Face au contexte actuel marqué par la crise sanitaire, les entreprises n’ont d’autre choix que d’accélérer le processus de la transformation digitale afin de survivre. L’Institut CDG a débattu lors d’un webinaire sous le thème « L’entreprise de demain sera digitale », les enjeux de cette transformation ainsi que les contraintes qui freinent l’aboutissement d’un chantier devenu au fil de l’eau plus que stratégique.
S’il y a bien un point positif que l’on puisse mettre sur le compte de la pandémie, c’est le coup d’accélérateur donné à la digitalisation. En à peine quelques mois, le Maroc a rattrapé des années de retard en matière de transformation digitale. C’est pour dire qu’on avance plus vite dans la pression et l’urgence. Mais comme dit l’adage : » vaut mieux tard que jamais ». Aujourd’hui la digitalisation s’impose d’emblée pour faire face à une crise sanitaire sans précédent qui risque de se prolonger.
Pendant la période de confinement, administrations et secteurs privés, toutes les composantes de la société ont dû s’adapter à un nouveau mode de fonctionnement que l’on retardait pour une raison ou une autre. Télétravail, visioconférence, e-commerce, e-gov …, autant de mesures adoptées par les structures, aussi bien publiques que privées, pour maintenir les moteurs en marche et assurer la continuité du service.
Et pourtant, face à l’évolution technologique, l’adoption de ce mode n’est plus un choix mais une nécessité pour garantir un développement durable de l’entreprise en saisissant les opportunités qu’offre la digitalisation.
C’est autour de cette thématique que l’Institut CDG a organisée ce mardi 16 septembre le premier webinaire de la rentrée sous le thème « L’entreprise de demain sera digitale » animé par une belle brochette d’experts en la matière.
Un webinaire pour voir où en est le Maroc et plus particulièrement les entreprises marocaines dans cette transformation digitale. Il s’agit selon les experts avant tout d’une transformation de procès, de volonté de l’importance d’opérer un changement du mode de fonctionnement. Bref il s’agit d’un nouveau paradigme.
« La transformation digitale n’est qu’une question de transformation d’entreprise dans sa gestion propre mais aussi de transformer les produits et services pour introduire le digital », a précisé Mehdi Kettani, CEO DXC.
En effet, il est crucial de définir des feuilles de route pour réussir cette transformation tout en l’adaptant à chaque secteur, aux besoins des clients ainsi qu’à la conjoncture actuelle.
En effet, si certains secteurs qui avaient anticipé cette transition ont pu faire face à cette crise sanitaire et maintenir le cap, d’autres en revanche ont été contraints de prendre le train en marche.
Et pourtant, le Maroc a bien placé la transformation digitale au cœur des priorités nationales à travers l’adoption de la stratégie nationale « Maroc Digital 2020 ». Malheureusement la mayonnaise n’a pas pris puisque cette stratégie accuse beaucoup de retard. C’est ce qu’a affirmé Salwa Karkari-Belkeziz, présidente de GFI Afrique, en rappelant l’importance d’accompagner les TPE et PMI dans ce processus de transformation ô combien nécessaire pour assurer leur survie en ces temps de crise et d’incertitude.
« Parmi les solutions proposées par l’APEBI, l’accompagnement de cette catégorie du tissu économique dans l’utilisation des solutions cloud au lieu de l’acquisition du matériel ainsi que dans la formation du personnel. Un accompagnement qui est financé en partie par Maroc PME et la CGEM afin de permettre à l’entreprise d’être plus compétitive vu la conjoncture marquée par la crise sanitaire », a-t-elle précisé.
L’Etat appelé à intervenir
En effet, avec 90% du tissu économique qui souffre à cause de la pandémie, l’intervention de l’Etat est plus qu’impérative. Il doit jouer le rôle de locomotive pour tirer tout le tissu vers cette transformation digitale qui n’est plus un choix.
Aussi la digitalisation est un pont vers plus de transparence fiscale, sociale et financière ce qui risque de freiner les chefs d’entreprise. « C’est pourquoi l’Etat doit accompagner davantage les entreprises pour les faire basculer de l’informel au formel afin que qu’elles soient toutes sur le même pied d’égalité », a précisé S. Belkeziz.
Elle cite à titre d’exemple des initiatives louables lancées par le gouvernement notamment les mesures d’encouragement pour les investisseurs souhaitant entrer dans le capital des start-up. En effet, dans le cadre de la loi de finances rectificatives, l’Etat a adopté des réductions d’impôt pour les prises de participation à hauteur de 500.000 DH dans le capital d’une start-up. D’autres mesures sont à prendre.
Aujourd’hui, s’il y a bien un enseignement à tirer de cette crise c’est que tous les secteurs doivent prendre le train de la digitalisation pour survivre.
Il est donc temps de réfléchir à l’entreprise du futur qui doit être en mesure d’offrir des services révolutionnés. «Il faut aller vite. Aujourd’hui ce sont les plus rapides, et non les plus gros, qui sont entrain de prendre le pas sur les plus lents et la taille ne veut rien dire », a souligné Hicham Iraqi Houssaini, directeur général de Microsoft pour l’Afrique francophone. « On a une chance unique : la crise du Covid. Nous devons tous en profiter et continuer à faire quotidiennement ce que nous avons réussi à faire en urgence », a précisé à son tour Mehdi Kettani.
Pour ce dernier, cette crise sanitaire est la preuve que l’on peut parfaitement opérer ce processus de digitalisation. Maintenant pour y parvenir, il faut accélérer la machine de l’adoption du cadre juridique. Ce qui n’est pas chose facile d’après Salwa Belekhziz. « Pour adopter une législation adaptée, il faut un Parlement agile et rapide. Ce qui n’est pas le cas », a-t-elle précisé.