Dans les 4,8% de croissance, il y a un double effet mécanique : celui du confinement marqué par l’arrêt brutal des pans économiques pendant 3 mois et celui de la sècheresse soit la plus grave des dix dernières années.
A l’occasion de l’élaboration de chaque Loi de Finances, les analystes scrutent les hypothèses retenues pour s’assurer de leur degré de réalisation. L’année 2021 ne déroge pas à la règle. De par son caractère exceptionnel, elle suscite des divergences notamment en ce qui concerne le taux de croissance économique oscillant autour de 5%. Au moment où certains le considèrent comme étant réaliste, eu égard aux mesures entreprises par l’Etat pour assurer la relance, d’autres plus sceptiques émettent des réserves.
D’après eux comment pouvons-nous imaginer un taux de croissance économique de cet ordre dans un contexte marqué par une morosité ambiante liée à la pandémie ? Comment réaliser un tel taux si l’on prend en considération que plusieurs secteurs stratégiques pour l’économie nationale (tourisme, automobile, aéronautique,…) ont été mis à mal par la crise sanitaire et que certainement d’entre-eux auront besoin du temps pour retrouver le rythme d’activité normale d’avant la crise ?
D’après leurs projections et leurs analyses, un taux de croissance de 4,8% semble exagéré à cause d’une crise qui a mis sens dessus sens dessous toute l’économie.
2021 : des projections timorées des opérateurs
Il suffit d’examiner les indicateurs économiques affichés au cours de cette traversée de désert pour se rendre à l’évidence. Hormis quelques signaux attestant une légère reprise tels que la consommation de ciment ou de l’énergie, la légère amélioration du déficit commercial, les autres clignotants sont dans le rouge. Lesdits analystes sont conscients que les produits Damane oxygène et Damane relance ont permis aux TPME de traverser cette phase de conjoncture difficile mais sans plus. Elles sont assimilées à des dettes sans aucune création de valeur ajoutée. D’autant plus qu’en l’absence des commandes, elles n’auraient servi qu’ à boucher les trous de la fin du mois.
Les projections des opérations économiques pour 2021 restent pour autant timorées à cause des incertitudes liées à la pandémie et à plusieurs pays qui bien qu’ils annoncent des campagnes massives de vaccination, ils ne prévoient de reprise que pour le 2éme semestre 2021. Cela suppose que plusieurs activités liées à l’international seraient en berne.
Interpellé sur la question lors de la dernière rencontre avec le patronat, Mohamed Benchaâboun tient à expliquer que le taux de croissance oscillant autour de 5% vient tout d’abord après à un consensus de plusieurs organismes aussi bien nationaux qu’internationaux. « Pour faire court, dans les 5% ; il y a un rebond mécanique suite à la faiblesse provoquée par la pandémie et les 3 mois de dure confinement » indique le ministre des finances. Et d’ajouter : « Il y a un double effet mécanique : celui du confinement marqué par l’arrêt brutal des pans économiques et celui de la sècheresse soit la plus grave des dix dernières années sachant qu’il est tablé sur une année normale 70 MQx ».
Le ministre explique que le passage de -5,8% à +4,8% n’équivaut même pas au niveau enregistré en 2019. C’est pour dire qu’il n’y a aucune exagération en matière de croissance. Lorsque que nous regardons les prévisions de croissance 2021 des autres pays, le Maroc est dans la même configuration de reprise. C ‘est une croissance raisonnable en parfaite harmonie avec le contexte..
Mohamed Benchaâboun est convaincu qu’à partir du 2 trimestre 2021, la vaccination atteindra le point culminant et donc il n’y aura aucune crainte d’un retour à la vie normale. Il rappelle que des efforts ont été entrepris pour accompagner et soutenir le tissu économique, d’autres pourraient être programmés en cas de besoin pour agir sur le haut de bilan des entreprises. Mais encore faut-il que les porteurs de projets aillent jusqu’au bout de leur idée, croient à leur investissement… sinon tout cela resterait au stade de l’utopie.
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