Le rôle du secteur privé est au cœur du Nouveau Modèle de Développement. Il est érigé comme un partenaire clé dans le nouveau pacte national pour le développement, directement, par la création de valeurs, les emplois et la RSE, et indirectement, par la participation au développement du tiers-secteur dont le développement de l’économie sociale et solidaire est le principal corollaire.
Avant de faire des propositions la CSMD pointe du doigt plusieurs dysfonctionnements institutionnels qui freinent, voire bloquent, la contribution du secteur privé. Tout d’abord la CSMD rappelle, d’une part, les pratiques déloyales de certaines entreprises en matière de conformité légale, sociale et fiscale et, d’autre part, la capacité limitée du secteur public et de l’administration à mobiliser l’initiative privée.
Pis encore, cette Initiative et sa réussite, bloquée parfois par une collusion public/privé ou par la bureaucratie et les procédures administratives décalées par rapport à la réalité, est très peu reconnue et valorisée par la société.
Or le secteur privé, bien accompagné et mobilisé par l’Etat, peut participer à une meilleure allocation des ressources et au portage des chantiers de développement. Ainsi la vision de la CSMD est celle d’un Etat fort, d’une société dynamique et responsable, où les entreprises sont identifiées comme un acteur clé, qui créent ensemble de la valeur dans le cadre du NMD.
Dans ce sens, les entreprises, armées de l’audace et motivées par leurs RSE, sont capable de créer de la valeur, des emplois, assumer leurs obligations sociales et environnementales et participer à l’inclusion et à la protection sociale.
Toutefois cette ambition est tributaire de la capacité de l’Etat à créer un cadre institutionnel de mise en responsabilité, propice à la prise de risque, à l’exploitation des nouvelles opportunités économiques et à des démarches gagnant gagnant avec les territoires. Les priorités de ce cadre sont l’efficacité de l’administration, la réforme de la justice, l’allégement de la pression fiscale, la formation et l’accompagnement, le financement et le foncier adapté et la libre concurrence.
Par rapport à ce dernier sujet, la CSMD utilise un terme innovant, l’égalité des chances économiques, qui selon elle fortifiera l’initiative privée en permettant la multiplication des acteurs et la concurrence saine créatrice de valeur pour l’économie nationale.
Le NMD, pour réussir, a besoin d’un secteur privé entrepreneurial et innovant, capable de prendre des risques, d’explorer de nouvelles opportunités, de se lancer à la conquête de nouveaux secteurs et marchés et d’affronter la concurrence internationale.
Or l’économie nationale souffre d’un déficit entrepreneurial dans les activités productives et innovantes, qui est le produit d’une culture managériale peu propice à la prise de risque et d’un environnement des affaires peu favorable. Le secteur privé ne trouve pas toujours dans l’administration publique un partenaire de confiance qui assure une concurrence saine et une régulation renforcée permettant un fonctionnement sain et concurrentiel des marchés, qui est primordial pour dynamiser l’initiative privée. Autre chose l’essor du secteur privé est freiné par l’efficacité de la justice dont la réforme est cruciale.
L’un des enjeux majeurs du NMD est donc de construire un environnement économique incitant à des comportements plus vertueux à travers la libération de l’initiative privée et des politiques publiques favorables à l’entrepreneuriat productif. Ces politiques, tout en incitant les entreprises à des pratiques loyales et à assurer leur responsabilité économique, sociale et environnementale, doivent également prévoir un accompagnement accru des entreprises pour renforcer leurs capacités managériales, organisationnelles et technologiques.
Elles doivent permettre au secteur privé de s’impliquer dans le développement des compétences et la formation et enfin alléger la charge fiscale pesant sur les activités productives et concurrentielles.
La proposition de la commission prend en considération plusieurs pratiques déjà observées sur le plan national. Encore timides certes mais elles sont salutaires pour réaliser un véritable point d’inflexion dans notre processus de développement.
En effet, les entreprises ont un rôle clé à jouer, à travers leurs initiatives, leurs prises de risque, leurs innovations, pour construire une économie compétitive, inclusive, qui crée plus d’emploi et qui permet d’améliorer directement et indirectement la vie des populations dans les territoires.
Le rôle de l’entreprise dans la société est reconnu scientifiquement depuis plus de deux décennies dans les théories de la RSE.
Les entreprises doivent assumer ce rôle politique qui leur incombe, dans le sens où, dans une approche gagnant gagnant avec l’Etat, elles peuvent véritablement créer de nouvelles dynamiques territoriales autour de leurs obligations sociales et environnementales et autour également de diverses opportunités offertes par les enjeux du développement durable.
Plusieurs entreprises marocaines assument de façon volontaire ce rôle et interviennent dans l’éducation, la santé, l’entreprenariat des jeunes et l’accès aux infrastructures et services de base.
Le NMD devrait faire de ces exceptions une règle beaucoup plus large en mettant en œuvre un cadre institutionnel, une régulation, un environnement des affaires, des incitations et des partenariats qui libèrent les initiatives des entreprises et leur potentiel sociétal.
Par Dr. Omar Benaicha
Entrepreneur et expert en RSE et Développement Durable