L’Etat programme la privatisation de 8% de Maroc Télécom. C’est la solution idoine pour venir à bout du déficit budgétaire de l’année 2019. Le recours à la privatisation s’impose après avoir saturé toutes les autres voies possibles. Le gouvernement semble faire preuve de liquidité en misant sur une valeur aussi sûre.
Les finances publiques, depuis plusieurs années, ne cessent d’afficher un déficit abyssal. Et pourtant on a tout essayé pour le combler. Dans ce cadre, les pouvoirs publics ne peuvent être taxés de déficit intellectuel. Nul ne peut du revers de la main, réduire à néant les efforts d’un gouvernement et les sacrifices d’une nation. Pour mémoire, le déficit qui s’établissait à 64,816 Mds de DH au terme de l’année 2012 s’est amélioré de manière magistrale et s’est fixé à l’expiration de l’année 2018 à 38,145 Mds de DH.
Beaucoup reste à faire
L’optimisme affiché par les chiffres ne se traduit pas sur le quotidien du citoyen. La banque mondiale, dans son rapport intitulé : « Le Maroc à l’horizon 20140 : investir dans le capital immatériel pour accélérer l’émergence économique », rappelle que l’écart économique entre le Maroc et l’Europe correspond à environ un demi-siècle. Sur le plan historique, le niveau de vie actuel des Marocains correspond à celui atteint par les Français en 1950, par les Italiens en 1955, par les Espagnols en 1960 et par les Portugais en 1965. Face à la pénurie de la ressource et à la persistance des attentes, l’effort doit être soutenu aux fins de venir à bout des distorsions économiques.
Mais, il ne faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou, comme chantait Jacques Brel.
Avons-nous alors saturé toutes les issues ou reste-t-il encore des voies à creuser ?
Initiatives multiples… résultat unique
Commençons donc par inventorier les mesures phases prises par le gouvernement, pour limer les déficits, dans l’objectif d’identifier les voies non encore explorées.
Les actions ont été tantôt axées sur les recettes, tantôt axées sur les dépenses. Pour vous épargner les souffrances du passé (austérité, gel de l’emploi…), sous la pression des dictâtes des bailleurs de fonds, je suis désolé monsieur le wali de Bank Almaghrib de le dire, concentrons-nous sur les dernières initiatives du gouvernement pour contenir les déficits.
La mesure, la plus importante, réside dans la compression des dotations réservées à la Caisse de compensation. En effet, ces dernières sont passées de l’ordre de 56 Mds de DH au titre de l’année 2012 à 13,70 Mds de DH au titre de l’année 2018. L’amélioration de 42,30 Mds de DH est peu fort de café. Et pourtant les chiffres sont réels. Mais, Waloo l’effet ne s’est pas fait sentir.
Une autre idée venue des couloirs de l’Office des Changes est entrée en lice. Il s’agit de la contribution libératoire au titre des avoirs et liquidités détenus à l’étranger. La moisson arrêtée à 27,85 Mds de DH a surpris tous les opérateurs économiques même les plus optimistes d’entre eux. Mais waloo, l’impact s’est vite estompé.
Concurrence oblige, tout le monde veut y mettre du sien, l’Administration fiscale a lancé dans la foulée une mesure tendant à amnistier les contribuables présentant des situations fiscales en souffrance et ce au titre des amendes, pénalités du retard et autres accessoires du principal. Mais, l’Administration fiscale n’a pas eu une chance de pendu. La récolte, bien que maigre et limitée à 1,1 MMDH, est venu à la rescousse d’un budget déclaré agonisant. Mais, Waloo la retombée est sans intérêt.
Un autre appui et non des moindres, en l’occurrence l’endettement est devenu l’hôte incontournable du budget. La dette publique a atteint des seuils alarmants en rapport avec le produit intérieur brut. En effet, la dette du seul Trésor est estimée à 64,60% du PIB. en outre, seuls les intérêts servis au titre des emprunts s’accaparent 2,50 % dudit PIB.
