEM n’est toujours pas parvenue à faire passer. Une recommandation qui revient, une fois de plus, dans les propositions de la CGEM pour le PLF 2022.
Intervenant lors du SISTEP, le vice-président de la CGEM, Mohamed Bachiri, a déclaré qu’il y a de fortes chances que cette fois-ci la proposition du crédit impôt R&D soit retenue.
Il a par ailleurs rappelé que l’objectif de ce crédit impôt est de renforcer la recherche opérationnelle sur des sujets industriels dans une optique de développer l’industrie 4.0. « L’objectif étant de pouvoir passer d’une logique de coût de production et de main-d’œuvre à une logique de qualité de présentation de service, de montée en gamme, et de vente d’un savoir-faire et d’une prestation », a-t-il précisé.
En d’autres termes, il faut aller jusqu’à extraire des minerais, les transformer en produit semi-fini qui serviront d’input à certaines industries pour la production nationale.
Il y a donc un long chemin à parcourir qui commence par une réelle volonté d’inscrire la R&D en priorité nationale mais surtout une détermination à traduire cette volonté sur le terrain en encourageant la R&D industrielle.