Les marges de manouvres budgétaires du nouveau gouvernement sont limitées, ce qui pose la question du rôle de la politique monétaire pour accompagner l’exécutif à réaliser les objectifs ambitieux présentés par le chef de gouvernement Aziz Akhannouch.
A la veille de la tenue, ce 13 octobre, du troisième Conseil de Bank Al-Maghrib pour l’année 2021, les classes économique et financière s’attendent à un statu quo. En effet, le sentiment est qu’il ne faut pas s’attendre à plus de mesures que celles prises par la banque centrale depuis le déclenchement de la pandémie du Covid-19, notamment une politique nettement plus accommodante.
Faut-il rappeler que Bank Al-Maghrib a réduit à deux reprises le taux directeur le ramenant à 1,5 au lieu de 2,25 points.
Sans oublier libération du compte de la réserve obligatoire, le report des échéances de crédit ainsi que la mise en place de « Damane Oxygène » et « Damane relance » pour apporter une bouffée d’oxygène aux entreprises.
« Ces initiatives ont permis de maintenir un certain dynamisme à l’activité de crédit malgré la sévérité de l’épisode épidémique… La réduction de 75 points de base du taux directeur a également influencé l’évolution du taux débiteur qui a enregistré un repli moyen de 49 points de base. Même si la transmission de la révision à la baisse du taux directeur reste limitée, partielle et relativement lente, il n’en demeure pas qu’elle exerce un effet significatif sur l’évolution du crédit, particulièrement au niveau des TPME », note le Centre marocain de Conjoncture.
Les conjoncturistes étayent en expliquant que « le resserrement poursuivi d’un peu plus d’une décennie n’a pas été mis de côté pour accompagner les entreprises à s’extirper de la mauvaise passe dans laquelle elles se débattent. Les interventions classiques de politique monétaire prises par la Banque Centrale se sont focalisées sur la baisse du taux directeur et sur la réduction du taux de la réserve monétaire. Ces actions adoptées d’une manière progressive n’ont pas eu les effets escomptés sur le volume et la répartition des octrois des crédits bancaires. Ces derniers sont demeurés hermétiques à ces mesures ».
Tout en reconnaissant néanmoins que ces mesures ont contribué à éviter le pire, les conjoncturistes savent qu’elles ne peuvent, par définition, qu’être transitoires.
Autrement dit, une fois la dynamique de sortie de cette crise systémique enclenchée, la politique de BAM se doit aussi de s’adapter aux menaces économiques qui se profilent à l’horizon 2022.
Ce qui pose la question du rôle de la politique monétaire pour accompagner cette relance des activités à laquelle tous aspirent sachant que le niveau atteint par la dette du Trésor réduit sérieusement le recours à l’instrument budgétaire. L’accroissement de la dette ayant accru la vulnérabilité liée à la dette.
Autrement dit, comment la banque centrale va-t-elle contribuer à l’effort financier nécessaire en masse non pas seulement pour concrétiser les intentions du gouvernement exprimées dans le programme gouvernemental en matière de relance et transformation économique, mais aussi en prélude à la mise en place du Pacte national de développement issu justement des recommandations de la commission spéciale sur le nouveau modèle de développement ?
Une question qui demeure posée face aux besoins accrus en financement pour pérenniser la reprise au Maroc dans un contexte mondial où les risques pesant sur les perspectives économiques se sont accrus et où les arbitrages des pouvoirs publics deviennent complexes.