Sur le plan structurel, il faut un travail de fond à même d’immuniser l’économie contre les prochaines crises insiste Jouahri, wali de BAM. Sinon rien ne va changer et les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Tout en rappelant devant la commission des Finances à la première chambre que la crise financière actuelle revêt un caractère exceptionnel, le wali de BAM annonce que tous les scénarios élaborés que ce soient par la Banque Centrale ou d’autres organismes aussi bien nationaux qu’internationaux prévoient une récession économique, une perte considérable des postes d’emplois et une détérioration des équilibres macroéconomiques. Ajoutons à cela que les dernières évolutions relatives à la pandémie aux niveaux national et international renforcent davantage les incertitudes sur l’évolution desdits équilibres.
Abdellatif Jouahri fait le focus sur l’emploi et le taux de chômage, le point le plus sombre dans le tableau et qui se caractérise par une perte de 581.000 postes d’emplois (dernières statistiques du HCP) et l’augmentation du taux de chômage à 12,7%. Le taux est de 46,7% chez les jeunes citadins dont l’âge est compris entre 15 et 24 ans. Des chiffres inquiétants à plus d’un titre.
Dans un contexte empreint d’incertitudes, la banque centrale prévoit un déficit budgétaire (Hors privatisations) de 7,9% en 2021 contre 4,1% en 2019.
Elle projette également une hausse de la dette du Trésor de 65% du PIB en 2019 à 76% en 2020 avant de régresser à 75%.
Les effets de cette crise sanitaire inédite sur le court terme sont exceptionnels mais il faut s’attendre à une reprise lente et sur le long terme pour certains secteurs à cause de l’évolution de la pandémie. Le gouverneur va même jusqu’à prédire outre la lenteur de la reprise, la reprise normale à partir de 2023.
Sur le long terme, la crise comporte dans son sillage des changements structurels dont certains existaient bien avant la crise (révolution digitale, montée du protectionnisme, changement climatique, disparités sociales et spatiales…).
Cela dit pour le cas du Maroc et vu les indicateurs qui se profilent à l’horizon, il est impératif de tirer des enseignements de cette crise sanitaire qui a mis à genoux notre économie. Elle a mis à nu les fragilités structurelles de notre économie pour ne citer que la faiblesse de notre système sanitaire, la marginalisation d’une frange importante de la population, la prépondérance de l’informel, la fragilité du tissu productif…). Des faiblesses et des fragilités que la CMSD prendra en certainement en considération dans ses orientations.
De toute façon, il est aujourd’hui déterminant d’accélérer le rythme des réformes et des programmes… des réformes à même de renforcer la résilience économique et sociale pour que le Maroc puisse faire face à d’éventuelles crises dans l’avenir et pour arrêter de jouer au sapeur-pompier comme c’est le cas aujourd’hui. « Sur le plan structurel, il faut un travail à même d’immuniser l’économie », insiste A. Jouahri. Sinon rien ne va changer et les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.
Il étaye ses propos par des chiffres cinglants telles que les grandes entreprises ne dépassant pas 500 employés ou les TPE qui représentent 86% du tissu économique ou la prépondérance de l’informel.
Et pour conclure : le Wali de BAM émet quelques recommandations telles que l’amélioration de la gouvernance, la lutte contre la corruption, la justice… et la priorisation des dépenses.
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