Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Les syndicats du transport routier de marchandises montent au créneau pour dénoncer une subvention de l’Etat insuffisante et appellent le gouvernement à plafonner les prix des hydrocarbures et à revoir la structure des prix. Autrement, les transporteurs comptent mener une grève générale non pas sans conséquence sur l’économie et la paix sociale.
Pour atténuer l’impact de la hausse des prix des hydrocarbures sur le pouvoir d’achat des Marocains, le gouvernement avait pris comme mesure la subvention directe aux transporteurs. Une mesure très contestée qui a priori a montré ses limites au bout de 2 mois.
En effet, comme nous l’avions présagé dans un précédent article suite à l’annonce de ladite subvention, cette mesure n’a pas eu l’effet escompté ni sur le pouvoir d’achat des Marocains ni sur les professionnels du secteur. Deux mois après son adoption, ces derniers dénoncent une subvention inefficace voire insignifiante.
Les syndicats du secteur du transport routier de marchandises du Maroc affiliés aux centrales syndicales de la Confédération Démocratique du Travail (CDT), de la Confédération Générale des Travailleurs au Maroc (UGTM), de l’Union Marocaine du Travail (UMT) ainsi que de l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNMT) sont montés au créneau pour dénoncer une hausse continue des prix des hydrocarbures et des mesures presque inefficaces.
Dans un communiqué adressé au gouvernement ce lundi 23, ces centrales syndicales ont appelé le gouvernement à adopter des mesures urgentes pour stopper l’hémorragie. Autrement, les transporteurs comptent mener une grève générale dont les conséquences sur l’économie et la paix sociale ne sont pas à négliger.
Contacté par nos soins, Benazzouz Mounir, secrétaire général des professionnels de transport (CDT) nous a affirmés que la subvention prévue par l’Etat pour atténuer l’impact de la hausse des prix des hydrocarbures n’est pas suffisante. Sans parler des dysfonctionnements ayant entaché la mise en œuvre de cette opération
Benazzouz Mounir a rappelé en l’occurrence que depuis l’octroi de la subvention le mois de mars, les prix des hydrocarbures ont augmenté 3 voire 4 fois. « Les professionnels du transport n’arrivent plus à suivre le rythme desdites hausses malgré cette subvention qui reste infime », a-t-il martelé.
Il faut dire qu’en optant par la voie la moins contraignante, le gouvernement s’est contenté de colmater les brèches au risque de jeter l’argent du contribuable par la fenêtre. Des millions de DH financés par les caisses de l’Etat, dans un contexte de crise, qui au final n’ont pas servi à grand chose.
Et ce n’est pas nous qui le disons mais les principaux concernés par cette subvention à savoir les transporteurs qui aujourd’hui appellent le gouvernement à revoir sa copie. Il faut dire qu’avec cette mesure, l’Etat n’a réussi qu’à contenir la grogne des professionnels du secteur pour quelques semaines. Malheureusement, on ne peut prétendre soigner une plaie profonde, de plusieurs années, avec simplement des pansements et des soins de premiers secours.
Plafonnement des prix pour le secteur du transport, révision de la structure des prix des hydrocarbures, ouverture d’une enquête sur le marché des carburants dans notre pays qui se caractérise par une structure semi-monopolistique…, les syndicats sont aujourd’hui intransigeants face à leurs revendications.
« Nous appelons le gouvernement à plafonner le prix des hydrocarbures principalement pour les transporteurs professionnels pour limiter un tant soit peu les effets de la crise sur les professionnels du transport mais aussi sur le pouvoir d’achat des citoyens. Dans 10 jours, si le gouvernement ne décide pas de répondre favorablement à nos doléances, nous déciderons de mener une grève générale », a clamé Benazzouz Mounir.
Ce qui est étonnant c’est que juste au lendemain dudit courrier, des rumeurs circulent sur l’éventuel lancement d’une 3ème tranche de la subvention.
Et d’ajouter « qu’au lendemain de notre courrier, nous avons été surpris d’apprendre que le gouvernement compte octroyer une 3ème tranche de subventions au profit du secteur routier. Ce que nous rejetons ».
Les professionnels du transport dénoncent également le projet de loi relatif à l’indexation des prix du transport routier aux prix du carburant qui serait en déphasage avec la réalité du secteur du transport notamment de marchandises.
« Il faut savoir que 87% des transporteurs marocains travaillent à titre individuel sans contrat. Donc cette loi ne servira ni à la profession ni aux professionnels du secteur », tient à préciser Benazzouz Mounir.
Rappelons que l’Etat à octroyé la subvention à 180.000 véhicules sachant que le secteur compte plus de 600.000 véhicules. L’Etat finira-t-il par céder à la pression des professionnels du transport qui menacent de grève générale en plafonnant les prix ou se contentera-il de calmer les ardeurs sans pour autant toucher aux intérêts des pétroliers ? A suivre !