Lors des quatre précédents entretiens, l’économiste Omar Bakkou nous a présenté les principales propositions de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) pour réformer notre modèle économique.
Dans le présent entretien, nous allons interroger Omar Bakkou sur un autre volet des propositions émises en matière économique par la CSMD, à savoir les propositions visant la création et le développement de certains économiques.
Vous avez indiqué, lors d’un précédent entretien, que les propositions émises par la CSMD en matière économique peuvent être différenciées en deux catégories, à savoir les propositions de réforme de certains secteurs économiques déjà existant et d’autres visant à développer ou même à créer de nouveaux secteurs économiques. Pourriez-vous nous donner un aperçu sur cette deuxième catégorie ?
Effectivement, le rapport de la CSMD a émis un ensemble de propositions destinées à favoriser la création et le développement de nouveaux secteurs économiques, et partant, la diversification du système productif national. Quels sont ces secteurs ?
Les secteurs concernés sont l’économie bleu, l’économie verte, le numérique, la logistique, le tourisme, l’agriculture et la culture.
Quelles sont alors les propositions pour développer le secteur de l’économie bleu ?
Le rapport sur le NMD préconise une pleine mobilisation du potentiel de l’économie bleue.
Cette mobilisation doit être opérée à travers des mesures d’appui technique et financier approprié aux projets d’investissement à forte valeur ajoutée.
Cet appui doit porter autant sur les secteurs économiques traditionnels ( la pêche, le tourisme et les activités portuaires) que sur de nouveaux secteurs à fort potentiel (aquaculture, algoculture, bioproduits marins, construction navale ou encore énergies marines renouvelables…).
Parallèlement à ce soutien de l’Etat au secteur de l’économie bleu , le rapport sur le NMD prône l’accélération de la mise en œuvre des schémas de développement des neuf régions littorales du Maroc.
Et quelles sont les principales propositions pour développer le secteur de l’économie verte ?
Le rapport sur le NMD préconise une meilleure exploitation du potentiel de l’économie verte.
Cette exploitation doit être opérée à travers l’adoption d’une stratégie, déclinée sur le plan territorial.
Cette stratégie doit viser à développer des filières industrielles vertes dans les domaines des énergies solaires, éoliennes, d’assainissement liquide et de gestion des déchets.
Quelles sont alors les principales propositions pour développer le secteur du numérique ?
Le rapport sur le NMD prône l’adoption d’une stratégie de transformation numérique.
Cette stratégie devrait être pilotée par une équipe de mission sous forme de délégation interministérielle.
Cette délégation serait chargée d’assurer la coordination avec l’ensemble des administrations et structures concernées.
Cette coordination aurait pour objet de parvenir à une pleine mobilisation du potentiel des technologies numériques dans les chantiers de développement du pays.
Pleine mobilisation du potentiel des technologies numériques dans les chantiers de développement du pays. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Cela devrait se traduire concrètement par la réalisation de deux principaux objectifs.
Le premier objectif réside dans la fourniture d’une connexion de qualité et au moindre coût pour toute la population.
Quant au second objectif, il réside dans l’accélération de la digitalisation de l’administration.
Comment favoriser la réalisation de ces deux objectifs ?
Les instruments préconisés par la CSMD pour la réalisation de ces deux objectifs sont les suivants :
– la mise à niveau et l’extension à l’ensemble du territoire des infrastructures numériques de haut-débit et très haut débit ;
– Le renforcement des infrastructures de connexion, à travers l’intensification du niveau de la concurrence sur le marché du haut débit ;
– L’amélioration du soutien du fonds de développement du service universel des télécommunications (FDSUT).
-La mutualisation des infrastructures entre opérateurs, y compris les réseaux de fibre optique détenus par les entreprises publiques.
-Le parachèvement du cadre règlementaire régissant la digitalisation, et ce, à travers la mise en œuvre des lois sur l’administration numérique, sur la simplification administrative et sur la cyber sécurité.
-La résorption du déficit en ressources humaines qualifiées dans le domaine du numérique, et ce, à travers le renforcement des effectifs formés dans le domaine.
Quelles sont alors les principales propositions émises par le rapport de la CSMD pour développer le secteur de la logistique ?
Le rapport de la CSMD prône l’amélioration de la compétitivité globale du secteur de la logistique.
Cette amélioration doit couvrir à la fois la compétitivité-prix ( la réduction des coûts) que celle hors-prix (le rehaussement de la qualité des services logistiques).
Pour la réalisation de cet objectif, le NMD prône l’adoption des mesures suivantes :
-L’établissement d’une nouvelle gouvernance du secteur.
Cet objectif doit être réalisé à travers le renforcement de l’Agence Marocaine de Développement de la Logistique ;
– La mise à niveau de l’offre logistique .
Cet objectif doit être réalisé à travers l’adoption de deux principales actions d’envergure .
La première action doit porter sur la mise en place d’un pôle étatique dédiée au pilotage de l’activité logistique qui pourrait prendre la forme d’une holding ou d’un groupement d’intérêt économique.
Quant à la seconde action, elle doit porter sur l’encouragement de l’émergence d’acteurs privés d’envergure internationale.
Cet objectif doit être réalisé par le biais de l’agrégation des petits opérateurs , y compris dans les services d’entreposage, transport et livraison de bout-en-bout nécessaires au développement du e-commerce , etc. ;
-Le développement des infrastructures.
Cet objectif doit être réalisé à travers la mise en place de zones d’activité (industrielles et de services) de qualité, à prix compétitifs et répondant aux besoins des entreprises.
Pour la mise en œuvre dudit objectif, le NMD a émis deux principales propositions.
La première consiste dans le financement de ces projets par le biais du modèle de partenariat public-privé adopté dans certaines zones franches (telles que Tanger Free Zone, Kenitra automotive city, etc.).
La seconde consiste dans l’identification par les régions des besoins selon une approche tirée par la demande économique et non par l’opportunité foncière.