La santé une priorité au Maroc ? Dans les discours oui, mais dans la réalité, le secteur ne dispose pas des ressources financières et humaines pour faire face à de grands défis, notamment la poursuite de la pandémie de la Covid-19, la généralisation de la couverture médiale d’ici 2022 encore moins concrétiser les ambitions de restructuration du secteur.
Le ministre de la Santé, Pf Khalid Aït Taleb a présenté le projet de budget 2021, ce mardi 3 novembre devant la commission des secteurs sociaux de la première chambre.
Déjà, dès prise de connaissance du PLF 2021, les députés ont fustigé le manque de moyens et de ressources mis à disposition de ce secteur pourtant stratégique et prioritaire… dans les discours.
Mais dans la réalité, rien n’a changé puisqu’entre 2020 et 2021, le budget a augmenté de 1.090 MDH, soit 5,8% comparativement à 2020. Autant dire qu’il y a une dichotomie entre les discours et la réalité amère.
Certes en 2020, 19 hôpitaux et centres de soins seront inaugurés pour une capacité additionnelle de 2.260 lits et 5.500 postes seront créés mais c’est à peine si cela comble les déficits structurels accumulés des décennies durant par ce secteur névralgique.
En effet, l’avènement de la Pandémie de la covid-19 n’a fait qu’aggraver une situation déjà problématique.
Et le malheureux Pr Aït Taleb s’est presque pris une grenade en plein visage, devant à la fois déclencher ce chantier de restructuration du secteur de la Santé et de l’autre faire face à une pandémie sans précédent.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, l’argentier du Royaume n’a pas réellement délié sa bourse. Que ce soit pour les fonds alloués à la lutte contre la Covid-19 financés par le fonds de solidarité encore moins dans le budget 2021.
En effet, le budget du ministère de la Santé est passé de 16.331 MDH en 2019 à 18.684 MDH soit une progression de 12,59 % indépendamment du budget dédié exclusivement à la lutte contre la pandémie de la Covid-19.
Et alors que la réforme du secteur est à ses balbutiements, que la pandémie se poursuit sans aucune perspective sur les développements à venir et que 2021 verra le déploiement de la généralisation de la couverture sociale dont une généralisation de la couverture médicale entre 2021 et 2020, le budget du ministère de la santé pour l’année 2021 a progressé d’un petit milliard pour s’établir à 19.774 MDH soit une progression de seulement 5,8% par rapport à 2020.
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La disruption n’est pas pour demain et les ambitions du ministre telles que dévoilées lors de la réunion avec la commission des secteurs sociaux s’en trouvent quelque peu ou prou bridées.
En effet, l’année 2021, en plus de la Covid et le déploiement de la généralisation de la couverture médicale, devrait être marquée par plusieurs chantiers tout aussi importants qu’interdépendants.
Pour ne citer que le démarrage de 10 CHU et 11 hôpitaux de proximité, avec ce que cela nécessite en équipements, médicaments et ressources humaines qualifiées.
Le renforcement de l’offre de soins passe également par la poursuite de mise en œuvre du programme de réduction des disparités spatiales et territoriales 2017-2023.
Ainsi que l’élargissement de la protection et des soins apportés aux populations en proie aux vagues de froid, car comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur le 27 octobre, de 20 ce sont devenues 27 provinces concernées pour une population cible de 800.000 habitants.
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D’autres priorités figurent au menu notamment la santé de la mère et de l’enfant mais aussi des personnes en situation d’handicaps.
En plus de la lutte contre différentes maladies, la Covid-19 a déclenché la prise de conscience de l’importance du renforcement de la veille et de lutte contre la pandémie. Et enfin, bien que la liste soit très longue, 2021, du moins on l’espère, devrait intervenir la campagne de vaccination contre la Covid-19.
Il y a tout de même une lueur d’espoir dans ce sombre tableau : la détermination du ministre à instaurer une meilleure gouvernance financière et l’obligation de résultat en vue d’une meilleure efficience et performance aussi bien des projets que des marchés prévus.
Encore faut-il qu’il se rende à l’évidence, il hérite d’un lourd passif et la lutte ne se fait pas que contre les maladies et les déficits mais aussi contre les poches de résistance au changement !