La 6ème édition du rapport annuel Atlantic Currents a été publiée le 12 décembre en présence de quelques-uns des auteurs qui y ont contribué. Et ce en prélude à l’ouverture de la 8ème édition de la conférence internationale de haut niveau Atlantic Dialogues.
Aligné sur le thème de la conférence, « Le Sud en période de tourmente », le rapport Atlantic Currents met en évidence les défis auxquels est confronté l’Atlantique, Nord et Sud, en faisant porter les voix du Sud dans le débat géopolitique mondial.
Les 9 chapitres du rapport traitent des grandes questions, en allant du plus global au plus local. Il aborde « le monde post-Américain », les « chances de survie » de l’actuel système commercial régulé par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), ou encore « l’avenir de l’Union européenne », avant d’aborder les questions sud-atlantiques, telles que « L’expansion des groupes armés au Sahel et les signaux d’alerte pour le littoral ouest-africain » et « la Chine et l’Afrique en temps de tourmente », entre autres.
Des experts et des chercheurs associés du Policy Center venant des Caraïbes, du Costa Rica, du Maroc, du Brésil et de la France ont traité des questions d’ordre économique, diplomatique et culturel. Le cap a été fixé dans la préface signée par Aminata Touré, ancienne Premier Ministre du Sénégal : « L’Afrique que nous voulons est un continent intégré, où ses jeunes et femmes ont un véritable espoir pour leur avenir et rêvent d’atteindre un niveau de prospérité et d’opulence, en laissant derrière eux tout sentiment de peur, d’anxiété, de marginalisation, d’exclusion et de victimisation dans leur vie quotidienne. »
La Chine prend de l’espace
A l’instar des précédentes, cette 8ème édition est une occasion pour un échange fructueux entre les représentants des différents pays pour passer en revue les risques qui planent sur l’économie mondiale.
De prime abord, on parle de la guerre commerciale et la tourmente dans laquelle se retrouve aujourd’hui l’OMC. Le 10 décembre dernier, le comité de l’OMC a été bloqué en l’absence de membres. Les Etats-Unis ont refusé de désigner 2 juges du tribunal d’appel à l’OMC.
Cette guerre commerciale ne pèse pas uniquement sur la Chine mais plus sur les alliés des USA tels que l’UE, le Canada, la Corée… et son issue ne verra pas le jour d’ici 2020. Il faut attendre les élections américaines pour avoir plus de visibilité. Tout cela augure d’un avenir très difficile. Pis encore, on assiste à une migration du pouvoir d’une Amérique ne souhaitant plus faire le gendarme du monde à la Chine qui a clairement exprimé à Davos le souhait de le faire. C’est pour dire que la Chine prend de plus en plus de l’espace. Une situation qui devient de plus en plus inquiétante notamment avec les Routes de la soie.
Ajoutons à cela la montée du populisme même dans les pays matures, l’hégémonie islamique, le changement cliamtique… autant d’incertitudes qui font et refont l’ordre mondial à telle enseigne que l’on se pose la question si nous pouvons continuer à parler d’un ordre économique à l’aune de tous ces soubresauts.
Les rencontres de Atlantic Dialogue sont donc un espace pour s’exprimer sur toutes ces problématiques en évitant la langue de bois. Le leitmotiv est surtout de donner corps à toutes ces réflexions. Parce qu’en l’absence de mesures concrètes, les disparités sociales vont continuer à se creuser, la société à se diviser et la rue sera le seul moyen de riposter et de revendiquer la justice sociale.
A juste titre d’ailleurs, il faut tirer trois enseignements de la montée du populisme : les forces économiques du marché ne sont pas automatiques, la mondialisation est disruptive et la modernisation conduit in fine à des tensions sociales et à des contradictions. A méditer.