Une manne importante, ayant coûté des milliards, qui profite à d’autres pays que celui où elle a fait ses études.
La fuite des cerveaux au Maroc continue à susciter des inquiétudes dans un contexte où le capital humain joue un rôle déterminant dans le développement économique. «Plus de 600 ingénieurs quittent le Maroc annuellement en se dirigeant vers les Etats-Unis, le Canada, l’Europe », annonce Saïd Amzazi, ministre de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique lors de la 15ème session du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la recherche, tenue le lundi 14 janvier. Et d’ajouter : « Cette action s’inscrit dans le cadre d’une politique programmée qui vise les cerveaux et qui coûte des milliards à l’Etat ».
Face au mécontentement des parlementaires face à l’ampleur de la fuite des cerveaux se traduisant par un manque à gagner, le ministre a tenu à rappeler que cette fuite des cerveaux ne se limite pas au Maroc, mais elle se veut un phénomène international à multiples enjeux. Elle rentre dans le cadre du développement et de l’innovation permettant aux « génies » dans les différents continents de mettre en œuvre leurs compétences dans des champs fructueux.
L’idéal serait que ces cerveaux reviennent un jour à leur pays d’origine pour le faire profiter du savoir-faire acquis à l’étranger, mais encore faut-il que le Royaume leur offre des conditions avantageuses ou les mêmes que celles qu’ils ont ailleurs. C’est là où le bât blesse. Comme l’a reconnu Amzazi, le Maroc n’offre pas d’incitations pour rapatrier ses compétences ayant fait carrière dans les contrées lointaines. Il propose à ce sujet la création d’un nouveau poste pour permettre auxdites compétences de conserver leurs rangs administratifs dans les grandes universités et les instituts supérieurs.
Mais quid des médecins, des ingénieurs… ? Inutile de rappeler que ce phénomène s’est propagé comme une trainée de poudre à d’autres catégories enfonçant davantage le couteau dans la plaie. Dans une déclaration, Salwa Belkeziz Karkri, présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information a annoncé que 8.000 hauts cadres marocains, formés dans les secteurs public et privé du Royaume, quittent chaque année le Maroc.
Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur, à telle enseigne qu’il inquiète les responsables marocains qui sont conscients que la fuite de 600 ingénieurs équivaut à la totalité des lauréats dans quatre écoles d’ingénieurs. Le constat est donc sans appel.
Pour y remédier, le Maroc a encore du chemin à parcourir. En cause, les dépenses du Maroc en recherche et développement (R&D) constituent 0,8% du PIB en 2017. Un taux faible comparativement à d’autres pays de l’OCDE.
« Même si le budget alloué à la recherche scientifique et technique reste de l’ordre de 0,8% du PIB, ce sont avant tout les procédures d’engagement de ce financement qui posent problème », rappelle le ministre.
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