Rappel historique synthétique de l’évolution des chiffres de COVID-19. Cette semaine aussi nous évitons toute tentative de prévision chiffrée qui serait encore trop hasardeuse.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons :
- Le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin de semaine au 02/01/2022.
- Les deux graphiques au centre de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des contaminés dont les décédés (noir), les rétablis (vert) et les actifs (orange).
- Les deux graphiques au bas de la même Figure 1 montrent l’évolution segmentée en quantités et pourcentages des cas actifs dont les intubés (noir), ceux sous respiration non invasive (rouge), ceux sans gravité (violet) ainsi que les autres cas graves (vert).
Figure 1 Récapitulatif de la situation et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
A part la létalité qui s’est réduite d’un tiers, les chiffres de la maladie du COVID19 proprement dite montrés dans le Tableau 1 sont à peu près les mêmes pour la période dominée par le variant « alpha » que pour celle du variant « delta » mais il semble que la période annoncée du variant « omicron » soit déjà différente :
Tableau 1 Etat des testés positifs durant les deux périodes dominées par les différents variants
Outre le fait qu’une très large majorité des hospitalisés pour COVID19 soient porteurs de co-morbidités, entre 75 et 90% de ceux des derniers mois n’auraient pas été vaccinés (ou du moins pas complètement). Ainsi donc, à l’heure où les personnes vaccinées représentent 2/3 de la population elles ne représenteraient que 1/5 des hospitalisés. On ne connaît pas les chiffres exacts des vaccinés parmi les cas graves pour renforcer l’argumentaire en faveur de la campagne de vaccination car, si celle-ci permet de mieux combattre la maladie, avec une immunité certes variable d’un individu à l’autre, elle ne l’empêche toutefois pas de transmettre le virus aux personnes les moins immunisées parmi lesquelles les non vaccinées.
Se vacciner, c’est d’abord se protéger soi-même dès aujourd’hui en attendant l’immunité collective de demain mais on protège les autres dès aujourd’hui avec les mesures barrière prises.
Si le variant « omicron » se transmet beaucoup plus facilement que son prédécesseur « delta« , nous devrions voir une croissance du nombre de cas actifs plus rapide que celle qui a débuté à Aïd El Adha 2021, et si le vaccin pouvait garder la même efficacité d’immunisation que contre « delta« , cette nouvelle vague devrait durer moins que la précédente car elle ne privilégierait alors plus que les 12 millions personnes non vaccinées du Maroc. En tous cas, même si nous ne pouvons pas encore prévoir l’intensité de cette nouvelle vague, 83’145 cas actifs ont été atteints le 14 août 2021 avec 1/3 de la population vaccinée (2/3 aujourd’hui) et « l’espace de contamination » restant aujourd’hui pourrait être encore suffisant pour atteindre les 60’000 cas actifs dont approximativement 5% de cas graves (voir Tableau 1) auraient vite faite de saturer les capacités en lits COVID19 du Maroc (3’000 lits). Malgré cela, ralentir de nouveau l’économie et l’enseignement cumulerait des coûts humains et matériels prohibitifs après tout ce temps de « vaches maigres ».
ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION DE L’ÉVOLUTION DES CHIFFRES
Tableau 2 Evolution des chiffres par rapport à la semaine dernière
Après avoir dépassé 250% le 30/07, le taux de progression de l’épidémie sur 7 jours est de nouveau autour des mêmes valeurs. C’est pour cela que nous sommes sur des fronts de montée et qu’il faut prendre les prévisions avec encore plus de précaution que d’habitude.
- Après que la limite basse de l’intervalle de confiance à 98% du taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours (à gauche de la Figure 2) :
- soit restée au dessus de l’unité pendant 45 jours du mercredi 04 mars au vendredi 16 avril,
- après qu’elle soit repassée en dessous de l’unité depuis samedi 17 avril,
- après qu’elle l’ait de nouveau dépassée le 21 mai jusqu’à dépasser 250%,
- il est descendu en dessous de l’unité du 15/08 au 28/10,
- il est ensuite brièvement remonté au-dessus de l’unité, entraîné par la Préfecture de Casablanca où le taux de progression était repassé au-dessus de 1 (à droite de la Figure 2),
- après être redescendu en dessous de l’unité depuis le 29/10, il l’a dépassée depuis le 25/11 et, à la fin de la semaine finissant le 02/01, s’approche du chiffre jamais atteint de 500%.
Continue depuis le 09/11 et précédée par celle de Casablanca, la montée du taux de progression actuelle est plus à craindre que celle de fin Octobre (plus brève et rapide, comme plus sporadique).
Figure 2 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
- Comme le retour du taux de reproduction en dessous de l’unité, le rapprochement du nombre de Provinces où l’épidémie régresse du total de 75 Provinces est un bon signe. Pourtant, la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 2 montre que le nombre de Provinces où l’épidémie régresse subit une descente tendanciellement lente mais suspecte depuis le 15 septembre.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- La Figure 3 (carte à gauche et classement à droite) montre qu’avec 26’891 cas détectés par million d’habitants au 02/01 (soit 2.6891% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts entre celui de Casablanca, avec 7.6959% de sa population (qui a remplacé Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11/2020), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.2353%. La Région de Dakhla-Oued Ed-Dahab (5.8578% de sa population) et Casablanca-Settat (4.9114% de sa population) sont les plus impactées alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (0.7968% de sa population).
Figure 3 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- La Figure 4 montre la répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine (carte à gauche et classement à droite). Les 14 Provinces en noir dans la Figure 4 sont celles n’ayant relevé aucune infection cette semaine (il y en a 10 de moins cette semaine).
Figure 4 Répartition géographique de la variation de l’incidence provinciale durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 5 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en vert de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de nouveaux vaccinés hebdomadaires a atteint son record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait déjà confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires. L’essoufflement de la vitesse de vaccination observée la semaine du 17/10 avait remonté pendant 2 semaines (obligation du pass vaccinal pour accéder aux lieux publics) mais est retombée depuis lors.
Figure 5 Nombre total et hebdomadaire des premières doses de vaccins inoculées (les 2èmes doses sont réservées)
- Durant la semaine finissant le 02/01, 22.934 millions d’habitants ont reçu la deuxième dose vaccinale. Si les 9,804 millions d’habitants testés étaient représentatifs de la population marocaine, elle comporterait alors 3.7 millions de personnes elles aussi partiellement immunisées par contamination. Sans doute que l’immunisation par vaccination et par contamination se superposent pour limiter « l’espace de contamination » à tel point que même la rentrée scolaire n’a pas été visible.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx, Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx