Bien qu’inscrite dans la Constitution de 2011 qui lui accorde un titre dédié, la parité réelle et effective dans notre pays est une chimère ! En politique, elle l’est encore plus… avec les deniers de l’Etat. Un acquis démocratique est aujourd’hui en péril.
En effet, ce dernier accorde un soutien aux partis politiques qui s’est élevé en 2018 à 66,34 MDH soit un peu plus de 50% des revenus des partis, comme le souligne le rapport de la Cour des Comptes relatif à l’audit des comptes des partis politiques et à la vérification de la sincérité de leurs dépenses au titre du soutien accordé par l’Etat pour la contribution à la couverture de leurs frais de gestion et d’organisation de leurs congrès nationaux ordinaires au titre de l’exercice 2018.
Par ventilation, 58,60 MDH ont été affectés à la couverture des dépenses de gestion, 7,5 MDH à l’organisation des congrès nationaux ordinaires et, tenez-vous bien, 240.000 DH aux campagnes électorales et à la promotion de la représentativité féminine !
C’est à la fois choquant et pas surprenant. En effet, le Maroc est le cancre de la classe en matière de représentation politique des femmes puisqu’il est au 98ème rang sur 193 pays, selon le baromètre de l’Union interparlementaire en février 2019, avec seulement 20,5 % de députées à la première chambre (81 sur 395) et 10% dans la chambre des Conseillers (14 sur 120).
Nous sommes face à une représentativité anticonstitutionnelle à laquelle l’Etat contribue fortement. En effet, la loi suprême du pays dispose dans son article 19 « L’Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes (…) ».
Pis, ce rôle régresse au lieu de progresser. Preuve en chiffres, entre 2016 et 2018, la subvention de l’Etat pour promouvoir cette représentativité est passée de 953.103 DH à 140.599 DH ! Sur ces 140.599 DH, 105.000 DH ont été investis par le PJD et 35.599 pour le Mouvement populaire. Cela veut-il dire que les autres partis ne se sentent pas concernés par cette question ?
Bien évidemment ce n’est pas le rôle d’un rapport d’audit de la Cour des comptes d’expliquer ces chiffres, et sur quelle base ces montants ont-ils été fixés, ni si parmi les critères à remplir par les partis politiques pour accéder à cette manne figure la conformité avec les dispositions de la Constitution notamment et surtout en matière de parité et, par ricochet, la représentativité féminine en politique.
C’est réellement dépitant à moins de deux années des législatives !
Peut-on rectifier le tir ?
Pour Oumayma Achour, la Présidente de l’association Joussour-Forum des Femmes marocaines, la parité est stipulée dans la constitution mais elle doit s’ancrer dans notre culture et notre quotidien. « D’ailleurs la question a été au coeur de l’étude d’évaluation des mécanismes de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc, menée par Jossour Forum des femmes marocaines et la Fondation Frederich Ebert qui s’est basée sur une recherche action impliquant les dirigeants des partis politiques », ajoute-elle.
Pour Oumayma Achour, le changement finira par s’opérer avec la mise en ouvre des disposition de la Constitution et plus généralement des diverses dispositions juridiques relatives à cette question ainsi que les engagements internationaux du Royaume, mais également par la formation des militantes et femmes élues. D’ailleurs l’étude revient sur le rôle de la DGCL en la matière pour aider les élus à bien remplir leur mandat et répondre efficacement aux citoyens.
Le réseautage des femmes élues est également cité en levier d’amélioration de cette représentativité et de défense également de cet acquis démocratique.
« Toutes les parties prenantes à cette étude ont pointé du doigt l’urgence d’un mouvement solidaire progressiste pour l’égalité homme-femme dans tous les domaines », explique-t-on.
La Présidente de Joussour-FFM a insisté sur la nécessité d’accompagnement quotidiennement ds femmes et des jeunes à travers le mentoring, la formation. sur la création des espaces de réflexion, de débat, dans tous le royaume et même à travers les outils digitaux pour sensibiliser sur ces questions.
« Les partis politiques regorgent de femmes militantes et compétentes, elles doivent être impliquées dans le management et la gestion à tous les niveaux (Régional, provincial et territoriales) pour assurer la proximité et le contact quotidien avec les citoyens et citoyennes afin d’opérer un changement des mentalités et des stéréotypes. Pour ce faire, les moyens doivent être à leur disposition pour faciliter l’exécution de leur mission dans les meilleures conditions », conclut-elle.
Détails de l’étude d’évaluation des mécanismes de promotion de représentation politique des femmes