Le budget de l’Etat semble donc boire comme une éponge tout le liquide qu’on y verse. On a beau prendre le temps qu’il faut, mais la mayonnaise ne prend pas. Pis encore, nos « amis » du Moyen-Orient se montrent de plus en plus grigous et nous brandissent sans aucun scrupule » argent contre allégeance ».
La privatisation est de retour
Il me semble qu’on a saturé toutes les solutions possibles : le génie a des limites. Devant l’impossibilité de réinventer des réponses nouvelles aux problématiques posées par le budget, l’heure est à ressusciter des pratiques anciennes et leur donner vie. Je ne vous apprends rien en vous annonçant la privatisation.
Dans le club très restreint des entreprises privatisables, deux entités ont fait leur entrée. Il s’agit en l’occurrence de la Mamounia : l’Hôtel et la centrale thermique de Tahadart. Jamais deux sans trois, et de crainte que le produit de la privatisaton des deux premières ne soit conséquent, l’argentier du royaume a fait sortir l’artillerie lourde. Il projette la mise en vente de 8% de sa participation dans ITTISSALAT ALMAGHRIB. Tellement cette valeur est chère à l’Etat qu’il ne s’en sépare qu’au détail. Le processus de désengagement a démarré en 2001 par la cession de 35% de la participation contre un chèque qui fait saliver de l’ordre de 2.14 MM$.
La programmation de la privatisation d’ITTISSALAT ALMAGHRIB : Act 3 n’est pas sans raison. En effet, si on retient le cours de la valeur juste avant la suspension de la cotation du titre sur la place Casablancaise, la recette prévisionnelle de l’opération sera de l’ordre de 9,55 Mds de DH. Quelques miettes manquent alors pour atteindre l’objectif de la loi des finances de l’année 2019 fixé à 10 Mds de DH. Inutile de rappeler que les produits de privatisation de l’Hôtel la Mamounia et de la Centrale Thermique de Tahadart doivent revenir, ceteris paribus, respectivement à l’ONCF et à l’ONEE. Ils en ont vraiment besoin pour apaiser la pression de l’endettement et poursuivre leurs politiques respectives d’investissement.
Privatisation et financement durable
La question qu’il faut se poser : est ce la privatisation est un moyen de financement durable ? La réponse à mon sens est négative. En effet, elle permet une réponse aux besoins actuels sans se soucier des besoins des générations futures. Au moment où plusieurs pays, conscients de la disparition de la richesse souterraine, cherchent à placer des fonds dans des placements prometteurs et générateurs de dividendes durables, le nôtre ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
Il semble en pleine harmonie avec JOHN MAYNARD KEYNES qui dit : « A long terme, nous serons tous morts».
4 Commentaires
Vous avez bien posé la question mais la réponse solution mérite d’être développé. À mon avis deux axes à développer : au lieu de privatiser il faut libéraliser l’économie. Une bonne gouvernance en bon père de famille.
Et les salaires des ministres dg et deputes et leur retraites et le phosphates et le gaz et l or cuivre
Fervents Partisans Arrogants du « Après Moi le Déluge… » qui démontre du peu d’intérêt pour les Finances publiques, et pour la Bonne Gouvernance, ils dilapident l’argent publique, endettent le pays à l’international, et bradent les fleurons de la nation, sans aucuns scrupules ou modération, en avides arrivistes cupides, sans Foi ni Loi qu’ils sont.
!!! Allah yakhoud fihoum al Haq !!!
Tout à fait Raison « BIGBIL », Non seulement ces partisans du moindre effort brillent par leur incompétence flagrante, mais surtout par leur aveuglement à long terme, ils sont tellement concentrés à remplir leurs panses et leurs poches le plus possible avant de se faire éjecter, pour laisser la place à plus cupides qu’eux ensuite…(leur Doctrine : Après Eux le Déluge… sans aucun scrupule)