Le ministre de la Santé associe tous les acteurs du secteur mais également les autres départements dans l’étape de réflexion et de planification du Plan santé 2025.
Les 12 groupes de travail devront livrer leurs rendus avec des actions et mesures chiffrées réalistes et réalisables dans quelques semaines.
« Réconcilier le citoyen avec l’hôpital public » est le défi que le nouveau ministre de la Santé vise à relever. C’est le message véhiculé en marge de la journée du lancement des groupes de travail pour la concertation autour du Plan « Santé 2025 » sous le thème «Ensemble engagés pour la santé». Fraîchement nommé, Anass Doukkali s’apprête à mettre en place un plan national pour pallier au déficit en matière d’offre et de qualité de santé. Un exercice loin d’être facile surtout lorsqu’il s’agit de la vie et de la santé des citoyens. Conscient de la responsabilité qui lui incombe, le nouveau ministre ne souhaite surtout pas se tromper de voie. C’est pourquoi, il a choisi une approche participative en impliquant tous les acteurs du secteur à cette étape de réflexion et de planification. Une approche qui s’est reflétée également dans le mode de communication qu’il a adopté lors de sa 1ère sortie médiatique. Décontracté, micro oreillette, fiches de présentation et télécommande de projecteur à la main, Anass Doukkali a donc opté pour une approche de communication terre à terre sans pupitre, sans barrage et sans barrière avec les hommes et les femmes du secteur de la santé. Leur implication à ce débat n’est donc pas fortuite mais relève d’une stratégie bien réfléchie pour élaborer un Plan qui répondra au mieux aux besoins des Marocains. Car face à un système qui connaît plusieurs dysfonctionnements, la concertation est de mise.
12 groupes de travail penchés sur l’élaboration du Plan
Cette nouvelle réforme, qui s’inscrit dans la continuité de ce qui a été engagé, s’articule autour d’une vision, de 6 valeurs, de 3 piliers, de 25 axes et de 125 actions. 12 groupes de travail thématiques constitués de différents profils ont ainsi été formés pour discuter des sujets prioritaires de la santé notamment la santé de la mère et de l’enfant, les établissements de santé primaires, les hôpitaux publics, les problèmes de handicap, la santé mentale, la couverture médicale de base…
Les participants ont la lourde de tâche d’établir le bon diagnostic et de prescrire le bon traitement pour réanimer un secteur longtemps dans un état végétatif. Ils devront livrer leurs rendus avec des actions et mesures chiffrées réalistes et réalisables dans quelques semaines. « Pour un chantier social et essentiel comme celui de la santé, un Plan de santé ne saurait supporter la durée d’un mandat. C’est pourquoi nous avons choisi l’horizon 2025 pour pouvoir assurer un consensus fort autour du Plan, une adhésion importante et une appropriation affirmée de tous les acteurs », tient à préciser le ministre.
8 ans pour améliorer le taux d’utilisation de la consultation curative (0,6 contact/habitant/an contre 2,7 en Tunisie et 6,4 en France), réduire les dépenses directes des ménages en soins (50,7%), pallier à la pénurie des ressources humaines, améliorer la qualité des services et surtout permettre à chaque Marocain, partout au Maroc, d’avoir accès à une offre de soins plus décente. Sans oublier le Ramed qui souffre de sérieux problèmes de gouvernance. Cela dit, les attentes des Marocains sont énormes !
Plusieurs priorités en vue…
Vaille que vaille, il faut rétablir la confiance entre le citoyen et le système de santé dans son intégralité. Pour cela, il faut surtout ne pas faire des promesses que l’on n’est pas à même de réaliser surtout dans le contexte social actuel, comme l’a bien rappelé l’un des participants. La sensibilité du département dont a hérité A. Doukkali requiert aujourd’hui plus qu’un Plan mais une conscience professionnelle, une bonne gouvernance et un système de santé à l’image du processus de développement dans lequel s’inscrit notre pays. L’une des priorités du ministre sera donc comment remédier à la pénurie des ressources humaines. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour 1.000 habitants il y a 1,51 agent de santé distribué inégalement entre les régions et milieux. Or, pour atteindre l’objectif de la couverture sanitaire universelle à l’horizon 2021, il va falloir porter ce chiffre à 4,45 pour 1.000 habitants (selon l’OMS).
Autre priorité, et pas des moindres, la mise à niveau des établissements de soins, des urgences soit de tout le réseau hospitalier. Là encore il y a un grand travail à faire qui requiert des moyens financiers, technique et surtout humains. Pour y parvenir, A. Doukkali y a consacré tout un pilier articulé autour de 8 axes en vue d’organiser, de développer l’offre de soins et d’améliorer l’accès aux services de santé. L’amélioration de la gouvernance du secteur public de la santé est aussi un enjeu de taille. Mais qu’en est-il du secteur privé ? Quelle place occupe-t-il dans la réforme de A. Doukkali ? Faut-il rappeler que ce dernier n’est plus un ministre de la Santé publique mais de tout le système de santé. A ce propos, l’un des intervenants a posé une question fondamentale : faut-il revoir la loi 34-09 qui régit la carte sanitaire pour la rendre imposable au secteur privé ? La réglementation et la régulation du secteur passe forcément par une vision globale du secteur. « Effectivement, nous avons toujours le réflexe de penser santé publique lorsqu’on parle de santé. Un réflexe qui est également présent dans les grandes lignes du Plan. Mais la question aujourd’hui est de construire ensemble un système en incluant toutes les composantes du secteur aussi bien le public que le privé », a précisé le ministre. Passant en revue les défis, A. Doukkali a vraiment du pain sur la planche. La question est : sa potion sera-t-elle magique pour répondre aux attentes vives et pressantes d’une population, qui faut-il reconnaître a perdu confiance dans le système.