Les mesures d’urgence sanitaire entreprises par le Maroc ont permis d’éviter le pire en termes de contagion et de taux de mortalité, et par conséquent prévenir la population des nouveaux variants du Coronavirus. De ce fait, la stabilisation sanitaire est un bon indicateur de reprise économique en marge de la compagne électorale et législative prévue dès septembre 2020, et au regard d’un nouveau projet de modèle de développement socio-économique qui devra permettre de tracer la trajectoire cible du Pays à l’horizon 2022-2030, en l’occurrence l’accès du Maroc au club des économies émergentes.
Mais au-delà, le Maroc devra remplir les conditions de réussite de ladite relance afin de réactiver efficacement l’ensemble des activités économiques profondément touchées par la crise sanitaire. Pour cela, d’autres mesures d’accompagnement et d’appui, outre que celles décidées en Comité de Veille Economique, doivent avoir lieu avant la fin de l’année en cours. Il s’agit en effet d’un soutien ciblé en destination des entreprises économiques en difficultés (Très Petites entreprises, Professions libérales en veilleuse en marge de la crise…), et pas qu’un support financier, car l’accessibilité aux marchés et l’amélioration de la demande nationale restent les points focaux de l’opération de soutien étatique et jusqu’à nouvel ordre.
En outre, l’amélioration du marché intérieur, en l’occurrence l’autonomisation économique et la limitation de la dépendance extérieure en termes d’importations, constitue l’élément clef de la relance économique. De ce fait, il est question de créer d’impulser une nouvelle dynamique économique à travers l’émergence de marchés locaux durables et émergents, capables de satisfaire la demande intérieure et de proposer même des produits compétitifs à l’export, et ce afin d’inscrire le Pays sur des chaînes de valeur mondiale à l’instar du travail réalisé dans les secteurs aéronautique et automobile.
Par ailleurs, le Maroc doit éventuellement accélérer les actions d’incubation et les activités d’accompagnement destinées aux porteurs de projets et startuppers. La promotion du tissu entrepreneurial marocain, spécifiquement les « Business Angels » et les « Startups », représentent une occasion propice pour le soutien de la relance économique post Covid_19, permettant à la fois de créer de la valeur ajoutée locale et de stimuler l’investissement productif apporté par les bailleurs de fonds. L’idée est de faire perdurer ladite relance, et par conséquent la transformer en véritable opportunité d’émergence économique, mais cela doit se faire, bien évidemment, dans le cadre d’une vision claire et en parfaite adéquation avec le nouveau projet de modèle de développement afin d’inscrire les opérations et les actions entreprises dans la durabilité.
Dans le même ordre d’idées, la prochaine formation politique du Gouvernement constituera un élément clef de la relance économique. En effet, un Pouvoir Exécutif harmonisé et politiquement fort favorisera une bonne gouvernance transverse de ladite reprise à travers des actions gouvernementales efficaces et efficientes, ainsi que le pilotage pertinent des politiques socio-économiques et qui devront converger avec les axes majeurs du nouveau projet de modèle de développement. Il s’agit, entre autres, de : la mise à niveau du facteur humain (généralisation de la couverture sociale, santé de qualité pour tous les citoyens, écoles publiques réformées…), l’encouragement de l’innovation entrepreneuriale et du progrès technologique (financements, avantages fiscaux, accès aux marchés…), l’industrialisation et la digitalisation du Pays, la mise à niveau du Monde Rural et la valorisation des terres agricoles.
Dans le même sillage, l’allocation des ressources financières nécessaires à la relance représente l’essence de l’opération de reprise. A cet effet, le plan de reprise économique totalise une enveloppe budgétaire globale de 120 Milliards de Dirhams, incluant la somme de 75 Milliards de Dirhams sous forme de crédits garantis par l’Etat. De ce fait, la mobilisation des fonds reste le nerf de la guerre, puisque le secteur bancaire est très vigilant par rapport aux déblocages des crédits aux entreprises économiques et même en cas de garanti étatique. De ce fait, il est nécessaire d’assouplir les conditions financières d’accès aux ressources monétaires occasionnées par l’action de relance économique, bien évidemment à condition que les projets soient rentables avec une prise de risque tout de même modérée.
Dans la même logique, le plan de relance industrielle 2021-2023 devrait permettre l’accélération de la reprise économique du Maroc, puisqu’il s’agit du développement des industries nationales à travers la limitation des importations de matière (soit une économie de 34 Milliards de Dirhams d’importations). Encore mieux, si les conditions citées ci-dessus sont réunies, le plan ciblerait de nouveaux marchés industriels en vue de conquérir des territoires nationaux, et à travers une commande étatique et publique susceptible d’être le catalyseur d’une nouvelle dynamique économique à moyen long terme.
In fine, la réalisation d’un taux de croissance économique moyen aux alentours de 6% pour les années 2022 et 2023, consolidera les efforts du Maroc en matière de reprise et constituera un environnement propice pour la mise en œuvre efficace de la nouvelle feuille de route socio-économique du Maroc, en l’occurrence un modèle de développement à l’horizon 2030.
Par conséquent, la relance économique dépendra toujours de l’amélioration de la situation pandémique à l’échelle nationale et même régionale, spécifiquement en Europe (les Pays voisins au Maroc). Car au-delà des conditions de réussite nationales, l’incertitude sanitaire mondiale liée à l’apparition de variants du Coronavirus reste tout de même un facteur prépondérant de la relance économique marocaine (ouverture des frontières, reprises des voyages, circulation des personnes, commandes extérieurs…).
Par Youssef Guerraoui Filali
Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management