Interviewé par Lamiae Boumahrou |
La conjoncture mondiale du marché de l’acier est très favorable pour la production nationale à condition de surmonter quelques obstacles, principalement l’informel. Comment l’acier marocain profite-t-il de cette conjoncture internationale ? Dans quelle mesure l’informel gangrène-t-il le secteur ? Comment la pénurie de l’acier favorise-t-elle la production nationale ainsi que son exportation ? Autant de questions que nous avons posées à Ismail Akalay, Directeur général de la Sonasid et Président de l’association des sidérurgistes du Maroc.
« Dans chaque crise il y a des opportunités à saisir ». C’est une phrase qui s’est largement répandue durant cette crise sanitaire qui a chamboulé les fondements de notre économie. Beaucoup ont subi de plein fouet les conséquences de la crise tandis que d’autres, en revanche, ont tiré profit de cette crise mondiale notamment de la flambée des prix des matières premières ou encore de l’altération des chaînes logistiques.
Parmi les produits qui connaissent des fluctuations importantes depuis quelques mois figure celui de l’acier. L’augmentation brutale de la demande chinoise de l’acier d’environ 50% associée à la baisse de la production ont provoqué la rareté des matières premières et causé des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Autre fait et pas des moindres, la Chine ne va plus exporter de l’acier, ce qui va entraîner une pénurie importante de l’acier sur le marché international. La donne du marché de l’acier est en phase de changer, ce qui implique la nécessité de trouver des alternatives afin de répondre aux besoins nationaux voire même internationaux.
C’est ce que nous a affirmé Ismail Akalay, Directeur général de la Sonasid et président de l’Association des sidérurgistes du Maroc, interpellé lors du SISTEP, en précisant que les producteurs marocains doivent profiter de la conjoncture internationale et s’imposer sur l’échiquier mondial.
Mais encore faut-il faire face à un problème de taille qui freine et gangrène le marché. Il s’agit de l’informel. « Dans le cas du marché de l’acier nous avons un grand problème de l’informel de l’amont au niveau de la ferraille et à l’aval au niveau des points de vente », a-t-il précisé.
L’informel empêche donc le secteur d’avancer au rythme souhaité, à mieux se positionner à l’international mais aussi d’attirer les investisseurs potentiels.
Parmi les autres freins qui entravent le secteur, la TVA imposée aux ferrailleurs depuis l’année dernière. « Nous avons créé une autoroute de la fraude sur la TVA », déplore-t-il.
Une mesure que Ismail Akalay dénonce en précisant que le petit ferrailleur ne pourra jamais payer cette TVA. « Or quand vous avez un compétiteur qui ne paye pas les 20% de la TVA, il arrive sur le marché et peut parfaitement faire de l’anti-dumping. Ce constat décourage les entreprises sérieuses qui veulent développer l’industrie de notre pays », a-t-il martelé.
Face à cette situation, les industriels de la sidérurgie appellent le futur gouvernement à remédier rapidement à l’informel qui pénalise le secteur et son avenir.
Le président de l’Association des sidérurgistes du Maroc nous affirme que les industriels sont prêts à supporter cette TVA au lieu de l’imposer aux ferrailleurs.
D’autant plus, selon Ismail Akalay, régler le problème de la ferraille permettrait au secteur de créer 50.000 emplois et en même temps assainir le marché.