Les débats autour des questions de la santé au Maroc, un secteur aussi vital intéressent tout le monde. La conférence-débat organisée par la chambre de commerce britannique pour le Maroc, ce mercredi 10 juillet 2019 sous le thème : « Système d’approvisionnement pharmaceutique au Maroc : un levier majeur pour l’accès aux soins » qui a fait salle comble témoigne de l’engouement que suscite ce secteur pour plusieurs raisons.
L’accès aux médicaments figure parmi les maillons du système sanitaire les plus fondamentaux et les plus stratégiques en raison de sa sensibilité. Cette conférence qui a réuni des représentants du ministère de la Santé en la personne de Hicham Nejmi, Secrétaire général et du chef de la division pharmaceutique ainsi que les acteurs de l’industrie pharmaceutique et de la distribution a été l’occasion de mettre à plat le système d’approvisionnement pharmaceutique au Maroc.
Du faible taux de consommation des médicaments au Maroc, jusqu’aux ruptures de stocks, passant par les pénuries, les problèmes d’approvisionnement, d’emmagasinement, de transport… ainsi que tous les freins qui entravent l’atteinte de l’objectif de la généralisation de l’accès aux soins, tels sont les aspects qui ont été abordés lors d’un débat riche et constructif. L’objectif étant de bien déceler les lacunes afin d’élaborer un modèle plus adapté au contexte marocain et aux besoins de plus en plus croissants de la population.
Les défis sont nombreux et les attentes le sont encore plus. C’est pourquoi le ministère s’est, depuis quelques temps, penché sur la question de l’approvisionnement pharmaceutique. Un texte de loi pour la création d’une agence du médicament a été même élaboré et sera soumis prochainement aux différents partenaires pour discussions comme annoncé par Hicham Nejmi.
Le Secrétaire général du ministère a affirmé lors de son intervention que notre système de santé a besoin non pas d’une réforme qui donnerait des réformettes mais plutôt d’une refonte globale.
« Garantir une meilleure couverture sanitaire et assurer un meilleur accès aux soins et aux médicaments, sur tout le territoire et de manière équitable, ne peut se faire que dans le cadre d’une refonte de notre système de santé », a-t-il précisé.
C’est dire que l’enjeu est de taille lorsqu’on analyse les chiffres de la consommation des médicaments au Maroc qui ne dépasse pas 26,2% de la dépense globale de la santé malgré la révision des prix des médicaments qui s’est traduite par la baisse du prix d’un bon nombre de médicaments.
Quant à l’accessibilité des médicaments dans le secteur public, Hicham Nejmi a révélé en avant-première les chiffres d’une enquête qui vient d’être bouclée avec les experts de l’OMS. Il ressort que la disponibilité des médicaments prescrits dans le public est de 85% dans les hôpitaux locaux, 78% dans les Centres Hospitaliers de proximité (CHP), 81% dans les Centres régionaux (CR) et paradoxalement seulement 68% dans les CHU.
Le SG du ministère a toutefois précisé que durant les deux dernières années, il y a eu un problème d’approvisionnement pour certains médicaments à usage fréquent (ALD) au niveau des établissements de santé primaires.
Conscient des défis à relever dans ce secteur, le ministère travaille sur la révision du système actuel afin d’atteindre les objectifs fixés notamment dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.
De son côté Pascale Gerbeau, Pharmacien Responsable et Directeur des Affaires Pharmaceutiques chez GlaxoSmithKline France, a tenu à rappeler que « le système d’approvisionnement pharmaceutique se caractérise au niveau mondial par le fait qu’au bout de la chaîne logistique, ce n’est pas un client que nous avons, c’est un patient. C’est la raison pour laquelle le médicament n’est pas un produit comme les autres et l’on se doit de le fournir en quantité, en qualité et en temps voulu ».
Concernant les facteurs qui permettent d’avoir un système efficient, elle a insisté sur « la nécessité d’avoir un alignement entre les besoins du marché et les capacités des laboratoires à fournir des médicaments ».
Le Conseil de l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs (COPFR), présent en force, s’est penché, par la voie de Rachid Lemrini, membre et ex-président de l’Ordre, sur le volet réglementaire en particulier l’urgence d’amender l’arrêté relatif aux stocks de sécurité imposés aux pharmaciens.
« Le principal maillon de la chaîne de distribution est le pharmacien d’officine car il est la dernière barrière pour assurer un usage rationnel du médicament. L’accès aux médicaments ne peut se faire que dans le cadre du circuit de distribution réglementé qui est le seul à même de garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité des produits consommés » , a-t-il souligné.