C’est une évidence que de dire que le monde d’après la pandémie au covid-19 sera foncièrement différent de celui ayant prévalu jusqu’à la fin de 2019.
La sévère récession économique, consécutive au verrouillage des frontières rendu nécessaire pour enrayer la propagation fulgurante du virus, a montré les risques d’une forte dépendance à l’égard de la chine. A ces difficultés induites par la pandémie, sont venues se greffer d’autres de nature commerciale et géostratégique donnant le signal de la délocalisation des chaines de valeurs mondiales vers des espaces géographiques plus proches des économies occidentales.
Ces tensions, qui ont pour premier épicentre le Pacifique, oppose les USA et leurs alliés anglo-saxons à la Chine dont l’émergence économique est perçue comme une menace sur le leadership des USA. Ces tensions portent, entre autres, sur l’avance technologique dont fait montre, de plus en plus, la Chine.
L’on se rappelle tous les obstacles dressés par les différents gouvernements américains devant la firme chinoise HUAEWI qui est à l’origine de la 5G et donc leader mondial dans les nouvelles technologies. Le deuxième épicentre de cette guerre commerciale a pour théâtre d’affrontement l’Afrique où s’opposent les anciennes puissances coloniales européennes au couple Russie-Chine qui manifeste un grand intérêt pour ce continent, nouveau réservoir de croissance. Et le Maroc dans tout ce grand remue-ménage ?
Etant économiquement très ouvert à l’international, la nouvelle boussole stratégique du Maroc pour les prochaines années est déterminée par deux séries de considérations.
Densification du tissu productif
Le Maroc a tout intérêt, en effet, à renforcer la densification de son tissu productif. Cela passe par la consolidation, d’abord, des acquis des secteurs performants qui ont fait preuve de résilience tout au long de la biennale 2020-2021 où la crise sanitaire avait atteint son paroxysme. Durant ces deux années, l’approvisionnement du marché intérieur n’a pas connu de difficultés notoires. Ceci, on le doit aux retombées des différents plans sectoriels (Plan Maroc Vert, etc.) qui ont augmenté la résilience de l’économie aux chocs exogènes de nature systémique.
Cette densification passe, d’autre part, par des investissements dans de nouveaux secteurs porteurs telles les industries pharmaceutiques et biotechnologiques. Pour rappel, durant les phases aigues de cette pandémie, le Maroc a rencontré des difficultés à se procurer des vaccins pour juguler, dans les meilleurs délais, la propagation du virus en vaccinant le maximum de personnes de sa population.
De tels besoins ont été satisfaits par un recours massif aux importations avec tout ce que cela comporte comme aléas sur les quantités livrables et les délais de fournitures. Dit autrement, et pour ne pas revivre une pareille mésaventure, le pays gagnerait beaucoup à intensifier les investissements dans les trois secteurs où il est encore vulnérable.
La problématique de l’eau est l’une de ces vulnérabilités qui menacerait sérieusement, à l’avenir, l’autosuffisance alimentaire du pays.
Des efforts doivent être faits pour faire face aux sécheresses à répétition et découpler la croissance de la pluviométrie. Le pétrole et les énergies fossiles, importés en intégralité, pèsent lourdement sur la viabilité de la balance des paiements : la solution réside dans l’intensification des investissements dans le secteur des énergies renouvelables.
La digitalisation est le dernier créneau que le Maroc devra développer pour accompagner et tirer profit des différentes mutations en cours dans le monde. Outre d’aider développement du télétravail, l’informatique associée à la robotique et à l’intelligence artificielle constitueront, à l’avenir, un puissant levier de croissance économique de demain.
Consolidation des acquis et diversification à l’international
Au niveau externe, il serait opportun de procéder un reprofilage en profondeur des relations internationales du pays. Consolider les acquis existants notamment avec les principaux partenaires, et notamment avec l’UE, qui représentent les deux-tiers des échanges extérieurs du Maroc.
Mais cela n’est pas incompatible avec des stratégies de nouer des liens avec de nouveaux partenaires ou de rechercher de nouveaux débouchés à l’export. En tirant profit de l’émergence de nouveaux acteurs en Europe comme la Grande Bretagne depuis le Brexit ou les pays du PECO (pays de l’Europe Centrale et Orientale) ou en capitalisant sur des mécanismes déjà existants comme l’Accord de Libre Echange avec les USA ou celui de la ZLECAf.
En définitive, le Maroc doit définir les points cardinaux de cette nouvelle boussole stratégique pour pourvoir s’adapter aux exigences de ce contexte inédit de l’après Covid. C’est à ces conditions, qu’il peut espérer se donner les moyens économiques pour asseoir les bases d’un véritable Etat Social. (Avec CMC)