Après le retrait de Hakim Abdelmoumen de la course à la présidence de la CGEM, la question qui se pose d’emblée est : que va décider son binôme Youssef Mouhyi, continuer ou se retirer de la course ?
EcoActu.ma : Après le retrait de Hakim Abdelmoumen, que comptez-vous faire ?
Youssef Mouhyi : Pour moi et pour les entreprises qui me soutiennent, c’est l’occasion de changer d’horizon. Nous allons déposer notre candidature avec un nouveau binôme. Notre combat est juste, il est hors de question que l’on se retire, sans faire valoir les principes et les valeurs pour lesquels nous sommes là et qui constituent le socle de notre action qui consiste à défendre les entreprises régionales de toutes tailles et de tous secteurs : les PME/TPE, les Start Up, les Fédérations sectorielles, les PME industrielles, les sociétés de service. Bref tous les oubliés de la CGEM et tous ceux qui souffrent dans leurs entreprises en silence, de l’éloignement du centre, de ressources humaines non qualifiés, de financements insuffisants, de formation continue défaillante, de délais de paiement catastrophiques,… Il s’agit par ailleurs de toutes les entreprises pour lesquelles la Loi de finances ne rapporte rien et à qui on demande juste de cotiser sans leur donner les moyens de faire valoir leur droit.
Nous comprenons par là que pour ces marginalisés, vous allez continuer à batailler ?
Effectivement, ils méritent tous les sacrifices. Ce que nous voulons, c’est la place qui leur revient de droit à côté des grandes groupes et des grandes entreprises. Ces groupes et ces entreprises, dont nous sommes fiers, que nous considérons comme les locomotives de l’économie et auxquels nous voulons arrimer le reste des forces productives du pays. Nous ne nous engagerons pas dans des débats stériles de forme, c’est le fond qui nous intéresse.
Justement comment procéder pour sortir des sentiers battus ?
Est-ce que l’on peut parler de nouveau modèle de développement pour le pays, si on n’accepte pas de changer de modèle au sein de nos institutions, un modèle défaillant ? Comment peut-on parler de modèle équitable et inclusif si on torpille toute tentative de changement. Autrement dit, on ne peut pas utiliser les mêmes méthodes avec les mêmes personnes et attendre des résultats différents, c’est un non sens. Il faut accepter de changer de mindset, accepter d’autres manières de gouverner plus inclusives où le président porte la voix de tous et leur garantit une place au sein de la maison CGEM. Il faut absolument regagner la confiance perdue de certains de nos membres dans la CGEM, surtout les PME/TPE qui partent aujourd’hui regagner les rangs d’autres organisations.
Le moment est grave, nos régions sont attendues pour contribuer à l’effort d’investissement et de création d’emplois prioritaires pour notre pays. Il faut relancer l’investissement industriel au Maroc surtout dans les régions où l’état est en train de faire beaucoup d’efforts à travers entre autres la réforme des CRI. Nous pouvons mieux jouer le rôle qui nous est imparti dans ce cadre. Nous devons également jouer notre rôle correctement à côté des conseils des régions, qui ont besoin des représentants des employeurs avec eux pour réussir leurs plans de développements régionaux. La CGEM a investi les régions il y a 24 ans, j’étais parmi ceux qui ont contribué à cette genèse à Marrakech. C’était une innovation et une réussite.
Quel est l’enjeu aujourd’hui ?
Aujourd’hui on a besoin de personnes capables d’innover pour façonner un nouveau modèle régional pour la CGEM, un modèle qui devra être plus en phase avec les avancées réalisées par nos partenaires institutionnels et qui permettra l’émergence de véritables écosystèmes productifs régionaux dans le cadre d’une vision globale pilotée au niveau national.