Faut-il nourrir un optimisme béat ou garder la tête sur les épaules ? Il y a mieux : au niveau du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, on pousse le voisin algérien dans ses derniers retranchements.
La realpolitik et le pragmatisme qu’impose la gestion des relations internationales, veulent qu’on ne prête pas l’oreille aux bruits par ci et par là, mais en tant qu’Etat, on agit au dessus de la mêlée. C’est ainsi que trois semaines depuis le discours royal à l’occasion du 43ème anniversaire de la marche verte, dans lequel le Roi Mohammed VI propose la création, avec l’Algérie, d’un « mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation. Le niveau de représentation au sein de cette structure, son format, sa nature sont à convenir d’un commun accord » ; le voisin de l’Est esquive en appelant à la tenue d’une réunion du Conseil des Ministres des Affaires étrangères de l’UMA. Donc quand l’un regarde vers l’avenir, l’autre reste les yeux braqués sur le rétroviseur et essaye de ressusciter l’UMA de ses cendres.
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Ainsi, après plusieurs démarches, formelles et informelles, entreprises vainement, dix jours durant, afin d’établir un contact avec les autorités algériennes à un niveau ministériel, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, s’est entretenu avec l’Ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire à Rabat, ce lundi 26 novembre au siège du Ministère.
Le ministre a réitéré le souhait du Royaume du Maroc de connaître la réaction officielle des autorités algériennes à l’Initiative d’établissement d’un Mécanisme politique de dialogue et de concertation avec l’Algérie, telle qu’annoncée dans le discours royal du 6 novembre dernier.
L’occasion aussi, pour le Maroc, de livrer toute sa pensée sur la demande d’esquive algérienne formulée le 23 novembre pour la tenue d’une réunion du Conseil des Ministres des Affaires étrangères de l’UMA. En effet, le communiqué insiste « L’état de léthargie que connaît l’UMA, depuis des années, est essentiellement dû à la nature anormale des relations maroco-algériennes, lesquelles ne peuvent être traitées que dans le cadre d’un dialogue bilatéral et sans intermédiaires ».
Et de rappeler que l’UMA et ses Etats membres n’ont cessé d’appeler, jusqu’à la semaine dernière, à un dialogue maroco-algérien afin de « transcender leurs divergences dans un esprit de bon voisinage et d’aspiration commune à s’élever au niveau des attentes des cinq peuples maghrébins frères ».
Donc pas d’objection marocaine pour la tenue d’une 35ème réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UMA mais à quelle fin ? Surtout en l’absence d’une bonne préparation et d’un dialogue franc entre les deux pays voisins et membres de l’Union.
Mais comme nous le disions dans un précédent article à ce sujet, il ne faut rien espérer de l’Algérie. Le dossier du Sahara constitue pour ce pays une aubaine, un sujet pour amuser la galerie, détourner l’attention des populations de leurs problèmes et dresser le tableau d’un « ennemi » imaginaire. C’est également une manne, puisque les scandales des aides détournés alors que destinées aux réfugiés éclatent régulièrement.
Et puis même si le voisin de l’Est avait un éveil de conscience, que faire de cette hydre qu’il a créé de toutes pièces ?
Puis, qui pour penser aux séquestrés de Tindouf devenus un fond de commerce pour notre voisin et ses acolytes ? Imaginez les enfants nés dans les camps et ayant aujourd’hui la quarantaine, enfouis dans le désert, et qui n’ont connu de la vie qu’une promesse chimérique, un discours haineux envers le Maroc et une existence des plus abruptes, au moment où les chefs du polisario mènent une vie de luxe dans les grandes capitales du monde aux frais de supporters crédules.
Peut-on encore espérer quelque chose de l’Algérie ? Le pays a également une véritable crise de leadership qu’il est difficile pour le Maroc de trouver un interlocuteur pour mener un dialogue franc sur ce sujet qui prend en otage le développement et la sécurité de toute la région depuis 43 ans.